Australie : la visite du Premier ministre chinois réchauffe les relations entre les deux pays

Les relations entre la Chine et l'Australie sont « sur la bonne voie », selon le Premier ministre chinois. Li Qiang clôt ce lundi à Canberra une visite de plusieurs jours sur le sol australien, placée sous le signe de l'apaisement des différends économiques entre les deux pays.
Malgré la bonne volonté affichée, les dirigeants australiens et chinois ont reconnu la persistance de « différences » entre leurs pays.
Malgré la bonne volonté affichée, les dirigeants australiens et chinois ont reconnu la persistance de « différences » entre leurs pays. (Crédits : Reuters)

Pour le sixième et dernier jour de sa tournée en Australie et Nouvelle-Zélande, le Premier ministre chinois s'est arrêté à Canberra. Plus haut responsable chinois en visite sur le sol australien depuis 2017, Li Qiang a profité de son voyage pour mettre en avant le commerce, l'amitié et l'amour de la Chine pour les produits australiens, dont le vin rouge. Il a été accueilli en grande pompe au Parlement australien ce lundi afin de s'entretenir à huis clos avec son homologue Anthony Albanese. Avant cet entretien, il a offert un rameau d'olivier en accordant aux citoyens australiens une exemption de visa touristique court, une disposition limitée à un nombre limité de pays.

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La « diplomatie du panda »

La relance des relations entre l'Australie et la Chine a surtout été actée par la « diplomatie du panda ». Pékin passe des accords de prêts de ses pandas avec des zoos étrangers pour sceller l'amélioration de ses relations diplomatiques. Une démarche qui est en fait une forme de « puissance douce » ou « soft power » (stratégie d'influence dans les relations internationales). L'accord passé avec le zoo australien d'Adélaïde, dans le sud du pays, va dans ce cadre être renouvelé alors qu'il arrivait à échéance. Concrètement, les deux pandas géants - Wang Wang et Fu Ni - vont rentrer en Chine à la fin de l'année comme prévu, après 15 ans passés en Australie, mais le Premier ministre chinois a assuré que son pays fournira « dès que possible un nouveau couple de pandas tout aussi beaux, charmants et adorables ». Pékin va ainsi soumettre à Canberra une liste de candidats.

« C'est bon pour l'économie, pour l'emploi en Australie-Méridionale, pour le tourisme et c'est un symbole de bonne volonté, et nous vous en remercions », a salué la ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong. Selon l'organisation WWF, qui agit dans le domaine de la protection de l'environnement, il resterait quelque 1.860 pandas géants, principalement dans les forêts de bambou des régions montagneuses de Chine.

Encore des points d'accroche

Reste que, malgré la bonne volonté affichée, les deux parties ont reconnu la persistance de « différences ». Pour rappel, la Chine et l'Australie ont été à couteaux tirés ces dernières années, en particulier depuis une demande australienne d'enquête en 2020 sur l'origine de la pandémie de Covid-19, que Pékin estimait politique, et la décision de Canberra d'exclure l'équipementier Huawei de son réseau 5G. La Chine avait alors relevé ses droits de douane sur nombre de produits australiens, en particulier le vin, le bœuf et l'orge. La plupart de ces surtaxes ont été levées à la faveur d'un réchauffement des relations entre Pékin et Canberra depuis l'arrivée des travaillistes au pouvoir en 2022.

« Nous ne serons pas toujours d'accord, et les points sur lesquels nous sommes en désaccord ne disparaîtront pas simplement si nous les passons sous silence », a averti Anthony Albanese ce lundi.

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Le Premier ministre australien a d'ailleurs abordé de vive voix avec son homologue les sujets de divergences entre son pays et la Chine. L'une des questions les plus urgentes et importantes, aux yeux de l'Australie, est le sort de l'écrivain dissident Yang Hengjun, emprisonné en Chine. Ce dernier, qui possède la nationalité australienne, a été condamné à mort avec sursis en février, après qu'un tribunal de Pékin l'a reconnu coupable d'espionnage. Des accusations que beaucoup considèrent comme motivées par des considérations politiques. À la veille de l'arrivée de Li Qiang à Canberra, les proches de l'écrivain ont publié une lettre dans laquelle ils exhortaient Anthony Albanese à faire pression pour qu'il soit immédiatement libéré. « En Australie, nous sommes opposés à la peine capitale et j'ai réitéré notre position », a déclaré le Premier ministre australien à l'issue de sa rencontre avec son homologue chinois. Sans plus de détails néanmoins.

Autres sujets évoqués par Anthony Albanese : « Nos intérêts dans le Pacifique, ainsi que d'autres questions, notamment les droits de l'Homme. J'ai également soulevé la question de l'interdiction de toute ingérence étrangère », a-t-il ajouté. Ces derniers mois, Canberra a fustigé l'armée chinoise pour son comportement « inacceptable » et « dangereux » dans le ciel et les eaux internationales, et a appelé à la retenue en mer de Chine méridionale.

Pays « amis » sur le plan commercial

Si la sécurité régionale demeurera probablement un point de friction entre Canberra et Pékin, les relations sont bien meilleures sur le plan commercial. « Le respect mutuel, la recherche d'un terrain d'entente tout en mettant de côté les différences et une coopération mutuellement bénéfique » sont les clés de la relation, a d'ailleurs déclaré Li Qiang au début de sa visite en Australie. Il faut dire que La Chine est, de loin, le premier partenaire commercial de l'Australie, comptant pour 30% de ses exportations. Les échanges bilatéraux ont atteint 327 milliards de dollars australiens (près de 202 milliards d'euros) en 2023.

Cette visite devrait donc envoyer un nouveau message, selon lequel « l'Australie est de nouveau considérée comme un pays ami plutôt que comme le pays hostile et inamical que nous étions pendant ces années de tension maximale », a indiqué à l'AFP Melissa Conley Tyler, membre honoraire de l'Institut d'Asie de l'Université de Melbourne.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 18/06/2024 à 11:15
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à écrit le 18/06/2024 à 11:14
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à écrit le 17/06/2024 à 19:36
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Bonjour, très bien, le commerce a toujours rapprocher les hommes et les états .. Mais bon , ons rassure toujours le cochon avant de l'estourbir ( assommé) d'un coups de masse... Dire que les communistes sont des interlocuteurs des plus compliqué, n...

à écrit le 17/06/2024 à 12:04
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