Argentine : le PIB se contracte au premier trimestre, la récession s'installe

Le produit intérieur brut (PIB) de l'Argentine a enregistré une forte contraction de 5,1% en glissement annuel au cours du premier trimestre. En parallèle, le chômage frappe désormais 7,7% de la population et l'inflation, bien qu'en baisse, s'affiche à +276,4% sur un an. Une situation qui plombe le quotidien des Argentins et qui ne devrait commencer à s'améliorer qu'à partir de la fin de l'année.
Dès son arrivée au pouvoir en décembre dernier, l’actuel président, Javier Milei, a appliqué d'emblée un drastique programme d'austérité budgétaire pour redémarrer l’économie de son pays et maîtriser l’inflation.
Dès son arrivée au pouvoir en décembre dernier, l’actuel président, Javier Milei, a appliqué d'emblée un drastique programme d'austérité budgétaire pour redémarrer l’économie de son pays et maîtriser l’inflation. (Crédits : Reuters)

L'économie argentine traverse toujours une période de crise. Son produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 5,1% en glissement annuel au cours du premier trimestre, selon les chiffres de l'institut de statistiques Indec, publiés ce mardi. Par rapport au quatrième trimestre 2023, la chute est de -2,6%.

Le secteur de la construction, le plus touché, dévisse de 19,7% en comparaison annuelle, suivi par l'industrie manufacturière (-13,7%) et les activités d'intermédiation financière (-13%). Seules les exportations ont progressé de 26,1% en glissement annuel et de 11,1% par rapport au trimestre précédent.

L'Indec a également publié le chiffre du chômage. À 7,7% de la population active au premier trimestre, il a augmenté de 0,8 point de pourcentage par rapport à la même période l'année dernière. Un chiffre qui ne reflèterait toutefois pas la réalité, puisque les experts estiment que 40% des Argentins en âge de travailler évoluent dans le secteur informel.

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Rien d'étonnant toutefois. Dès son arrivée au pouvoir en décembre dernier, l'actuel président, Javier Milei, a appliqué d'emblée un drastique programme d'austérité budgétaire. Parmi les mesures adoptées : une dévaluation de plus de 50% du peso, une libération des prix ou encore une réduction drastique des dépenses publiques.

« Nous savons qu'à court terme la situation va se dégrader, mais ensuite nous verrons les fruits de nos efforts », a-t-il affirmé lors de son discours d'investiture.

Un choix pleinement assumé par celui qui se qualifie d'« anarcho-capitaliste ». Selon lui, son gouvernement a réalisé « le plus grand ajustement fiscal non seulement de l'histoire de l'Argentine, mais aussi de l'histoire de l'humanité », a-t-il encore revendiqué lundi, en République tchèque, dernière étape d'une tournée européenne.

Un quotidien difficile pour les Argentins

L'objectif de Javier Milei est de redémarrer l'économie de son pays, mais aussi de maîtriser l'inflation. Celle-ci reste toutefois encore à des niveaux record (+276,4% sur un an), même si elle a décéléré en mai (à +4,2% sur un mois, soit son plus bas niveau en deux ans et demi).

Le quotidien des Argentins est directement impacté par la conjoncture économique du pays. « La situation est compliquée, la vie en Argentine est super chère », témoigne Daniel, comptable au chômage de 56 ans. Dans ce contexte, l'activité des prêteurs sur gage est florissante. Les habitants se séparent notamment des bijoux de famille pour boucler les fins de mois. « Quand les dettes vous étranglent, l'affect est mis de côté », souffle Mariana, qui ne veut pas mentionner le montant reçu en échange de sa montre, cadeau de son grand-père à son père pour sa fin d'études. Cet argent servira à payer des « dépenses courantes et plusieurs arriérés de la mutuelle santé », explique-t-elle.

Malgré une pauvreté qui touche officiellement 42% de la population, il n'est pas rare en Argentine que les foyers modestes détiennent des bijoux en or. « Dans les années 70, davantage de gens avaient accès à l'or, n'importe qui pouvait porter une bague, les hommes des boutons de manchette ou des pinces à cravate en or, on offrait aux filles une montre en or pour leurs 15 ans », rappelle Natalia, experte dans la même bijouterie, qui ne donne pas son nom « pour raisons de sécurité ».

Depuis longtemps, on ne porte plus ces bijoux dans la rue, pour raisons de sécurité. Par contre, ils se vendent. « L'or s'est toujours vendu, médite Natalia. Ce qui a changé, c'est le "pourquoi". Avant c'était pour financer un projet, une rénovation, une voiture, une fête... Aujourd'hui, c'est parce que "je n'arrive pas à boucler les mois", "les factures ont augmenté" ou "je me retrouve sans travail" ».

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Du mieux, mais seulement en 2025

Une situation qui devrait perdurer tout au long de l'année, selon les prévisions des organismes internationaux. Le FMI présage une inflation de 233% dans le pays sur l'ensemble de l'année 2024, quand l'OCDE table sur 250,6%. Soit un niveau encore plus élevé que celle de 2023 (+211,4%), pourtant déjà un plus haut depuis plusieurs décennies.

Dans ce contexte, l'économie argentine devrait se contracter de 3,5% en 2024, selon les données du Fonds monétaire international, après déjà une récession de 1,6% enregistrée en 2023. Le pays serait ainsi le seul du G20 en récession en 2024. De son côté, l'OCDE prévoit une récession de 2,3% cette année.

Le rebond est attendu en 2025 avec une croissance de 2,6% selon l'OCDE et même de 5% d'après le FMI. Ce dernier se veut optimiste quant à l'avenir du pays. Il a récemment salué les « progrès plus rapides qu'anticipé dans la restauration de la stabilité macroéconomique » par les autorités argentines, et estimé que la 3e économie d'Amérique latine devrait même « recommencer à croître au second semestre ». Ce qui amènerait une bouffée d'oxygène plus que bienvenue aux Argentins.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 26/06/2024 à 13:34
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Demain la France

à écrit le 25/06/2024 à 11:00
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Si on gouverne avec la finance internationale c'est forcément contre son peuple et donc son pays. Va falloir la vendre ta tronçonneuse mec ! ^^

le 25/06/2024 à 12:56
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C'est vrai, on peut réparer les dommages de 40 ans de socialismes en 24h.

le 26/06/2024 à 8:37
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Hein !? On peut ou on peut pas ?

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