Élections européennes : à la CPME, le Pacte vert sème la discorde entre les candidats

Face aux dirigeants des petites et moyennes entreprises, la tête de liste de la droite aux Européennes François-Xavier Bellamy a réclamé une pause réglementaire à Bruxelles pour le prochain mandat parlementaire. En face, les autres candidats Valérie Hayer (Renew), Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) et Marie Toussaint (EELV) ont défendu le Pacte vert malgré les inquiétudes de la CPME.
Grégoire Normand
Le président de la CPME François Asselin.
Le président de la CPME François Asselin. (Crédits : Reuters)

Le patronat français veut absolument s'impliquer dans la campagne des élections européennes. Après l'U2P, le Medef et le Meti (mouvement des entreprises de taille intermédiaire), c'était autour de la CPME de recevoir les candidats aux élections européennes ce mercredi 15 mai dans ses locaux situés près des grandes tours du quartier d'affaires de la Défense. Etaient présents Valérie Hayer (Renaissance), François-Xavier Bellamy (LR-PPE), Marie Toussaint (EELV) et Raphaël Glucksmann. Déjà auditionné en mars par l'organisation patronale, la tête de liste du RN Jordan Bardella n'avait pas fait le déplacement.

Quant à Manon Aubry (LFI), « elle n'a pas répondu à l'invitation », selon la CPME. Durant plus de longues trois heures, les quatre prétendants au Parlement européen ont eu vingt minutes chacun pour exposer leurs principales propositions et vingt minutes pour répondre aux questions des adhérents de la CPME. « Nous sommes profondément attachés à la construction européenne », a déclaré François Asselin, président de la CPME, dans un propos liminaire. Le format proposé par l'organisation syndicale n'a pas permis de confronter directement les points de vue des différents candidats à la députation mais des lignes de fracture béantes sur le « Green Deal » sont clairement apparues lors des interventions devant un parterre de patrons de PME.

Les normes et les règles du Pacte vert au centre des crispations à droite

Défendu par l'actuelle présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen, le Pacte vert a fait l'objet de nombreuses critiques dans le camp patronal. Déjà au mois d'avril, le Medef avait sonné la charge contre le « Green Deal ». Cette fois-ci, le président de la CPME n'a pas hésité à fustiger les normes et les règles qui accompagnaient ce vaste dispositif.

En face, les candidats ont proposé des visions radicalement opposées sur l'avenir du Pacte vert. A droite, le candidat François-Xavier Bellamy propose un « moratoire réglementaire ». Cette proposition « nous a valu d'être taxés de climatosceptiques » mais il a déploré certaines mesures du Pacte vert, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) ou le devoir de vigilance des entreprises. « Nous avons fait le choix d'asphyxier notre tissu productif de normes et de contraintes ».

Pour cet enseignant en philosophie, « notre défi à nous est de sortir d'une Europe des normes »« Bien sûr, le défi environnemental est majeur mais le vrai problème du climat n'est pas dans l'entreprise ou chez nos agriculteurs, il est mondial. La Chine émet à elle seule 33% des émissions de carbone dans le monde », a-t-il ajouté.

Dans le camp de la majorité, Valérie Hayer temporise

Dans le camp de la majorité, Valérie Hayer n'a pas remis en cause le Green Deal mais elle a également proposé « un choc de simplification ». Il s'agit de « simplifier partout où cela peut l'être au profit des petites et moyennes entreprises ». La candidate Renew propose « une revue des seuils et des obligations reposant sur les PME »« Le plan européen de simplification arrive sans doute trop tard », a-t-elle concédé. Dans plusieurs pays européens, la colère des paysans s'est propagée ces derniers mois face aux normes environnementales jugées pesantes par une partie des syndicats agricoles et de l'industrie agroalimentaire.

En France, le gouvernement a dû faire face à l'exaspération de toute une profession en début d'année. Pour déminer le terrain, le Premier ministre Attal a proposé plusieurs mesures et différents textes de loi mais la colère est loin d'être retombée. Concernant la taxe carbone aux frontières, l'élue originaire de Mayenne plaide pour une extension « aux produits manufacturiers ». « Mettre en place un tel outil uniquement sur les matières premières est insuffisant », a-t-elle jugé. S'agissant du prochain mandat, Valérie Hayer a défendu un plan d'investissement de 1.000 milliards d'euros financé par un emprunt commun et de l'investissement privé via un livret d'épargne européen.

Glucksmann et Marie Toussaint plaident pour les normes environnementales et un accompagnement

A gauche, Raphaël Glusckmann veut « poursuivre le Pacte vert » durant le mandat 2024-2029 de la Commission européenne. Face aux craintes des petits patrons, l'élu socialiste plaide pour une « clarification » des normes. « La norme est protectrice à partir du moment où elle est claire et elle s'inscrit dans un cap », a-t-il déclaré. Le député européen (Place publique) a proposé d'intégrer « une clause PME à chaque politique publique ».

Il a estimé  que « le cadre des normes est vital sinon l'Europe vivra dans le monde de Shein [le géant chinois du textile]. Sans ces règles, l'Europe se fera dévorer. Ces cadres sont essentiels à la survie des entreprises européennes ». L'Europe « a fait pendant cinq de la production de normes et de règles ». « La prochaine étape est de faire de l'investissement. Il faut passer d'une logique de la norme à une logique de l'investissement », a-t-il poursuivi. Pour financer ce plan d'investissement, Raphaël Glucksmann a prôné la mise en place « d'une taxation des plus hauts patrimoines en Europe. Il s'agit des multimillionnaires et des milliardaires qui échappent à l'impôt ».

Lire aussiDette : « La signature de la France reste très forte » (Aurore Lalucq, députée européenne)

De son côté, la députée écologiste Marie Toussaint a également dénoncé la bureaucratie bruxelloise mais elle considère « qu'on ne fera pas la transition écologique sans normes ». « Nous sommes pour la simplification mais nous ne sommes pas pour la dérégulation ». La trentenaire a notamment cité « les AOP qui protègent et nous aident à défendre nos économies ». Ces normes « viennent dire aux plus grands qu'ils doivent respecter certaines règles environnementales et elles permettent de protéger les entreprises de concurrence déloyale ». Marie Toussaint a aussi regretté que l'Europe se soit engagée dans un Pacte vert « sans changement de modèle économique, ni financement. L'Europe n'a pas prévu d'accompagnement dans cette transition ». Un défi que devra sans doute relever le prochain parlement européen à Strasbourg après le 9 juin.

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 15/05/2024 à 18:40
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Bonjour, l'élection des parlementaires européens est dans peux de temps, et franchement personne n'en parle, ons laisse mourir le suffrage universel... Pas d'idée, peux de sujets, a croire que s'est déjà dans la boîte... Je trouve cela très très re...

le 16/05/2024 à 9:13
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il faut tout faire pour que l'europe de mme von der leyen et de m macron creve. cette europe du commerce mondial qui detruit nos industrie notre agriculture et nos culture et nos pays votre vision n'est pas celle des peuple d'europe et de leurs spec...

le 18/05/2024 à 13:27
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Le parlement européen sert au député de notre pays a dire c''est pas nous mais c'est eux qui imposent... En gros ils sont opaque et leur place sert seulement a leur donner des salaires injustifié pour détruire nos vies au profit de la mondialisation....

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