Impôts : les femmes enfin déchargées des dettes fiscales de leur ex-conjoint ?

Réunis en Commission mixte paritaire (CMP) mardi 14 mai, les députés et sénateurs ont accouché d’un texte commun issu de la proposition de loi d'un MoDem visant à assurer une justice patrimoniale au sein de la famille. Parmi les mesures entérinées, un nouveau dispositif qui doit faciliter l’obtention de la décharge de solidarité fiscale pour les victimes d’ex-conjoints endettés. Une situation qui touche dans 90% des cas des femmes, selon le Collectif des femmes divorcées victimes de la solidarité fiscale.
Selon le Collectif des femmes divorcées victimes de la solidarité fiscale, « dans 90% des cas, ce sont des femmes qui se retrouvent à payer seule la dette fiscale de leur ex-conjoint »
Selon le Collectif des femmes divorcées victimes de la solidarité fiscale, « dans 90% des cas, ce sont des femmes qui se retrouvent à payer seule la dette fiscale de leur ex-conjoint » (Crédits : Thibaut Durand / Hans Lucas via Reuters Connect)

Ce n'est pas une révolution, mais un pas en avant en faveur des victimes de la solidarité fiscale. Des ex-épouses ou partenaires de Pacs qui ont appris un beau jour que leur ex-conjoint avait contracté des dettes auprès de l'administration fiscale pendant leur vie commune, et qu'elles étaient solidaires de leur paiement. Car ce sont en grande majorité des femmes qui sont concernées par cette situation, selon le Collectif des femmes divorcées victimes de la solidarité fiscale, qui indique que « dans 90% des cas, ce sont des femmes qui se retrouvent à payer seule la dette fiscale de leur ex-conjoint ».

Et ce, même si ces femmes étaient mariées sous le régime de la séparation de biens.  Car, rappelle le Code général des impôts (CGI, art.1691 bis) « les époux et les
partenaires liés par un pacte civil de solidarité sont tenus solidairement au paiement
de l'impôt sur le revenu lorsqu'ils font l'objet d'une imposition commune »C'est pour leur venir en aide que le député MoDem Hubert Ott a déposé une proposition de loi en décembre dernier.

Adopté par l'Assemblée nationale le 18 janvier, puis modifié par le Sénat deux mois plus tard, le texte a finalement atterri en Commission mixte paritaire (CMP) mardi 19 mai. « Et la CMP a été conclusive », se réjouit la sénatrice Union-Centriste Isabelle Florennes auprès de La Tribune.

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Être reconnu « tiers à la dette » de son ex-conjoint

Pour aider les victimes d'ex-conjoints endettés, les parlementaires ont retenu l'idée formulée initialement par l'Assemblée nationale. À savoir, permettre aux demandeurs de la décharge de solidarité fiscale d'être reconnus par Bercy comme « tiers à la dette » de leur ex-conjoint, en s'appuyant sur l'article L. 247 du Livre des procédures fiscales (LPF). Ce qui n'était pas possible jusqu'à présent. Et ce, même dans le cas où les victimes ont
potentiellement les moyens financiers de rembourser la dette contractée, à leur insu, par leur ex-mari ou partenaire de Pacs.

Ce nouveau mécanisme représente une avancée importante car, aujourd'hui, la décharge de solidarité fiscale est notamment accordée par Bercy suivant un critère qui prête à polémique : « la disproportion marquée entre le montant de la dette fiscale, et à la date de la demande, la situation financière et patrimoniale, nette de charges du demandeur », indique le CGI. Une capacité de remboursement qui est évaluée par l'administration fiscale sur une période « n'excédant pas trois années » depuis la loi de finances pour 2022.

Mais ce critère aléatoire de la « disproportion marquée » a conduit de nombreuses demandes de contribuables à être refusées par Bercy ces dernières années... Selon les chiffres de la députée Perrine Goulet, rapporteuse de la proposition de loi Ott, 288 demandes de décharges ont été formulées en 2022, et seulement 100 dossiers ont été retenus par les équipes du fisc.

« On peut espérer que des contribuables qui ne remplissent pas les critères légaux de la décharge (disproportion marquée, NDLR) mais qui peuvent prouver qu'ils sont étrangers aux dettes contractées par leur ex-conjoint pourront enfin obtenir gain de cause auprès de Bercy », réagit Paul Féral-Schuhl, avocat fiscaliste et cofondateur du cabinet Arfé Avocats.

Mais l'avocat reste prudent... Car la procédure restera entièrement au bon vouloir de l'administration fiscale.

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Remboursement des sommes déjà versées au fisc et traitement des dossiers centralisé

Autre nouveauté validée par les parlementaires : quand une décharge de solidarité sera prononcée et si le contribuable a déjà versé des sommes à Bercy, celles-ci lui seront restituées par le fisc. Une disposition introduite à l'origine par les sénateurs, et à laquelle le ministère des Finances n'était guère favorable...

Pour pousser l'administration fiscale à s'emparer de ces nouveaux dispositifs, « le ministre chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, s'est engagé à faire évoluer la doctrine fiscale, avec rédaction de nouvelles consignes au Bulletin des finances publiques (BOFiP) d'ici l'été », assure la sénatrice Florennes. Par ailleurs, une cellule nationale des traitements des dossiers « doit être rapidement créée », selon la députée Goulet pour éviter leur gestion disparate à l'échelon départemental. « Nous allons avoir quelques mois d'ici le projet de loi de finances pour 2025 pour vérifier que le texte fonctionne, et que le nombre de décharges de solidarité fiscale accordées par Bercy augmente. Si ce n'est pas le cas, le sujet reviendra sans doute à nouveau en loi de finances », prévient l'élue des Hauts-de-Seine.

Commentaires 13
à écrit le 17/05/2024 à 15:42
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Pour Madame Tapie.

à écrit le 16/05/2024 à 20:48
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Le mariage pour le meilleur et surtout le meilleur... Vive le sexisme à sens unique!

à écrit le 16/05/2024 à 17:28
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le titre de l'article est discriminant et stigmatisant, ca me cree une poussee d'indignation bienveillante a la meetoo, je suis en train de me rouler par terre de douleur, tellement je suis offensee en tant que minorite masculine opprimee par les pro...

à écrit le 16/05/2024 à 12:31
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Et l'inverse ?

à écrit le 16/05/2024 à 12:01
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Pour sûr le genre de mesure déplaisant aux droitards souvent du genre flambeur et à basher du fonctionnaire après un redressement fiscal au point d'excéder madame fonctionnaire qui prend sur elle tant que les enfants sont en bas âge et une fois qu'il...

à écrit le 16/05/2024 à 11:32
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autrement dit, tant que je suis marié je profite du train de vie du conjoint meme s il fraude le fisc (et a moins d etre stupide je le sais tres bien), mais le jour ou il se fait pincer, je suis responsable de rien et je ne paie rien... tres fort. S...

à écrit le 16/05/2024 à 9:37
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Ben voyons, là on fait le distinguo de genre? Ben voyons, là c'est alors à l'ensemble de la société civile (l'État) de supporter une dette fiscale contractée par un ex-conjoint, dont l'autre a joui de certains avantages durant l'union mais qui viendr...

à écrit le 16/05/2024 à 9:18
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à écrit le 16/05/2024 à 8:20
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Bonjour, la loi indique le mot "ex-conjoint", quand l'article se concentre à parler des femmes seulement. C'est réducteur et nous pourrions ce texte ne d'adresse pas à l'entièreté de la population, quand bien même elles sont majoritairement touchée m...

le 16/05/2024 à 8:49
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de fait mme tapie n'a plus de dette a appliquer de suite urgent

le 16/05/2024 à 13:57
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Quand on arrive à une proportion de 90% on peut se permettre de faire le raccourci...

à écrit le 16/05/2024 à 8:04
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"Une situation qui touche dans 90% des cas des femmes," La preuve que ce sont bel et bien surtout les hommes qui ont un rapport malsain avec l'argent, d'ailleurs 90% des multimilliardaires sont des hommes.

à écrit le 16/05/2024 à 7:28
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Une plaisanterie.. L’état de droit subit des coups de boutoirs permanents!

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