![Un barrage de militants indépendantistes en Nouvelle-Calédonie.](https://static.latribune.fr/full_width/2379064/nouvelle-caledonie-le-caillou-pourra-t-il-voter-pour-les-europeennes.jpg)
Comment mettre fin à la crise en Nouvelle-Calédonie qui ébranle durement l'île depuis presque trois semaines ? Pour le principal parti indépendantiste, le Front de libération national kanak socialiste (FLNKS), la solution est simple : Emmanuel Macron doit renoncer explicitement à convoquer le Congrès pour faire adopter la réforme électorale.
Le parti indépendantiste vient de renouveler sa demande dans un récent courrier au chef de l'Etat. Il y exhorte le président de la République à être « explicite dans ses propos en affirmant clairement qu'il ne convoquera pas le Congrès de Versailles et abandonne par conséquent (la) réforme constitutionnelle ».
« Une telle annonce permettra (...) d'apaiser les tensions actuelles pour une reprise des discussions sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie », estime le bureau politique du FLNKS, qui regroupe la grande majorité des mouvements indépendantistes de l'archipel français du Pacifique Sud.
7 morts et des centaines de blessés
Depuis le début de la crise, des violentes émeutes ont éclaté sur l'île. Et le bilan est lourd : sept morts, des centaines de blessés et des dégâts considérables. En cause, le vote par le Sénat puis l'Assemblée nationale du projet de loi constitutionnelle réformant le corps électoral calédonien pour les élections provinciales. Une réforme qui suscite l'hostilité du camp indépendantiste, celui-ci estimant que le texte va marginaliser la population autochtone kanak.
Pour tenter de ramener le calme sur l'île, Emmanuel Macron a effectué une visite éclair dans l'archipel le 23 mai, indiquant sur place indiqué qu'il n'y aurait « pas de passage en force » pour faire adopter le texte, mais pas non plus de « retour en arrière ».
« Ces propos restent malheureusement incompris sur le terrain, puisqu'ils ne garantissent en aucune manière l'abandon de la réforme constitutionnelle litigieuse », souligne le FLNKS dans sa lettre. « Cette incompréhension pose une véritable difficulté et empêche nos militants d'être réceptifs à l'appel au calme et à l'apaisement », expliquent les indépendantistes.
Des barrages qui persistent sur l'île
D'après les autorités, la ville de Nouméa est repassée « en totalité » sous le contrôle des forces de l'ordre, mais, malgré les opérations de déblayage, des barrages persistent et les militants indépendantistes restent déterminés à continuer leur mobilisation.
Alors qu'il devait rouvrir ce lundi matin, l'aéroport international de Nouméa restera fermé « jusqu'à nouvel ordre », a indiqué le Haut-commissaire. Par ailleurs, le couvre-feu nocturne, mis en place sur l'ensemble du territoire, sera maintenu jusqu'au 10 juin.
L'économie au bord de l'asphyxie
Pillages, incendies... Les entreprises calédoniennes n'ont pas été épargnées depuis le début de la crise le 13 mai. Au point que les dégâts sur place seraient évalués à 1 milliard d'euros, selon la Chambre de commerce et d'industrie. D'après son président, 80% à 90% du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa ont été détruits.
« Il faudra réparer après la crise, ce qui signifie des coûts et des interrogations sur le fonctionnement des assurances », argue de son côté Hervé Mariton, président de la Fédération des entreprises des Outre-mer FEDOM et ancien ministre de l'Outre-mer en 2007. Des assureurs que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a convoqué en urgence il y a quelques jours.
Le secteur central du nickel encore plus fragilisé
Cette crise, la plus grave depuis 1980 pour l'île, vient accentuer un climat déjà tendu pour les affaires. Principalement à la base des tensions économiques : le secteur du nickel qui représente près de 20% du PIB. La Nouvelle-Calédonie est le troisième producteur mondial de ce minerai stratégique utilisé pour la fabrication de batteries des voitures électriques.
Mais l'industrie traverse une grave crise alors qu'elle emploie directement et indirectement près de 25% des salariés du « Caillou », soit le premier employeur privé de la Nouvelle-Calédonie. En cause, la baisse du prix du nickel de 45% en 2023, provoquant une chute de la production, ainsi que de l'augmentation des prix de l'électricité et une concurrence de plus en plus accrue d'autres pays tel que l'Indonésie.
Même si la crise n'est pas terminée sur l'île, l'Etat a annoncé vouloir organiser les élections européennes le 9 juin prochain. « Malgré le contexte particulier que connaît la Nouvelle-Calédonie, l'Etat s'engage pleinement pour que ces élections européennes se tiennent le dimanche 9 juin prochain sur l'ensemble du territoire », ont déclaré les services du représentant de l'Etat dans un communiqué. « Le matériel de vote est arrivé et les préparatifs sont en cours pour son acheminement vers les communes. Les bureaux de vote sont en cours de recensement », ont-ils poursuivi. « En cas de modification s'agissant de leur localisation, une communication dédiée des communes et des services de l'État sera effectuée avant la tenue du scrutin », a assuré le haut-commissariat. De son côté, le Premier ministre Gabriel Attal a confirmé sur France 3 que les Néo-Calédoniens allaient pouvoir voter. « Tous les services de l'État sur place sont au travail » pour que les Néo-Calédoniens « puissent voter », a-t-il assuré, même si « la situation n'est pas redevenue normale ».L'Etat maintient l'organisation des élections européennes
(Avec AFP)