Bangladesh : plus de 50 morts dans des heurts entre pro et anti-gouvernement

Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche au Bangladesh dans des heurts lors des manifestations en faveur du départ de la Première ministre Hasina, selon un nouveau bilan obtenu auprès de la police et de médecins.
Des affrontements entre des manifestants réclamant la démission de la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina et des partisans du parti au pouvoir, la Ligue Awami, ont fait au moins cinquante morts dimanche (photo d'archives).
Des affrontements entre des manifestants réclamant la démission de la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina et des partisans du parti au pouvoir, la Ligue Awami, ont fait au moins cinquante morts dimanche (photo d'archives). (Crédits : MOHAMMAD PONIR HOSSAIN)

[Article publié le dimanche 04 août 2024 à 15h40 et mis à jour à 18h20] Des affrontements entre des manifestants réclamant la démission de la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina et des partisans du parti au pouvoir, la Ligue Awami, ont fait au moins 77 morts dimanche, selon un nouveau bilan de la police et des hôpitaux. Face à ces heurts dans plusieurs villes, en particulier à Dacca, la capitale de 20 millions d'habitants, un ancien chef de l'armée a appelé au retrait des troupes de la rue. Parmi eux, « au moins 14 policiers » ont été tués et 300 blessés, a précisé le porte-parole de la police, Kamrul Ahsan.

Des milliers de Bangladais s'étaient rassemblés dimanche matin sur une place de Dacca pour exiger la démission de Sheikh Hasina, après plus d'un mois de contestation initialement dirigée contre des quotas d'emploi dans la fonction publique. Certains ont agité un drapeau bangladais sur un véhicule blindé sous le regard des soldats, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP. Ils répondaient à l'appel d'une coalition étudiante, Students Against Discrimination, qui avait exhorté la veille à la désobéissance civile.

« Il y a eu des affrontements entre des étudiants et des hommes du parti au pouvoir », a déclaré à l'AFP l'inspecteur de police Al Helal, qui avait initialement fait état de deux morts à Dacca.

Selon le nouveau bilan, des décès ont été signalés à Dacca et dans les districts de Bogra, Pabna et Rangpur, dans le nord du pays, ainsi qu'à Magura dans l'ouest, à Comilla dans l'est, et à Barisal et Feni dans le sud. Selon une autre source policière, tout Dacca s'est transformé dimanche « en champ de bataille » et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d'un hôpital.

Un des leaders étudiants, Asif Mahmud, avait prévenu dimanche ses concitoyens qu'ils devaient être « prêts à se battre ». « Préparez vos bâtons de bambou et libérez le Bangladesh », a-t-il écrit sur Facebook. De son côté, le secrétaire général de la Ligue Awami, Obaidul Quader, avait appelé les Bangladais à se rassembler dimanche dans « tous les quartiers de Dacca » et « dans tous les districts » du pays.

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Des anciens officiers militaires apportent leur soutien

Selon un bilan de l'AFP à partir de données policières et hospitalières au 1er août, 206 personnes avaient déjà été tuées depuis le début de la contestation en juillet. Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l'arrivée au pouvoir il y a 15 ans de Sheikh Hasina. Pour rétablir l'ordre, son gouvernement a notamment coupé l'accès à internet, imposé un couvre-feu et déployé l'armée.

D'anciens officiers militaires ont depuis apporté leur soutien au mouvement de contestation. « Nous sommes profondément préoccupés (...) et attristés par tous les meurtres, tortures, disparitions et arrestations massives qui ont tourmenté le Bangladesh au cours des trois dernières semaines », a déclaré dimanche à la presse l'ancien chef de l'armée bangladaise, le général Ikbal Karim Bhuiyan. « Nous demandons au gouvernement en place de retirer immédiatement les forces armées de la rue », a-t-il ajouté, dans une déclaration commune avec d'autres anciens officiers supérieurs, en soulignant que les gens n'avaient « plus peur de sacrifier leur vie ».

« Ceux qui sont responsables d'avoir poussé les habitants de ce pays dans un état de misère aussi extrême devront être traduits en justice », a-t-il encore estimé.

Samedi, l'actuel chef de l'armée, le général Waker-uz-Zaman, avait lui affirmé que l'armée avait « toujours été aux côtés du peuple et le sera(it) toujours », selon un communiqué.

Une crise politique depuis mi-juillet

Dans ce pays musulman de 170 millions d'habitants comptant de nombreux diplômés au chômage, les étudiants exigeaient l'abolition d'un système de discrimination positive, accusé de favoriser l'embauche de proches du pouvoir dans l'administration. Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par la justice, mettant le feu aux poudres, avant un nouveau retournement fin juillet de la Cour suprême.

La crise sociale s'est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts, les manifestants réclamant alors la démission de Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 05/08/2024 à 7:54
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Merci beaucoup pour cette information qui ne fera pas le buzz médiatique étant donné que les propriétaires des médias sont aussi les propriétaires des usines vétustes bangladaises dans lesquelles finissent par mourir les salariés brulés avant 40 ans ...

à écrit le 04/08/2024 à 19:47
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"La crise sociale s'est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts, les manifestants réclamant alors la démission de Sheikh Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009." Encore une victoire éclatant...

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