La croissance française fait mieux que prévu au premier trimestre

Par latribune.fr  |   |  908  mots
Le produit intérieur brut (PIB) de la France a progressé de 0,2% au premier trimestre de 2024, soutenu par la consommation des ménages et les investissements des entreprises, a indiqué ce mardi l'Insee. (Crédits : Pauline Chateau / La Tribune)
Le produit intérieur brut (PIB) de la France a progressé de 0,2% au premier trimestre de 2024, soutenu par la consommation des ménages et les investissements des entreprises, a indiqué mardi l'Insee. Cette croissance modérée entre janvier et mars marque une légère accélération après la hausse de 0,1% enregistrée au dernier trimestre 2023.

[Article publié mardi 30 avril à 8h01, mis à jour à 9h18] Très légère croissance économique pour la France. Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) tricolore a en effet progressé de 0,2%, soutenu par la consommation des ménages et les investissements des entreprises, a indiqué ce mardi l'Insee.

C'est la première estimation publiée pour cette période par l'Institut national de la statistique (Insee), qui avait précédemment annoncé une prévision, inférieure, d'une croissance nulle entre janvier et mars, après une croissance de 0,1% du PIB au dernier trimestre de 2023. Plus optimiste, la Banque de France tablait, elle, sur une progression de 0,2%.

Bruno Le Maire se félicite

Bruno Le Maire s'est félicité ce mardi de ce résultat, et y voit un signe de la « solidité » de l'économie du pays.

« A tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt : les faits sont têtus. La croissance française progresse. C'est un nouveau signe qui traduit la solidité de notre économie », a ainsi déclaré le ministre de l'Economie et des Finances. Avant d'ajouter : « La stratégie du gouvernement est payante. »

Pour rappel, le gouvernement table sur une croissance du PIB de 1% en 2024. « On pense que (la prévision du gouvernement) n'est pas du tout réaliste  », a récemment affirmé auprès de l'AFP l'économiste de l'OFCE Magali Dauvin, qui table plutôt sur 0,5% de croissance française annuelle.

A noter : la croissance du premier trimestre est celle qui pèse le plus dans le calcul de la croissance annuelle. Or, chaque dixième de point de pourcentage va compter pour atteindre la cible fixée par le gouvernement, une prévision supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture.

Un chiffre de croissance en demi-teinte

Alors que l'exécutif a placé la croissance et la maîtrise des dépenses au cœur de sa stratégie de redressement de finances publiques mal en point, un chiffre nul ou faible au premier trimestre complique considérablement l'équation, selon les experts.

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Sur les trois premiers mois de l'année, l'activité économique a bénéficié d'une accélération de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance, qui a augmenté de 0,4% après 0,2% au trimestre précédent sur fond de poursuite du repli de l'inflation.

« C'est clairement le moteur de la reprise », a commenté Maxime Darmet, économiste pour Allianz Trade, interrogé par l'AFP. Outre la bonne tenue de la demande en services comme les transports ou l'hébergement-restauration, "il y a notamment une reprise des dépenses dans l'alimentaire, un poste qui se portait très mal depuis 18 mois", a-t-il ajouté.

Ce rattrapage de la consommation devrait se poursuivre au deuxième trimestre, a-t-il estimé.

Le problème du déficit

Cette relative bonne nouvelle intervient alors que le contexte économique est actuellement délicat pour le gouvernement, avec un dérapage du déficit en 2023, à 5,5% du PIB contre 4,9% attendus, en raison principalement de mauvaises recettes.

L'exécutif a toutefois maintenu son ambition de le ramener sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens. « D'autres pays en Europe l'ont fait, je ne vois pas pourquoi la France ne serait pas capable de le faire », a lancé le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, lundi devant les députés.

Si elles maintiennent pour l'instant leurs notes élevées sur la capacité de la France à rembourser sa dette, les agences de notation Moody's et Fitch, n'y croient pas. Pas plus que le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, qui a estimé lundi sur franceinfo que la trajectoire de réduction de déficit « telle qu'elle était présentée (...) manquait de crédibilité et de cohérence ».

10 milliards d'économie

Pour rappel, l'exécutif a déjà acté 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'Etat et cherche 10 milliards de coupes supplémentaires à réaliser en 2024, pour atteindre son nouvel objectif de déficit public (5,1% du PIB, contre 4,4% espérés initialement).

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Or, les 10 premiers milliards d'économies devraient déjà amputer la croissance annuelle de 0,2 point, a averti début avril l'OFCE. « Si on veut se rapprocher de loin du chiffre du gouvernement (1% de croissance en 2024, ndlr), il faudrait vraiment un sursaut de la demande intérieure, qui passerait par la consommation des ménages », affirmait à l'AFP Magali Dauvin, il y a quelques jours.

L'inflation en baisse en avril

La poursuite du recul de l'inflation française serait aussi de nature à relancer la machine, comme la baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait intervenir début juin et profiter aux investissements.

D'ailleurs, l'Insee a aussi publié ce matin ses chiffres provisoires sur l'inflation mensuelle. Au mois d'avril, celle-ci a encore ralenti à 2,2% sur un an, contre 2,3% en mars, alors qu'elle était de 5,9% en avril 2023.

Cette légère baisse s'explique par le ralentissement des prix de l'alimentation (+1,2% sur un an, après +1,7% en mars) et du tabac (+9% après +10,7%), et le léger repli de ceux des produits manufacturés (-0,1% après +0,1%), tandis que les prix de l'énergie ont accéléré (+3,8% après +3,4%), précise l'Institut national de la statistique.

 (Avec AFP)