Bandeau Législatives (région)

La majorité face au casse-tête des triangulaires aux législatives

La gauche compte mettre la pression sur Renaissance et ses alliés afin qu’ils optent pour le « désistement républicain » face au RN.
François Bayrou, Élisabeth Borne et Édouard Philippe en meeting début mai lors de la campagne des élections européennes, à Paris.
François Bayrou, Élisabeth Borne et Édouard Philippe en meeting début mai lors de la campagne des élections européennes, à Paris. (Crédits : © LTD / JACQUES WITT/SIPA)

Cent cinquante ? Deux cents ? Bien plus ? Le nombre de triangulaires pourrait exploser ce soir à l'issue du premier tour des élections législatives. La forte participation, la tripartition du paysage politique, le faible nombre de candidats (4 000 contre 6 300 en 2022) vont favoriser le phénomène. Le record de 1997 (79) sera très largement battu.

Lire aussiBourse : les marchés sur le qui-vive avant le 1er tour des législatives

Dès ce soir, ces triangulaires à foison seront au cœur des discussions. Dans la grande majorité des cas, le candidat du Rassemblement national y occupera la première place. Celui qui se trouvera alors en troisième position devra-t-il se désister pour lui barrer la route au nom du front républicain ? La question est particulièrement redoutée au sein du camp macroniste : les candidats Ensemble pour la République pourraient en effet être les plus nombreux à occuper cette « place du mort ».

Plusieurs difficultés

Pour anticiper les choses, Emmanuel Macron a organisé mardi en audioconférence une réunion avec les poids lourds de son camp. S'il a laissé chacun dérouler sa vision, sans trancher, un consensus s'est dessiné sur la ligne à adopter : il faudra faire le tri entre les candidats du Nouveau Front populaire et ne se désister qu'en faveur des candidats PS ou Écologistes (sauf exception). Autrement dit, pas question de se retirer si c'est un candidat Insoumis qui est en lice. Si cette règle est retenue, la majorité sera néanmoins confrontée à plusieurs difficultés. D'abord c'est le candidat lui-même qui prendra la décision finale de se maintenir ou non (il aura jusqu'à mardi 18 heures pour le faire). Or, sur le terrain, beaucoup pensent qu'en cas de duel entre le RN et le Nouveau Front populaire, c'est le parti lepéniste qui l'emportera, le bloc de gauche suscitant désormais un rejet plus grand.

C'est le candidat qui, au final, prendra la décision de se maintenir ou non

Ensuite, cette consigne fera-t-elle vraiment l'unanimité, notamment au sein de l'aile gauche de la majorité ? « J'assume ma conviction, même si elle fait débat chez mes propres militants : il faut toujours voter pour le candidat qui affronte le RN, quitte à se désister s'il y a un risque de victoire de l'extrême droite », a assuré Clément Beaune dans La Tribune Dimanche. En lice dans le Pas-de-Calais, la ministre Agnès Pannier-Runacher a quant à elle cosigné une tribune dans Le Monde avec des figures classées à gauche appelant les forces démocratiques à s'entendre « pour empêcher que le RN n'obtienne une majorité ». « Que feront au final Gabriel Attal et Stéphane Séjourné [le secrétaire général de Renaissance], qui se sont construits à gauche ? » interroge un rouage de la majorité. Cette fois, cela pourrait être « ni RN, ni LFI ».

La logique du barrage républicain

Plus globalement, au-delà des triangulaires, le camp présidentiel aura à gérer le cas de la consigne de vote à donner lors des duels RN/Nouveau Front populaire. Dans l'entre-deux-tours de 2022, il s'était pris les pieds dans le tapis en arguant d'abord qu'il s'agissait de « débats locaux » plus que d'un « enjeu national » avant de corriger le tir en « appelant à ne pas donner une voix au Rassemblement national ».

Face à cela, à gauche, on compte bien mettre la majorité face à ses responsabilités. « Monsieur le président de la République, vous ne pouvez pas refuser le désistement républicain qui vous a permis d'être élu pour vos deux mandats. Vous courez délibérément le risque d'une majorité absolue au RN », a tweeté Martine Aubry, vendredi. Marine Tondelier, la patronne des Écologistes, a de son côté envoyé un courrier aux formations de la majorité présidentielle pour que les chefs de parti lui expliquent « les yeux dans les yeux leur refus d'appeler au barrage républicain face aux candidats du RN ». Les écologistes sont sur la même ligne que les socialistes et les communistes. Pour eux, plus que jamais, la logique du barrage républicain l'emporte sur tout le reste. Ils se retireront donc partout où ils sont en troisième position en appelant à voter pour le candidat qui sera face au RN.

Mais chez les Insoumis, les choses sont moins claires. Déjà, les troupes de Jean-Luc Mélenchon ne veulent pas donner de consigne de vote avant le premier tour. Ne jamais se placer dans la perspective d'une potentielle défaite. Ensuite, dans les circonscriptions où ils ne seront pas présents au second, ils laissent entendre qu'ils appelleront à faire barrage au RN. Mais dans celles où ils seront présents, seront-ils prêts, comme leurs alliés, à retirer leurs candidats ? Aucun des cadres LFI ne répond à cette question à ce stade. Les socialistes espèrent qu'ils finiront par le faire. Il faut dire que jamais, lors des quatre jours et quatre nuits de négociations qui ont amené au Nouveau Front populaire, n'a été abordée la question du front républicain, aussi étonnant que cela puisse paraître.

Commentaires 10
à écrit le 01/07/2024 à 9:28
Signaler
L important est de constituer un front républicain contre la gauche caviar et la NUPES NPA Un véritable cordon sanitaire face à LFI /NPA

le 01/07/2024 à 10:00
Signaler
Plus 2.62% ! Le système est vraiment terrifié par l'arrivée de l'extrême droite dites donc ! LOL !!! ^^ Et qui avait encore raison ? :-)

à écrit le 01/07/2024 à 0:02
Signaler
Honnêtement , imaginer une seconde toute ces premières place obtenue par le RN disparaitre au second tour juste parce que la gauche aurait enterrer ses principes pour nous faire barrage me donne la nausée , une stratégie sacrificielle rien de plus...

le 01/07/2024 à 9:02
Signaler
Traité de Lisbonne...

à écrit le 30/06/2024 à 19:06
Signaler
Qu'est-ce que cette histoire de désistement "républicain"? Nous sommes en république, non! Avant le "danger" venait des communistes; maintenant, il viendrait de l'extrême droite. le vulgum pecus sait bien qu'il sera croqué quel que soient les gagnant...

le 01/07/2024 à 5:54
Signaler
Il fait un désistement républicain pour faire un cordon sanitaire contre LFI NPA partis non démocratique…!

à écrit le 30/06/2024 à 17:27
Signaler
hahaha!! la gauche et son desistement republicain!!!!!!!!!! non seulement les masques sont tombes en octobre, et les choses sont desormais claires pour tout le monde, et en plus ca fait longtemps que les gens ne suivent plus les consignes de vote.......

à écrit le 30/06/2024 à 10:47
Signaler
Un comportement idiot, les gens font ce qu'ils veulent, cette tambouilel électorale est devenue totalement indigeste. Et personne qui propose de remplacer Arte par La Sept dans son programme... vraiment que dalle ces énièmes élections. Souris allez v...

à écrit le 30/06/2024 à 10:20
Signaler
Les macronistes appelleront ils à voter RN ou NFP ?

à écrit le 30/06/2024 à 6:37
Signaler
Ces désistements donneront encore plus d'élan au RN. Ils donneront l'impression que la macronie et le front de gauche, c'est finalement la même chose. La seule véritable alternance le RN.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.