Crise du bio : la FNSEA réclame « 50 à 100 millions d’euros » à l’Etat pour aider les agriculteurs

Ce vendredi, Arnaud Rousseau, le nouveau président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a appelé le gouvernement à verser « 50 à 100 millions d'euros » aux agriculteurs bio pour les aider. Le bio a connu une baisse de 7,4% de ses ventes en grandes surfaces en 2022, menaçant les 60.000 agriculteurs convertis.
Arnaud Rousseau estime que l'Etat ne fait pas assez pour aider les agriculteurs bio dans une période de crise.
Arnaud Rousseau estime que l'Etat ne fait pas assez pour aider les agriculteurs bio dans une période de crise. (Crédits : Darren Staples)

Première déclaration forte pour le nouveau président du syndicat agricole majoritaire FNSEA. Au micro de France Info ce vendredi 14 avril, Arnaud Rousseau a appelé l'Etat à venir au secours des agriculteurs bio. Pour ce faire, il a réclamé la mise en place d'une aide d'urgence, d'un montant total compris entre 50 et 100 millions d'euros. Pour justifier cette somme, il affirme que les producteurs bio qui « traversent une crise sans précédent ».

« Il est urgent d'aider les producteurs bio qui sont en ce moment dans une difficulté majeure » et il faut « un plan massif », a plaidé le patron de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.

Lire aussiInflation : les ventes de produits bio s'effondrent

« Le gouvernement l'a fait quand il s'est agi d'aider les viticulteurs après le gel (à hauteur de 300 millions d'euros) ou d'aider les producteurs porcins en pleine crise (270 millions). Il faut aider le bio et le projet qui a été annoncé d'une dizaine de millions d'euros n'est pas à la hauteur de l'enjeu », a-t-il taclé.

Une aide publique de dix millions d'euros

« Il faut sortir 50 à 100 millions d'euros rapidement (...). Si on veut une agriculture biologique de proximité, l'objectif ce n'est pas d'importer des produits bio, c'est de les faire chez nous », a également lâché le représentant agricole.

Lire aussiAgriculture: « L'opposition entre "tout bio" et "productivisme" n'est pas réaliste »

Le montant de dix millions d'euros, annoncé par Matignon lors du Salon de l'agriculture fin février, avait été jugé « anecdotique », voire « méprisant » par la filière bio. Alors présidente de la FNSEA, Christiane Lambert avait appelé l'Etat à l'exemplarité, en introduisant « le bio à hauteur de 20% dans les cantines » et à soutenir « une montée en puissance » de ce type d'agriculture plus écologique.

Crise de la demande

La filière bio traverse une crise inédite. Le marché s'est retourné après dix ans d'une croissance à deux chiffres, qui avait dopé les conversions d'agriculteurs conventionnels vers cette production sans pesticides ni engrais chimiques. L'offre bio excède désormais la demande, avec un recul des ventes de 7,4% en grandes surfaces en 2022, selon le panéliste NielsenIQ, poussant des producteurs à jeter l'éponge.

« Aujourd'hui, on assiste à un Big Bang du marché bio. Jusqu'ici, il n'y avait pas assez de produits pour toute la demande de bio. Désormais, la France est la première nation productrice en Europe avec 2,8 millions d'hectares alloués à l'agriculture biologique. Nous pourrions faire « cocorico », mais au moment où on arrive à l'autosuffisance, la demande disparaît », expliquait la directrice de l'Agence bio, Laure Verdeau à La Tribune fin décembre.

Lire aussiCrise du bio : « La demande disparaît, au moment où on arrive à l'autosuffisance »

Pour la directrice de l'Agence bio, la baisse de consommation de produits bio est « avant tout un effet psychologique de la perception du bio comme produit cher ».

« C'est embêtant parce que ce n'est pas vrai, il y n'y a pas qu'un prix du bio, il y a plusieurs prix selon les circuits de vente. L'autre raison est liée à la période post-Covid : les gens veulent s'acheter des billets d'avion et de train, parce qu'ils ont été séquestrés deux ans à cause de l'épidémie. Dès 2021, on a eu des changements de consommation colossaux. Cette année, il y a la crainte du pouvoir d'achat, alors que l'inflation sur le bio est plus faible que celle sur les produits conventionnels », a-t-elle affirmé.

60.000 producteurs menacés

L'agriculture biologique compte quelque 60.000 producteurs sur 10% des surfaces cultivées en France, avec un objectif de passer à 18% des surfaces en 2027, puis 25% d'ici 2030. « Avant de viser les 18%, sauvons déjà les entreprises qui en ce moment sont dans une difficulté majeure », a insisté le nouveau président de la FNSEA.

Pour Laure Verdeau, la clé pour faire redémarrer l'économie du bio est la sensibilisation des consommateurs : « Ce qui nous alerte encore plus est le fait qu'il y ait plus d'un Français sur deux qui estime ne pas être assez informé sur le bio. Pour être une démocratie alimentaire et que les gens votent avec leur porte-monnaie et leur chariot, il faut qu'ils soient informés. »

La FNSEA plaide pour un « chèque alimentaire »

Ce vendredi, Arnaud Rousseau s'est prononcé en faveur de la création d'un dispositif de « un chèque alimentaire », clamant son hostilité au « panier anti-inflation », qui pèse, in fine, sur les producteurs en tirant les prix vers le bas.

Si les Français veulent demain une alimentation française et de qualité dans leur assiette, ce qui est de moins en moins le cas, alors il faut accepter d'en payer le prix, a déclaré le céréalier et industriel des huiles à la radio France Info. « En revanche, nous ne sommes pas favorables au panier anti-inflation parce qu'à nouveau, il exerce une pression à la baisse sur les prix des producteurs français », a-t-il expliqué.

« Le problème de fond est qu'on a délégué notre souveraineté à d'autres pays et l'inflation a explosé depuis que le conflit russo-ukrainien a fait monter, parce que nous n'avons ni l'énergie ni l'alimentation, très sensiblement les prix », a-t-il poursuivi.

« Voir mes compatriotes ne pas être toujours en capacité de se nourrir, c'est un vrai problème, et c'est la raison pour laquelle on a proposé au gouvernement un chèque alimentaire », chiffré à « 1 à 3 euros par jour, ciblé sur ceux qui en ont le plus besoin », a-t-il rappelé.

La FNSEA défend depuis longtemps ce dispositif, qui, selon elle, soulagerait les ménages les plus modestes tout en favorisant des produits français, frais et de qualité. « Le chèque alimentaire ne se fait pas, j'imagine, parce que [le ministre de l'Economie] Bruno Le Maire considère que cela coûte trop cher à la Nation », a estimé Arnaud Rousseau.

(Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 15/04/2023 à 8:47
Signaler
On y arrive. Nos paysans font la mendicité à l'Etat après avoir bénéficier de 75% du budget de La Politique agricole commune (PAC) pendant des années.

à écrit le 15/04/2023 à 0:42
Signaler
Toujours plus de subventions pour les ponctionnaires de l'agriculture qui exportent massivement la production française à l'étranger donc l'argent des français. C'est simplement scandaleux!

à écrit le 14/04/2023 à 20:32
Signaler
Bonjour, Aucune aides a l'agriculture... Encore moins pour l'agriculture biologique.... Le prix de l'alimentation est trops chère et nous n'allons pas en plus les sponsorisés... Je rappelle que les circuits cours devaient réduire les prix , hors ...

à écrit le 14/04/2023 à 18:57
Signaler
Pourquoi l état devrait aider les agriculteurs bio qui se sont mis dans ce mode de culture. Ils ne payent plus de produit phyto pratiquement plus d engrais industriels on des prix plus important que les cultures traditionnelles.des aides PAC plus im...

à écrit le 14/04/2023 à 16:47
Signaler
"vers cette production sans pesticides ni engrais chimiques" LePoint d'avril "Les substances utilisées pour ces cultures sont certes naturelles, mais elles ne sont pas toutes anodines…" (Le sulfate de cuivre est très toxique pour les micro-organismes...

à écrit le 14/04/2023 à 16:23
Signaler
Douteux venant de la FNSEA ! Si par contre c'est pour dire que le bio n'est pas rentable et qu'il n'y a pas d'avenir sans l'agriculture conventionnelle "chimico-pesticive", le message est bien passé.

à écrit le 14/04/2023 à 16:14
Signaler
En échange qu'il supprime les grosses subventions sur les céréales dont le prix a tres largement augmenté, nos chasseurs de primes sont toujours en train de se plaindre MAIS partent en retraite avec un gros patrimoine

à écrit le 14/04/2023 à 15:45
Signaler
Déjà bien avant la période de forte inflation de nombreuses personnes n’achetaient pas des produits bios à cause de leurs prix trop élevés et aujourd’hui on demande à ce que de l’argent public soit employé pour aider les agriculteurs bio donc si l’on...

à écrit le 14/04/2023 à 14:50
Signaler
En résumé, Il faut leur donner de l'argent pour qu'ils passent au bio, Il faut leur donner de l'argent en cas d'évenement climatique de tout genre Il faut leur donner de l'argent quand le demande de produits bio baisses Et il faut augmenter les...

le 14/04/2023 à 15:17
Signaler
C'est le prix à payer pour notre indépendance alimentaire et il en sera de même pour la relocalisation de notre industrie pharmaceutique , notre production d'énergies et autres : tout a un cout !!.

à écrit le 14/04/2023 à 14:23
Signaler
Ça eut payé : Arnaud Rousseau un producteur de grandes cultures succède à une éleveuse de porc. Diplômé d’une école de commerce parisienne, il a travaillé dans le courtage agricole avant de reprendre l’exploitation familiale à Trocy-en-Multien (Se...

le 14/04/2023 à 15:23
Signaler
Il est le deuxième président de la fnsea après Xavier belin à ne pas être éleveur .Le monde agricole miserait il plus sur les cultures que sur l'élevage pour faire plaisir aux végan ?

à écrit le 14/04/2023 à 14:03
Signaler
La FNSEA veut aider ses adhérents qui font du bio au rabais vendu en grandes surfaces ! Rien à voir avec le véritable bio produits par des agriculteurs ou éleveurs qui s'en tirent et ne réclament aucune aide et qui vendent bien leur production à des ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.