Pauvreté : les associations tirent de nouveau la sonnette d’alarme

Par latribune.fr  |   |  609  mots
La pauvreté touche quelque 9,2 millions de personnes aujourd'hui en France selon l'Insee, soit 15% de la population. (Crédits : Reuters/Regis Duvignau.)
Plus d'un mois après l'appel lancé par les Restos du Cœur, les associations de lutte contre la pauvreté alertent de nouveau sur leur situation et celle des populations précaires. Leur fédération estime ne pas avoir été entendue par le gouvernement et appelle toujours à « deux mesures d'urgence ».

Dans un contexte de forte inflation, les associations alertent depuis plusieurs mois sur la forte hausse des demandes d'aide et sur l'augmentation de leurs dépenses de fonctionnement, qui plongent - pour certaines - leurs comptes dans le rouge. Exemple à l'appui avec le cri d'alarme des Restos du Cœur début septembre. L'association, qui assure 35% de l'aide alimentaire en France, avait prévenu qu'elle allait être contrainte de restreindre le nombre de ses bénéficiaires cet hiver.

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Un exemple parmi de nombreux autres. « Ça craque de partout », estime auprès de l'AFP Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe quelque 800 associations de lutte contre la précarité.

« L'appel des Restos du Cœur l'a mis en évidence : on a des situations de précarité qui s'étendent et qui s'aggravent et on a des associations qui sont dans l'épuisement et le manque de moyens », ajoute-t-il.

Il qualifie de « très préoccupantes » la « situation des personnes et la capacité des associations à faire face ». La FAS est à l'origine d'un appel à la mobilisation ce jeudi. Une centaine de rencontres sont prévues dans toute la France « pour faire entendre la voix des personnes précaires, des travailleurs sociaux et des associations », ajoute son président.

Un plan qui ne convainc pas

Dans ce contexte tendu, l'exécutif a dévoilé le 18 septembre sa nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté. Ce plan doit permettre, selon la Première ministre Élisabeth Borne, de « répondre à l'urgence de la situation sociale » actuelle et « corriger les inégalités structurelles ». Ce « Pacte des solidarités » se décline en quatre grands axes : prévention de la pauvreté dès l'enfance, retour à l'emploi, lutte contre l'exclusion et mesures pour que la transition écologique ne pèse pas trop sur les plus démunis.

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Des mesures qui vont « dans le bon sens » mais jugées « largement insuffisantes » par les associations de lutte contre la précarité lors de la présentation de ce plan. Le discours n'a pas changé aujourd'hui. « Très clairement, la réponse n'est pas à la hauteur », souligne Pascal Brice. La Fédération appelle toujours à « deux mesures d'urgence » : une revalorisation des minimas sociaux et « une indexation des financements des associations sur la hausse des prix ».

1 Français sur 5 vit à découvert

La pauvreté touche quelque 9,2 millions de personnes aujourd'hui en France selon l'Insee, qui définit le seuil de pauvreté monétaire comme un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian de la population française. Cela représente 15% de la population. Le dernier baromètre annuel du Secours populaire publié en septembre montre par ailleurs que 35% des sondés déclarent ne plus faire trois repas par jour. Et ils sont un tiers à se priver pour que leurs enfants mangent à leur faim. Enfin, près d'un Français sur cinq vit à découvert.

Cette situation n'est pas nouvelle et a été accentuée par la crise liée au Covid-19. « La crise a été un révélateur et un amplificateur de la pauvreté », expliquait en mai 2021 Fiona Lazaar, alors présidente du conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, dans une interview à La Tribune. Selon elle, la crise « a précipité dans la pauvreté des gens qui n'étaient pas dans la pauvreté, mais qui vivaient sur le fil » et a « entravé les sorties de la pauvreté ».

(Avec AFP)