Comment les émeutes ont percuté les 100 jours de Macron

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s'est efforcé de défendre le bilan des 100 jours à l'issue du Conseil des ministres ce jeudi à la veille de la fête nationale du 14 juillet. Mais les émeutes ont compromis la promesse d'apaisement d'Emmanuel Macron après l'épisode douloureux de la réforme des retraites.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron n'accordera pas d'entretien pour ce 14 juillet.
Emmanuel Macron n'accordera pas d'entretien pour ce 14 juillet. (Crédits : Reuters)

« Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambitions et d'actions au service de la France ». Après un printemps électrique marqué par le passage au 49-3 de la réforme des retraites, Emmanuel Macron voulait faire redescendre la pression dans tout le pays. Lors d'un discours prononcé le 18 avril, le chef de l'Etat avait promis de faire « un premier bilan le 14 juillet prochain ».  A la veille de la fête nationale, le président de la République a finalement annoncé qu'il ne fera pas d'entretien à la télévision. Au palais de l'Elysée, les conseillers du chef de l'Etat s'efforcent d'expliquer qu'il n'a pris la parole « que deux fois ce jour-là » depuis son élection en 2017. Et que ce n'est pas dans « ses habitudes ».

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Derrière cette communication, le gouvernement reste confronté à une forte défiance de la population et une France déchirée. La mort du jeune Nahel, tué par un policier à bout portant pour avoir refusé d'obtempérer à un contrôle, a provoqué de la sidération et a été le point de départ de violentes émeutes sur l'ensemble du territoire. Et cet épisode de chaos risque de laisser des traces profondes au-delà de la première année du second mandat d'Emmanuel Macron.

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Un bilan des 100 jours largement assombri

Malgré le renoncement du chef de l'Etat à dresser les leçons de cette situation, le gouvernement a tenté de tirer un bilan optimiste de ces trois mois agités. « Les chantiers présentés en avril n'ont pas été en souffrance », a déclaré le porte-parole de l'exécutif, Olivier Véran, lors d'un point presse donné à l'issue du conseil des ministres.

« L'apaisement est symbolisé par plusieurs choses. Les représentants des organisations patronales et syndicales ont été reçus à la table de la Première ministre, des progrès pour les Français ont été faits en ce qui concerne les médecins traitants », a-t-il poursuivi.

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Au lendemain de l'adoption de la réforme des retraites, le gouvernement avait mis les bouchées doubles sur les réformes avec des textes sur le plein emploi, le partage de la valeur. Le chef de l'Etat avait également misé sur la réindustrialisation avec le texte de loi sur l'industrie verte actuellement en discussion au Parlement. Lors de déplacements et au sommet Choose France organisé en grande pompe à Versailles, le quadragénaire a voulu faire oublier les mobilisations sociales inédites depuis plusieurs années contre la réforme des retraites en misant sur des sujets plus consensuels.

Mais ce pari de l'apaisement au milieu d'une France polarisée a échoué aux yeux de quelques observateurs. « Avant la crise des violences urbaines, Emmanuel Macron avait vu s'apaiser la violence des oppositions depuis quelques semaines et pouvait envisager d'entrer dans une phase de réconciliation avec les citoyens, de reconstruction d'un lien détérioré. Cette crise inédite sous sa présidence va élargir le chantier présidentiel de l'apaisement », a expliqué à La Tribune Erwan Lestrohan, directeur conseil chez Odoxa.

La présentation de la planification écologique chamboulée

L'autre signe qui montre que les émeutes ont complètement chamboulé l'agenda du gouvernement concerne la planification écologique. Une grande présentation de la stratégie du gouvernement devait avoir lieu dans la semaine du 14 juillet, puis a été reportée au 17 juillet avant d'être finalement suspendue.

Mais les annonces ont pour l'instant été distillées dans un entretien de la Première ministre accordé au Parisien le week-end dernier. Et la réunion du conseil national de la transition écologique organisée le mercredi 12 juillet a permis au gouvernement d'annoncer quelques détails de la feuille de route. Mais la réunion était moins ambitieuse que celle prévue. « Il n'y pas encore de date programmée sur les propositions du conseil de la planification écologique », a indiqué Olivier Véran.

Un diagnostic en cours

Pour trouver une issue à cette crise, le gouvernement a d'abord apporté une réponse sécuritaire importante. « Le retour au calme passe par l'arrestation de 4.000 personnes. Beaucoup sont passés en comparution immédiate et certains sont sous les verrous », a rappelé le porte-parole de Matignon. Mais ce virage régalien ne sera pas suffisant. Dans une note dévoilée ce jeudi 13 juillet, le groupe de réflexion Terra Nova appelle à aller au-delà du renforcement de l'arsenal sécuritaire déjà bien fourni.

Face au défi de la reconstruction, Emmanuel Macron a chargé l'exécutif de plancher sur un diagnostic de la situation et « a demandé de travailler sur les causes de ces émeutes »« Les comptes-rendus des audiences judiciaires montrent que ce n'est pas en défense de Nahel. Il y a un rapport à l'éducation et à l'emploi. Une partie des explications fait appel à la sociologie », a-t-il ajouté. Autant dire que le projet de loi d'urgence détaillé par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu pour accélérer la reconstruction des bâtiments détruits ou endommagés devra être complété par des mesures ambitieuses de l'exécutif.

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Des rumeurs de remaniement

D'abord pressenti pour le 14 juillet, le remaniement pourrait avoir lieu avant la trêve estivale au mois d'août. « Le remaniement est une décision du président de la République », a souligné Olivier Véran interrogé sur ce point. Pour l'instant, les pronostics vont bon train sur l'ampleur de ce mercato. Dans l'entourage de la Première ministre Elisabeth Borne, certains ont déjà fait leurs cartons.

Son directeur de cabinet Aurélien Rousseau doit quitter Matignon ce jeudi 13 juillet au soir, selon Politico après douze mois intenses. L'ancien patron de l'agence régionale de la santé (ARS) d'Île-de-France, pourtant habitué des crises sanitaires hors normes, n'aura fait qu'une année à ce poste très sensible. D'autres membres de cabinets ministériels pourraient également suivre si Macron annonçait un nouvel exécutif. Les deux prochaines semaines avant la pause estivale du mois d'août pourraient être chargées.

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Grégoire Normand
Commentaires 16
à écrit le 15/07/2023 à 11:20
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La seule chose qui percute les 100 jours est extrémisme Macronien a vouloir tout décider lui même sans écouter personne... Malheureusement pour nous sa dure pas depuis 100 jours mais déjà plus de 6 ans et il en reste encore presque 4...

le 15/07/2023 à 12:20
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Voir 7 de plus ,car si il fait passer le septennat.Il aura toute les chances d'être réélu si il arrive à atteindre le deuxième tour puisque toutes les oppositions actuelles ,syndicats etc.. auront le même réflexe comme en 2022 à appeler à voter pour...

le 15/07/2023 à 20:36
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Le septennat n'est pas possible et sa réélection en 2027 non plus, si il modifie la loi se sera pas pour lui mais pour les suivant autrement il doit passer par le sénat et l'assemblé pour lui même

à écrit le 14/07/2023 à 18:32
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et oui on ne peut pas tout prevoir meme mme soleil mais sans etre devin on sentait bien que le terrain etait chaud je dirais meme brulant petite acalmie pour combien de temps? les policiers en ont ras le bol et le moindre faux pas risque fort h...

à écrit le 14/07/2023 à 14:29
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Renoncement après renoncement, prestations sociales après prestations sociales, trop de français se sont habitués à vivre à crédit, ce qui bien sûr génère une dette énorme qui fera le malheur de nos enfants, mais aussi déresponsabilise trop de jeunes...

à écrit le 14/07/2023 à 13:58
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Une chiffre : 3000 milliards de dettes. Il est temps de dire la vérité aux français Mr Le Président. Faites le nécessaire avant que le FMI ou les marchés s’attaquent à notre pays. L’austérité est à venir. La vraie. Pas celle dont se plaint la LFI et ...

à écrit le 14/07/2023 à 11:30
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Les petits changements à minima, les reformettes homéopathiques, l'addiction de textes législatifs inapplicables, les discours sans conséquences ont fait leur temps. Ce pays a besoin d'une baisse franche et brutale de la dépense publique d'au moins ...

à écrit le 14/07/2023 à 10:14
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La réforme des retraites également lui a fait très mal à la réputation, les français le haïssent depuis mais en effet cela ne l'aurait pas empêcher de se pavaner à la télé.

à écrit le 14/07/2023 à 7:09
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Honnêtement qui croit encore aux discours politiques qui croit encore au Président qui croit encore à son gouvernement. Ce quinquennat est fini. La parole du Président ne porte plus un homme plein de contradictions un homme qui en dehors de sortir le...

le 14/07/2023 à 7:29
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apres un mandat de six ans ce que nous constatons c'est la recolte de toute les erreurs de la macronie la creation de taxe et les gilet jaunes le constat etaucune rectification malgre un j'ai compris une cris sanitaire tres mal gere une crise...

à écrit le 14/07/2023 à 7:07
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Qu'il traverse la rue... Sérieusement il est la victime de ses propres certitudes et de son arrogance sans limite. Après son entourage est fait du même bois, des personnes hors sol bien formées mais si haut perchées et loin des réalités que le ...

à écrit le 14/07/2023 à 6:30
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Notre président aurait-il le courage de vivre un Waterloo comme De Gaulle, avec un référendum?

le 14/07/2023 à 8:30
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il se moque de la france comme des francais son ideal est la mondialisation et il est le seul a croire a son idee plus personne au monde croit a la democratie forme parfaite pour humanite puisque torpiller par les ecolos le wokisme et autre fémini...

à écrit le 13/07/2023 à 19:41
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veran ferait mieux de retourner bosser a lhopital ou il y a grand besoin de toubib oui c'est pas le meme salaire alors on se cramponne peu importe s'il nous raconte des ballivernes le bla bla bla sa paye bien triste tout cela on est quand meme pa...

à écrit le 13/07/2023 à 18:27
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Rien ne vaut le discours prononcé le 28 août 1963 par Martin Luther King durant la marche pour l'emploi et la liberté: "I have a dream". La Macronie peut toujours prendre de la graine avant d'ouvrir le bec!

à écrit le 13/07/2023 à 18:11
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Il en est la "cause" et ne veut voir que la "conséquence" des autres! ;-)

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