![Si plus de la moitié (55%) des PME/TPE ont investi au cours des trois dernières années, dont 52% dans la digitalisation et la robotisation, à l'intérieur de ce secteur, seules 9% ont investi dans l'IA et 91% ne l'ont pas fait.](https://static.latribune.fr/full_width/2337670/photo-d-illustration-affichant-intelligence-artificielle.jpg)
Alors qu'Emmanuel Macron participera ce mardi à un sommet sur l'intelligence artificielle et réunira à l'Elysée les « talents » du secteur, une étude montre que le tissu économique français est encore loin d'avoir adopté cette technologie. Selon le baromètre trimestriel publié ce mardi par Bpifrance Le Lab et Rexecode, moins d'une entreprise de petite taille (TPE/PME) sur dix a investi dans l'IA au cours de ces trois dernières années. Pour cette enquête, 3.265 dirigeants de PME/TPE ont été interrogés par internet du 15 au 25 avril 2024. L'analyse sur les investissements porte sur 932 PME/TPE, celle sur les questions récurrentes du baromètre sur les 946 premières réponses jugées complètes et fiables.
Ainsi, si plus de la moitié (55%) des PME/TPE ont investi au cours des trois dernières années, dont 52% dans la digitalisation et la robotisation, à l'intérieur de ce secteur, seules 9% ont investi dans l'IA et 91% ne l'ont pas fait. Par ailleurs, les PME/TPE ont été 24% à investir dans la recherche et le développement (R&D) et l'innovation ces trois dernières années, et 33% à investir dans l'environnement.
Des investissements en R&D difficiles à évaluer
Une explication à ce faible investissement dans l'IA vient du fait qu'il est difficile, pour ces petites entreprises, d'estimer leurs besoins en investissement, notamment dans des technologies récentes comme l'IA.
Au total, les dirigeants jugent à 61% leurs investissements des trois dernières années « correctement proportionnés » (contre 64% il y a trois ans), 12% les jugent insuffisants (contre 14%) et 2% estiment avoir surinvesti (contre 3%). Un quart répondent « je ne sais pas ».
La proportion de dirigeants ne sachant pas évaluer le calibrage de leurs investissements, ou ne se sentant pas concernés, est plus importante quand il s'agit de R&D et d'innovation (54%), d'environnement (48%) ou de digitalisation/robotisation (34%) : dans ce dernier groupe, 67% ne savent pas si leur investissement en IA est correct.
Une technologie aux conséquences nombreuses
La proportion de dirigeants prévoyant d'accélérer leurs dépenses d'investissement dans les cinq ans (16 %) équivaut à celle prévoyant de les ralentir (15 %), 36 % souhaitant conserver le rythme actuel. Un tiers des dirigeants sont incertains. Dans le domaine de l'IA toutefois, 18% comptent augmenter leur investissement contre 4% qui veulent le réduire, 11% souhaitent le maintenir et 66% ne savent toujours pas.
Car cette technologie pourrait avoir un impact significatif sur leurs activités. Une enquête d'Adecco, publiée début avril, montre que 61% des dirigeants interrogés pensent que l'IA va changer la donne pour leur secteur, la proportion grimpant à 82% dans le secteur de la technologie contre 51% dans l'automobile, le transport et la logistique. Mais 57% avouent manquer de confiance dans les compétences et connaissances sur l'IA de leur propre équipe dirigeante. Et « si les décideurs ne comprennent pas les opportunités d'affaires de l'IA, alors ils ne peuvent pas définir la stratégie d'investissement », mettent en garde les auteurs de l'enquête.
Cette enquête révèle aussi que 41% des dirigeants interrogés s'attendent à ce que leurs effectifs diminuent d'ici cinq ans à cause de cette technologie. Pour réussir à utiliser l'IA dans leur entreprise, 66% des patrons prévoient « d'acheter » des talents en recrutant à l'extérieur du personnel ayant les qualifications pour l'intelligence artificielle, contre seulement 34% qui prévoient de développer les compétences de leur personnel actuel. Mais cette approche n'est pas tenable, d'après Adecco, car elle risque « d'exacerber la pénurie de compétences », au risque de créer « une main d'œuvre à deux vitesses » et de faire grimper les salaires dans les qualifications les plus recherchées, avertit l'enquête.
Et Adecco n'est pas le seul à alerter sur les conséquences de l'IA. Selon une étude du Fonds monétaire international (FMI), l'IA pourrait changer les contours de 40% des emplois dans le monde, les risques étant plus élevés dans les économies développées. Si certains postes vont être remplacés, l'IA va dans d'autres cas compléter le travail des humains. Mais elle risque d'accroître les inégalités de revenus entre les travailleurs qui pourront tirer parti de l'IA et ceux qui ne parviendront pas à s'adapter, d'après cette étude du FMI.
Orange veut aider les TPE/PME à adopter l'IA
Consciente du retard des TPE/PME, Orange Business a dévoilé, fin mars, deux nouvelles offres d'IA dite générative, qui permet, en clair, de créer des contenus (du texte, des images et autres vidéos) sur demande.
La première propose aux entreprises un accompagnement complet pour mener leurs projets dans ce domaine. Celui-ci va de la mise à disposition des infrastructures télécoms, de la puissance de calcul nécessaire, à des algorithmes spécifiques selon les cas d'usages, en passant par des services de cloud pour stocker les données et des logiciels de cybersécurité. « Il s'agit d'une solution particulièrement simple, clé en main, pour les entreprises de toutes les tailles, a vanté Aliette Mousnier-Lompré, la patronne d'Orange Business, en conférence de presse. Cette offre permet aux clients de maîtriser leurs coûts : l'abonnement coûte quelques dizaines d'euros par mois par utilisateur, ne varie pas, et il n'y a rien à débourser à l'entrée. »
La seconde offre, elle, relève presque de l'évangélisation autour de l'IA. Orange Business va, en clair, « ouvrir son parcours de formation sur les données et l'IA » à ses clients, a poursuivi Aliette Mousnier-Lompré. L'objectif est double : sensibiliser les dirigeants aux bénéfices de l'IA, et former des spécialistes ou des consultants dans ce domaine, qui sont une denrée rare. « Cet accompagnement au changement est critique, insiste la patronne d'Orange Business. Nous souhaitons montrer que l'IA est porteuse d'avenir et d'employabilité. » Orange ambitionne, lui-même, de former 5.000 personnes dans ce domaine d'ici 2025. Aujourd'hui, il en possède 1.800.
Les TPE/PME prévoient de moins investir cette année Le baromètre trimestriel de Bpifrance Le Lab et Rexecode, présente aussi des points récurrents, tels que les perspectives d'évolution de trésorerie des PME/TPE à trois mois s'éclaircissent nettement, grimpant de 8 points par rapport au premier trimestre, et dépassant de 5 points leur moyenne historique. Les intentions d'investir cette année baissent d'un point à 50%. 41% des dirigeants invoquent des raisons environnementales pour investir, soit 6 points de moins qu'au premier trimestre mais 17 de plus qu'avant la pandémie. Enfin 50% des dirigeants citent toujours les difficultés de recrutement comme un frein à la croissance, même si cette réponse est en baisse par rapport à 2018-2019 (54%).
(Avec AFP)