La Nouvelle-Calédonie toujours bloquée avant un nouveau Conseil de défense à Paris

La situation reste compliquée en Nouvelle-Calédonie, où la fermeture de l'aéroport a été prolongée alors que le territoire est toujours en proie aux blocages malgré les moyens massifs engagés par l'Etat pour rétablir l'ordre, avant un nouveau Conseil de défense en soirée.
La Nouvelle-Calédonie est toujours en proie aux blocages lundi.
La Nouvelle-Calédonie est toujours en proie aux blocages lundi. (Crédits : LILOU GARRIDO NAVARRO KHERACHI)

La situation est toujours tendue en Nouvelle-Calédonie. Le Premier ministre Gabriel Attal a estimé ce lundi qu' « il reste encore du chemin avant le retour à la normale » après avoir présidé une nouvelle cellule interministérielle de crise, préalable à un conseil de défense prévu dans la soirée à l'Elysée.

« Les forces de sécurité intérieure continuent d'arriver en nombre sur place grâce au pont aérien que nous avons mis en place. Nous progressons. Pas moins de 76 barrages ont été détruits sur la route reliant Nouméa à son aéroport », a-t-il précisé dans un message posté sur X, en réaffirmant la détermination de son gouvernement à « rétablir l'ordre ».

La Nouvelle-Calédonie est toujours en proie aux blocages lundi après six morts et une semaine d'émeutes en réaction à une réforme du corps électoral décriée par les indépendantistes.

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Nouveau conseil de défense

Emmanuel Macron a convoqué un nouveau conseil de défense et de sécurité nationale à 18h30 « sur le suivi de la situation en Nouvelle-Calédonie ». Le chef de l'Etat avait déjà présidé un conseil de défense mercredi consacré au territoire ultramarin, pour décider d'y instaurer l'état d'urgence, puis un deuxième jeudi à l'issue duquel il avait annoncé l'envoi de renforts de police et de gendarmerie pour porter leurs effectifs à 2.700 au total dans l'archipel. Vendredi, le chef du gouvernement avait reçu à Matignon des responsables parlementaires de tous bords pour un « échange » sur la crise, où la question d'une éventuelle prolongation de l'état d'urgence a notamment été évoquée.

L'Assemblée et le Sénat doivent en effet donner leur accord pour proroger cette mesure au-delà de douze jours, soit le 27 mai au soir. Un projet de loi était bien « en préparation » en fin de semaine, mais selon le député Sacha Houlié (Renaissance) le gouvernement espérait alors écarter cette option en cas d'amélioration de la situation.

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« Eviter une guerre civile »

Par ailleurs, le cheminement du texte constitutionnel, accusé par les indépendantistes de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak » en dégelant le corps électoral des scrutins provinciaux, est entre les mains du chef de l'Etat. De la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, les voix se font chaque jour plus nombreuses pour réclamer un report du projet de loi constitutionnelle, qui doit être adopté en Congrès avant fin juin.

Quatre présidents d'exécutifs d'outre-mer (Réunion, Guadeloupe, Martinique, Guyane) réclament même son « retrait immédiat », afin d' « éviter une guerre civile ». « Il ne faut pas que le président de la République convoque le Congrès à Versailles. Pas maintenant. Je pense que le président l'a compris », a affirmé au Monde Sonia Lagarde, la maire Renaissance de Nouméa, qui assure avoir eu des contacts avec Emmanuel Macron.

Situation toujours précaire

Sur le terrain, la situation reste alarmante alors que les pénuries se multiplient. Signe de difficultés à reprendre en main la situation, l'aéroport international de Nouméa restera fermé aux vols commerciaux jusqu'à jeudi 09H00 (00H00 à Paris), a annoncé le gestionnaire de la plateforme, la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie. Et ce malgré les demandes répétées de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande de pouvoir évacuer leurs ressortissants.

« La situation reste précaire, même si elle s'améliore », a estimé lundi sur BFMTV la porte-parole du ministère de l'Intérieur, Camille Chaize, après une nouvelle nuit de violences et dégradations. « L'Etat est là », a soutenu sur la même chaîne celle de la gendarmerie, Marie-Laure Pezant, rappelant que des nouveaux renforts arrivaient « tous les jours ». « La situation est évolutive, on met tous les moyens pour retrouver le calme », a-t-elle aussi déclaré.

Un ton plus mesuré que celui des autorités vantant auparavant les « succès » de l'opération de 600 gendarmes, lancée dimanche sur l'axe stratégique d'une cinquantaine de kilomètres reliant Nouméa à l'aéroport de La Tontouta, bloqué à de nombreux endroits par les militants indépendantistes. La route n'est toujours pas accessible aux habitants. « L'objectif prioritaire c'est de permettre l'acheminement de matériel et de vivres », a indiqué la porte-parole de la gendarmerie.

Peu après le passage du convoi de blindés et d'engins de chantier dimanche, une grande partie des « 76 barrages neutralisés » avaient été aussitôt réinstallés par les indépendantistes. La plupart sont « filtrants » et laissent le passage à certains véhicules, y compris les pompiers ou ambulances à toute heure, soutient dans un communiqué lundi la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), collectif indépendantiste accusé par les autorités d'attiser les violences mais qui affirme rester « dans une démarche pacifique ».

Mais le travail des forces de l'ordre a permis de « commencer la sécurisation » de certains quartiers de la ville, a assuré le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, sur X. De manière générale, les voies de communication restent bloquées là où les émeutiers - estimés entre 3.000 et 5.000 - ont installé leurs barrages, et l'archipel vit au rythme du couvre-feu nocturne et sous état d'urgence.

150 entreprises « pillées et incendiées »

La chambre de commerce et d'industrie (CCI) a également appelé lundi à « préserver le peu qu'il reste » de l'économie calédonienne, évoquant des « conséquences » économiques et sociales « déjà catastrophiques ». Celle-ci avait estimé jeudi les dégâts à 200 millions d'euros déjà. Elle n'a pas fourni de nouvelle estimation quatre jours plus tard, mais les dommages n'ont fait que s'aggraver.

Selon la CCI, 150 entreprises ont été « pillées et incendiées », et la zone industrielle de Ducos, « véritable poumon économique de la Nouvelle-Calédonie, est abandonnée à son sort ». « Il est impératif de sécuriser immédiatement cette zone afin de sauver les entreprises encore debout », a-t-il ajouté. La CCI a dit redouter, « dans un avenir proche, une augmentation de notre dépendance encore plus forte aux importations ».

Lundi matin, la zone industrielle où se trouve la Société Le Nickel (SLN), dans le quartier de Montagne coupée à Nouméa, a aussi vu l'incendie d'un entrepôt dont se dégageait une épaisse fumée noire.

Pour rappel, l'économie de la Nouvelle-Calédonie, territoire français depuis 1853, est fortement dépendante des exportations de nickel, dont l'archipel détient 20 à 30% des ressources mondiales, et des subsides de l'Etat central.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 21/05/2024 à 7:14
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Bonjour, bon ils me semblent que par trois fois le Non a l'indépendance a etait voté.. ensuite pourquoi maintenir le gelée du corps electonale et privé les 1/5 des calédonien du droit de vote.... Donc , nous avons la une minorités qui veux imposer ...

à écrit le 20/05/2024 à 23:17
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Si 351 députés n’avaient pas voté sans réfléchir le 14 mai un texte qui, c’était une évidence, allait déclencher des troubles, l’on n’en serait pas actuellement à espérer que le calme revienne et l’on ne parlerait d’ailleurs pas de la Nouvelle-Calédo...

à écrit le 20/05/2024 à 20:20
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Il faut voter au Congrès la sécession de la Nouvelle Calédonie à la condition que chaque partie renoncera à toute révendication financière, économique et sociale et que plus un euro ne sera deboursé par la France. Seulement que pour un tel acte il fa...

à écrit le 20/05/2024 à 20:19
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Il faut voter au Congrès la sécession de la Nouvelle Calédonie à la condition que aucune partie renoncera à toute révendication financière, économique et sociale et que plus un euro ne sera deboursé. Seulement que pour un tel acte il faudrait aimer e...

à écrit le 20/05/2024 à 19:41
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"La Nouvelle-Calédonie toujours bloquée avant un nouveau Conseil de défense à Paris" Un Conseil de défense à Paris... A l'évidence le langage offensif du régime autoritaire MacRon démontre sans équivoque que l'empire colonial français est en ...

le 21/05/2024 à 16:09
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C'est juste, cependant surtout pas de décisions faut pas jouer.. Ou bien la NC est un pays démocratique et il faut aller vers des votes disons de plus de 10 ans d'établissement pour les divers ressortissants et une plus grande homogénéité des habitan...

le 21/05/2024 à 16:09
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C'est juste, cependant surtout pas de décisions faut pas jouer.. Ou bien la NC est un pays démocratique et il faut aller vers des votes disons de plus de 10 ans d'établissement pour les divers ressortissants et une plus grande homogénéité des habitan...

le 21/05/2024 à 20:15
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@Albert "des votes disons de plus de 10 ans d'établissement pour les divers ressortissants" Grossière erreur! La démocratie ce n'est pas donner le droit de vote aux squatteurs en violant la souveraineté territoriale des indigènes. En ef...

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