Budget : Attal annonce une mission sur la taxation des rentes

Par latribune.fr  |   |  702  mots
Gabriel Attal a redit que le gouvernement envisageait toujours de ramener le déficit à 3% du PIB en 2027. (Crédits : LUDOVIC MARIN)
Le Premier ministre a confié une mission à Jean-René Cazeneuve, rapporteur du budget, a annoncé Matignon ce mardi. Ces dernières semaines, la majorité n'a cessé de se diviser sur les solutions à apporter pour éponger le déficit.

Une semaine après la publication du chiffre du déficit 2023 par l'Insee, le gouvernement continue de chercher des pistes d'économies désespérément. Dans ce contexte, une mission de la majorité fera « d'ici à juin » des propositions « sur la taxation des rentes », a annoncé Gabriel Attal ce mardi devant le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, selon Matignon.

« J'ai souhaité confier une mission à notre majorité, une mission conduite par Jean-René Cazeneuve, notre rapporteur du budget, avec un représentant de chaque groupe » de la majorité, a-t-il précisé.

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Pour la mission sur la « taxation des rentes », Nadia Hai représentera Renaissance, Jean-Paul Mattei le Modem, et un autre député qui n'a pas encore été désigné le groupe Horizons, a-t-il complété.

« On va trancher ce débat ensemble, car on ne doit pas subir, mais on doit être à l'offensive. Maîtriser les débats qui montent dans l'opinion. Faire des propositions et décider. Mais on doit surtout avancer de manière coordonnée, cohérente. C'est l'objet de cette mission », a expliqué le chef du gouvernement.

Ressouder la majorité

Gabriel Attal a souhaité que « toute la majorité soit associée » à ce travail et que chaque composante fasse « remonter (ses) propositions » à Jean-René Cazeneuve. Il a redit que le gouvernement envisageait toujours de ramener le déficit à 3% du PIB en 2027.

Le déficit public de la France a atteint 5,5% du PIB en 2023 selon l'Insee, soit 15,8 milliards d'euros de plus que prévu. Dix milliards d'euros d'économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncés pour 2025. Jusqu'ici le gouvernement a opéré par décret, sans recourir à un budget rectificatif qui impliquerait de repasser devant le Parlement, mais qui ressusciterait la menace d'une motion de censure. Or, celle-ci, si elle était portée ou soutenue par la droite, aurait le plus de chances d'être adoptée.

Le Premier ministre a rappelé que, la semaine prochaine, le gouvernement donnerait « la trajectoire qui permettra d'atteindre les 3% en 2027 » et que « fin juin, comme tous les ans, on dira comment on y arrive, avec les recettes, et donc les conclusions de cette mission, mais aussi avec les dépenses, et notamment les économies structurantes et intelligentes ».

De manière générale, « c'est important de garder notre cohérence et ne pas se laisser intoxiquer par les oppositions qui laisseraient croire que nous n'avons pas de boussole », a souligné le Premier ministre en fustigeant « les faiseurs de malheurs incapables de prendre des initiatives ».

Alors que plusieurs ténors de « l'aile gauche » de la majorité ont exprimé leur opposition à une réduction de la durée de l'indemnisation des demandeurs d'emploi, le locataire de Matignon, lui, persiste et signe. Gabriel Attal a affirmé que « nous devons assumer » une réforme de l'assurance chômage « pour construire un pays plus fort ».

« C'est grâce à l'emploi que nous pourrons désendetter le pays et réarmer nos services publics », a-t-il estimé, avançant que cette réforme a pour but de faciliter le retour des chômeurs à une activité.

Les députés LR lancent une commission d'enquête sur l'aggravation de la dette

En conférence des présidents de l'Assemblée, le patron du groupe LR, Olivier Marleix, a évoqué ce mardi le lancement d'une commission d'enquête sur l'aggravation de la dette. Dans le détail, le groupe va faire usage de son droit de tirage annuel, qui lui permet d'obtenir de facto la création de cette commission, a expliqué une source LR.

Les Républicains entendent plus précisément lancer une enquête parlementaire sur « les raisons de la très forte croissance de la dette française sous la présidence d'Emmanuel Macron et ses conséquences sur le pouvoir d'achat des Français ».

Accusant le gouvernement d'avoir « trompé la représentation nationale et la confiance des Français », en présentant un budget à l'automne dernier frappé d'« insincérité », le patron de LR Eric Ciotti a écrit vendredi à Gabriel Attal pour réclamer le passage par un budget rectificatif.

(Avec AFP)