Nouvelle-Calédonie : la fermeture de l'aéroport de Nouméa prolongée jusqu'à lundi matin

L'aéroport international de Nouméa-La Tontouta, fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai et qui devait le rester jusqu'à dimanche, le sera jusqu'à lundi matin, a indiqué vendredi la compagnie aérienne locale Aircalin, en citant le représentant de l'Etat.
L'aéroport de Nouméa sera resté fermé pendant presque trois semaines. (photo d'illustration)
L'aéroport de Nouméa sera resté fermé pendant presque trois semaines. (photo d'illustration) (Crédits : lasta29 - Wikipédia (CC BY 2.0))

L'aéroport de Nouméa restera fermé jusqu'à lundi matin, indique ce vendredi la compagnie aérienne locale Aircalin, en citant le représentant de l'Etat. Fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai, l'aéroport devait le rester jusqu'à dimanche.

Mais « la Nouvelle-Calédonie étant toujours en situation de crise, le Haut-Commissariat annonce une prolongation de la fermeture de l'aéroport de Nouméa-La Tontouta jusqu'au 3 juin à 09h00 (heure locale de Nouvelle-Calédonie) », c'est-à-dire minuit dans la nuit de dimanche à lundi en heure de Paris, selon un communiqué d'Aircalin.

Si l'activité commerciale reprend lundi comme prévu, l'aéroport sera resté fermé pendant presque trois semaines. Sa fermeture avait été décidée au début des violentes émeutes sur l'archipel français du Pacifique sud, et plusieurs fois prolongée depuis.

1.600 touristes français et étrangers évacués

L'objectif est désormais de « vraiment rouvrir » l'aéroport lundi matin, alors que précédemment l'échéance n'était pas aussi ferme, il s'agissait de réouverture « pas avant » tel ou tel jour, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

Les forces de l'ordre sont chargées depuis des jours de déblayer l'axe stratégique reliant Nouméa à l'aéroport, en retirant débris et carcasses de véhicules calcinés laissées par les violences sur une chaussée très dégradée par endroits.

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Plus de 1.600 touristes français et étrangers ont été évacués par les autorités depuis l'aérodrome de Magenta via des vols militaires affrétés par la France, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande.

Pont aérien inédit

L'armée de l'Air a transporté environ 1.800 passagers, en majorité des forces de sécurité intérieure et des militaires, ainsi que 200 tonnes de fret entre la métropole et la Nouvelle-Calédonie depuis le 15 mai, a annoncé jeudi un haut-gradé.

« C'est une manœuvre logistique et aérienne exceptionnelle », a déclaré le général Guillaume Thomas, commandant la brigade aérienne des opérations, en raison du « préavis » très court, de « la nécessité de se projeter très loin, très vite, dans des conditions inhabituelles ». Il n'a pas précisé le nombre de civils évacués.

« Il a fallu se projeter à 19.000 km du territoire métropolitain, c'est la première fois qu'on fait un pont aérien sur une allonge aussi importante », a expliqué Guillaume Thomas au cours d'un point presse.

Depuis le début des émeutes, l'armée de l'Air a réalisé 24 rotations en 12 jours pour transporter des renforts mais aussi des médicaments, des véhicules et des vivres pour la population.

Reprise du dernier quartier de Nouméa bloqué

Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé ce vendredi la reprise du dernier quartier de la ville de Nouméa bloqué. Une opération de police a été menée vendredi « avec succès » dans le dernier quartier de la ville de Nouméa qui n'était pas encore passé sous contrôle des forces de l'ordre, deux semaines et demie après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie.

« Une grande opération de police vient d'avoir lieu, avec succès, dans le quartier de Rivière-Salée, le dernier de Nouméa qui n'était pas sous contrôle », a écrit le ministre de l'Intérieur dans un message sur X.

Cette opération a mobilisé 400 membres des forces de l'ordre, a précisé à la presse le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Des membres des unités d'élite de la police (RAID) et de la gendarmerie (GIGN) y ont participé, selon Gérald Darmanin, qui a salué « l'interpellation de 12 individus et la suppression de 26 barrages ».

Le quartier de Rivière-Salée, dans le nord de la commune de Nouméa, était bloqué par « de nombreux barrages, tenus par des individus dangereux, et plusieurs snipers avaient été repérés », a indiqué à l'AFP une source policière, évoquant une « sécurisation complexe ».

Des quartiers encore bloqués dans l'agglomération de la capitale

D'autres quartiers demeurent cependant bloqués dans l'agglomération de Nouméa, sur les communes du Mont-Dore, Païta et Dumbéa, a souligné devant la presse la présidente de la province Sud, Sonia Backès, principale représentante du camp loyaliste.

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« L'Etat a les moyens d'agir, on l'a vu sur Rivière-Salée, ça urge de le faire partout où il le faut. (...) Il faut que l'Etat se déploie partout pour libérer les quartiers », a-t-elle martelé.

Selon une journaliste de l'AFP sur place, un autre barrage était en cours de démantèlement par les gendarmes vendredi à La Tamoa, non loin de l'aéroport international de La Tontouta qui reste fermé aux vols commerciaux jusqu'à lundi matin.

La plus grave crise politique depuis les années 1980

La crise a fait sept morts, dont deux gendarmes, l'état d'urgence a été en vigueur pendant une douzaine de jours et le couvre-feu l'est toujours. La tension a cependant nettement baissé ces derniers jours, même si des barrages plus ou moins filtrants persistent ici ou là, et que des incendies sont déclenchés sporadiquement.

La Nouvelle-Calédonie, qui compte 270.000 habitants, est engagée depuis 1998 dans un processus d'émancipation de la tutelle française. Le vote à Paris d'une réforme constitutionnelle élargissant le corps électoral, accusée par les indépendantistes de marginaliser la population autochtone kanak, a déclenché la plus grave crise politique depuis les années 1980, accompagnée de violences, pillages, dégradations et barrages routiers.

Pour renouer le dialogue entre indépendantistes et loyalistes et trouver une issue politique à la crise, le président Emmanuel Macron a donné jusqu'à la fin juin aux élus et responsables politiques de l'archipel, aidés par une « mission de médiation » de trois hauts fonctionnaires, pour trouver « un accord global » qui « puisse être soumis au vote des Calédoniens ».

(Avec AFP)

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