Emploi des seniors : déjà tendue, la négociation démarrera officiellement le 22 décembre

Par latribune.fr  |   |  812  mots
Selon la Dares, en 2022 le taux d'emploi des seniors âgés de 55 à 64 ans a atteint 56,9%. Il est inférieur à celui de la moyenne européenne (62,4%), plaçant la France à la 17e position parmi les 27 Etats membres de l'UE (Photo d'illustration). (Crédits : Isotck)
Parmi les autres questions abordées lors de cette prochaine rencontre figurent la création d'un compte épargne temps universel (Cetu), les transitions et reconversions professionnelles et le sujet de l'usure professionnelle. La négociation sur ce dossier promet d'être très ardue. Et pour cause, certains des syndicats refusent pour le moment les mesures de l'exécutif pour améliorer le taux d'emploi des seniors.

Mis en lumière lors de la dernière réforme des retraites, l'enjeu de l'emploi des seniors va faire l'objet d'une négociation. Selon plusieurs sources syndicales et patronales contactées par l'AFP, les premières discussions auront lieu lors d'une réunion de deux heures, le 22 décembre prochain. Un premier rendez-vous pour un échange censé s'achever mi-mars 2024.

Patronat et syndicats se retrouveront à 9 heures ce jour-là au sein des locaux du Medef. La réunion abordera aussi la création d'un compte épargne temps universel (Cetu), les transitions et reconversions professionnelles et le sujet de l'usure professionnelle.

« Cette réunion a pour objectif d'arrêter le calendrier de travail des réunions plénières et la méthode de travail et de négociation », a indiqué à l'AFP le négociateur du Medef, Hubert Mongon, confirmant une information de l'agence de presse AEF.

Lire aussiEmploi des seniors : le gouvernement pressé de durcir les règles d'indemnisation

Les syndicats remontés

« On n'est pas là à faire des cadeaux (aux seniors au chômage, ndlr), on fait face à des personnes en difficulté », souligne auprès de l'AFP Olivier Guivarch (CFDT), alors que les seniors éprouvent plus de difficultés à retrouver un emploi.

Il admet « qu'il y aura quand même des mesures seniors qui tiendront compte du nouvel âge légal », mais, nuance-t-il, « on peut créer des filets de sécurité ».

Denis Gravouil (CGT) regrette, lui, que le gouvernement envisage seulement de « raccourcir les droits à l'assurance chômage, durcir la borne d'âge, reporter l'âge de la retraite de deux ans, et ne propose rien aux gens qui n'ont ni retraite ni emploi ».

« On va avoir des chômeurs âgés qui vont se retrouver en fin de droits beaucoup plus tôt et en retraite beaucoup plus tard, sans rien entre les deux ou au mieux le RSA (environ 608 euros pour une personne, ndlr) », s'inquiète-t-il.

Atteindre le plein-emploi des seniors

Dans le « document d'orientation » qui doit servir de base aux discussions, le gouvernement s'est fixé pour objectif « d'atteindre le plein-emploi des seniors ». Il s'agit concrètement de passer à un taux d'emploi pour les 60-64 ans de 65% « à l'horizon 2030 » (contre 36,2% en 2022, soit -12,3 points par rapport à la moyenne européenne).

Lire aussiAu plus haut depuis 1975, le taux d'emploi des seniors reste en deçà de la moyenne européenne

Pour rappel, selon la Dares, en 2022, le taux d'emploi des seniors - âgés de 55 à 64 ans - a atteint 56,9%. Il est inférieur à celui de la moyenne européenne (62,4%), plaçant la France à la 17e position parmi les 27 Etats membres de l'UE. Par ailleurs, en France, ce taux diminue nettement avec l'âge : en 2022, il est de 82,5% pour les 25-49 ans, puis de 76,4% pour les 55-59 ans et de 36,2% pour les 60-64 ans.

La durée maximale d'indemnisation est actuellement de 18 mois jusqu'à 52 ans, 22,5 mois pour les 53-54 ans et 27 mois pour les 55 ans et plus. « Fin juin 2022, sur 550.000 personnes de 55 ans et plus couvertes par l'assurance chômage, 400.000 sont indemnisées », selon des données de l'Unédic.

Différents remèdes

Invité dimanche dernier de l'émission « Questions politiques » (France Inter, France Télévisions et Le Monde), le ministre du Travail Olivier Dussopt a déclaré souhaiter que l'âge d'accès à une indemnisation plus longue pour les chômeurs âgés soit relevé de deux ans.

Fin novembre, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait, lui, considéré qu'une indemnisation plus longue pour les plus de 55 ans était une façon de « mettre à la retraite de manière anticipée les plus de 55 ans ». Il avait dit vouloir abaisser la durée de leur indemnisation sur celle des autres chômeurs, de 27 à 18 mois.

Pour Olivier Dussopt, « la question n'est pas tant la durée d'indemnisation que de faire en sorte que nous n'ayons pas des systèmes » qui incitent à « sortir les seniors du marché de l'emploi ». Un relèvement de deux ans des bornes d'âge devra « s'accompagner d'un effort de formation », a précisé le ministre du Travail.

Lire aussiChômage des seniors : le gouvernement songe à un nouveau tour de vis

Il a par ailleurs défendu la rupture conventionnelle, un dispositif qui là encore ne doit pas être utilisé pour faire sortir plus tôt des seniors du marché du travail. « La rupture conventionnelle est un outil de fluidité, il y en a 500.000 par an », a-t-il fait valoir.

« Année après année, la part des ruptures conventionnelles dans les motifs de fin de CDI reste stable, de 11% à 12% », a-t-il argumenté. « Nous voulons trouver les moyens » pour que « la rupture conventionnelle ne soit pas utilisée comme un outil de sortie du marché du travail des seniors, mais que cela reste un outil de fluidité, de liberté » et d'accord réciproque entre les salariés et son employeur, a détaillé le ministre.

(Avec AFP)