Minimas sociaux : 200.000 personnes pourraient basculer dans la pauvreté sans revalorisation anticipée

Par latribune.fr  |   |  662  mots
Il faudra normalement attendre le 1er avril 2024 pour la prochaine revalorisation des minimas sociaux, comme l’a annoncé fin septembre le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, indiquant une hausse « de l'ordre de 4,6% ». (Crédits : Reuters)
Plus de 200.000 personnes pourraient basculer dans la pauvreté faute de revalorisation anticipée des minima sociaux, met en garde le collectif associatif Alerte, s'appuyant sur une simulation publiée sur le site de la Fondation Jean Jaurès. Pire encore : 160.000 pourraient tomber sous le seuil de grande pauvreté.

La hausse des minima sociaux est insuffisantes clame les associations de lutte contre la précarité. Ces derniers n'ont, en effet, été revalorisés que de 1,6% en avril 2023 alors que l'inflation devrait s'établir, selon l'Insee, à 5% sur l'année.

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Pour illustrer concrètement ce que représente cette revalorisation des minima sociaux à 1,6%, le collectif Alerte, qui réunit 34 associations de lutte contre la pauvreté et l'économiste Pierre Madec de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ont fait une simulation qu'ils ont publié sur le site internet de la Fondation Jean Jaurès, think tank classé à gauche. Ils ont pour cela utilisé le modèle de microsimulation Ines, développé par l'Insee, la Drees (service statistique des ministères sociaux) et la CAF (Caisse d'allocations familiales).

Dans cette simulation, les salaires « augmenteraient comme l'inflation à 5%, les allocations logement de 3,5 % et les retraites de 0,8 %. Les seuils de pauvreté augmenteraient de 3,5 % », peut-on lire. Résultat, la perte de pouvoir d'achat des allocataires de minima sociaux « pourrait entraîner 200.000 personnes sous le seuil de pauvreté officiel », définit par l'Insee comme un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian de la population française, soit moins de 1.102 euros par mois pour une personne seule en 2019.

Par ailleurs, cela aurait aussi pour conséquence « 160.000 (personnes) sous le seuil de grande pauvreté » (à 50 % du niveau de vie médian, moins de 919 euros par mois pour une personne seule, en 2019), écrivent le collectif et l'économiste.

Prochaine revalorisation : avril 2024

La prochaine revalorisation des minimas sociaux n'est en tout cas pas pour tout de suite. Il faudra en effet attendre le 1er avril 2024, comme l'a annoncé fin septembre le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, indiquant une hausse « de l'ordre de 4,6% ».

Une augmentation jugée, là aussi, très insuffisante et tardive par les associations d'aide aux plus précaires. « Les ménages subissent depuis deux ans une forte augmentation des prix qui ne s'est pas traduite par une augmentation équivalente des minima sociaux », souligne le collectif Alerte, qui réunit 34 associations de lutte contre la pauvreté, sur le site internet de la Fondation Jean Jaurès, think tank classé à gauche.

« Au final, une revalorisation en avril 2024 risque d'être trop tardive face à l'accroissement de la précarité qui se perçoit très concrètement dans le recours accru à l'aide alimentaire », ajoute le collectif.

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Après un repli en 2021, le nombre d'allocataires des minima sociaux (RSA, minimum vieillesse, allocation adulte handicapé...) a augmenté de 0,4% pour atteindre 4,34 millions de personnes fin 2022, selon un rapport de la Drees publié fin septembre.

Les associations lancent (de nouveau) un cri d'alarme

Le sujet de la revalorisation des minimas sociaux est l'une des revendications des associations. À la suite de la présentation du plan de lutte contre la pauvreté du gouvernement - le « Pacte des Solidarités » - en septembre dernier, les structures caritatives s'étaient affichées déçues, jugeant des mesures allant « dans le bon sens » mais « largement insuffisantes ».

Ce jeudi d'ailleurs, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe quelque 800 associations de lutte contre la précarité, a lancé un appel à la mobilisation. Une centaine de rencontres étaient prévues dans toute la France « pour faire entendre la voix des personnes précaires, des travailleurs sociaux et des associations ». Un mois après le cri d'alarme des Restos du Cœur, la situation est toujours la même d'après le président de la FAS. « On a des situations de précarité qui s'étendent et qui s'aggravent et on a des associations qui sont dans l'épuisement et le manque de moyens », a indiqué Pascal Brice à l'AFP.

Autre revendication de la fédération : « une indexation des financements des associations sur la hausse des prix ».

(Avec AFP)