Mauvaises élèves, les cantines scolaires ? D'après les résultats de l'enquête 2023 réalisée par l'Association des maires de Frances (AMF), publiés ce mercredi, seules 18% des communes en France les approvisionnent en produits dits « durables » et « de qualité » à la hauteur des seuils réglementaires. À savoir au moins 50% en valeur d'achat, conformément à la loi Egalim de 2018, complétée par la loi Climat de 2021.
C'est un peu mieux, mais encore loin du compte, pour le bio : 37% respectent l'objectif d'au moins 20% de produits biologiques. En revanche, les communes sont en grande partie dans les clous concernant le choix de menu végétarien, comme prévu dans la loi Climat. 90% respectent cette mesure. Le cadre législatif les oblige à en proposer un au moins une fois par semaine. Option la plus répandue (79% des répondants). 7% des communes vont toutefois plus loin et en proposent quotidiennement.
Ces mesures ne sont néanmoins pas soumises à des sanctions particulières si elles ne sont pas atteintes.
Des produits plus difficiles à trouver...
Pourtant, lors de la précédente édition de cette étude en 2020, « 36% des gestionnaires pensaient pouvoir respecter ces seuils au 1er janvier 2022 », peut-on lire dans le rapport. Parmi les raisons invoquées par les communes pour expliquer cette différence, et, plus globalement, le retard en la matière, 40% des répondantes citent des difficultés plus fortes pour s'approvisionner en raison de l'insuffisance de diversité ou de quantité dans l'offre et 38% à cause de contraintes logistiques.
« Parmi tous les produits classés IGP (ndlr : indication géographique protégée), AOP (ndlr : appellation d'origine protégée) ou label rouge, le plus facile à atteindre c'est le bio qui est très diversifié », a commenté Gilles Pérole, co-président de la commission alimentation et restauration scolaire de l'AMF.
Loin de se laisser abattre, les collectivités ont imaginé des solutions pour tenter de remédier à ces difficultés. Parmi les principales mesures mises en œuvre ou envisagées : « L'approvisionnement en produits locaux (cité par 48% des répondants) et la mise en place d'un projet alimentaire territorial pour impulser une dynamique locale associant les acteurs de la chaîne alimentaire (cité par 21 %) », est-il écrit. D'autres mesures ont été citées comme le groupement d'achats ou autre type de coopération et mutualisation (15%) ainsi que la formation et la réorganisation du personnel (14%).
... et surtout plus chers
Mais c'est surtout le coût de ces produits qui est pointé du doigt comme principal frein (56% des répondants). Près des deux tiers (64%) rencontrent d'ailleurs un surcoût financier lié à l'approvisionnement de ce type de produit. De 10% à 20% pour près de la moitié, voire de 20% à 30% pour le quart.
Ainsi, le coût moyen d'un repas à la charge des communes est passé en trois ans de 7,63 euros à 8,49 euros du fait de la hausse des prix des matières premières, mais aussi des coûts de l'énergie et des frais de personnel. Si bien que 63% d'entre elles ont augmenté leurs tarifs. La hausse reste toutefois « majoritairement inférieure à 10% » avec un tarif demandé aux familles généralement compris « entre 1 et 5 euros », alors que 57% des communes sont confrontées à des impayés.
Au total, 82% des élèves scolarisés dans les écoles publiques fréquentent la cantine, majoritairement gérée en régie (48%).
(Avec AFP)