Assurance chômage : la gauche vent debout contre le projet de décret de la réforme

Par latribune.fr  |   |  629  mots
La sénatrice socialiste Laurence Rossignol se demande si le gouvernement « a compris dans quel pays il vit ».
Plusieurs responsables politiques de gauche ont qualifié de « scandaleux » le projet de décret du gouvernement qui prévoit une réduction possible de la durée d'indemnisation de l'assurance-chômage de 40% si le taux de chômage passait sous les 6%. Ce n'est pas de la science-fiction : le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A (sans activité) a diminué de 2,1% en novembre par rapport à octobre, avec 65.800 chômeurs en moins, à 3,026 millions. Le gouvernement espère 100 à 150.000 retours à l'emploi supplémentaires en 2023 grâce à la réforme.

Après les syndicats, c'est au tour des responsables politiques de gauche de s'en prendre au décret, dévoilé le 23 décembre, qui vise à réformer l'assurance chômage. Comme annoncé fin novembre, ce texte prévoit une baisse de 25% de la durée d'indemnisation pour tous les demandeurs d'emploi qui ouvrent des droits à partir du 1er février en métropole. Fait nouveau, qui cristallise les mécontentements, il est envisagé que la durée d'indemnisation soit réduite de 40% et non de 25%, lorsque le taux de chômage passe sous les 6% (il est actuellement à 7,3%).

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« C'est une mesure qui est scandaleuse parce qu'elle va accroître la pauvreté dans notre pays, parce qu'elle répand l'idée fausse selon laquelle les chômeurs seraient des gens qui profitent du système », a critiqué sur LCI le porte-parole du PCF Ian Brossat. « Arrêtons avec cette démagogie-là, c'est une très très mauvaise décision du gouvernement et les syndicats ont raison de s'en indigner comme ils le font », a-t-il ajouté, en se demandant dans « quel cerveau malade a émergé l'idée selon laquelle pour que les gens travaillent, il faut leur mettre la tête sous l'eau ».

Baril de poudre

« Sur le fond, je pense que c'est cruel » et « sur la méthode, je me demande si ce gouvernement a compris dans quel pays il vit, sur quel baril de poudre il est assis », a déploré sur France Inter la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. « A force de contourner les syndicats, les corps intermédiaires, Emmanuel Macron s'expose à ce que ce soit un fichu bazar dans le pays comme ça a été le cas avec la grève des contrôleurs que personne ne maîtrisait ».

« Le gouvernement fait la guerre aux chômeurs plutôt qu'au chômage »

L'eurodéputée LFI Manon Aubry s'est fendue d'un tweet cinglant: « Un projet de décret envoyé en catimini un 23 décembre prévoyant de réduire jusqu'à 40% de la durée d'indemnité chômage ! Ce gouvernement n'a qu'un maître-mot : faire la guerre aux chômeurs plutôt qu'au chômage ». Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a ironisé sur « le cadeau de Noël des macronistes ».

« Non seulement ce n'est pas figé » mais ce décret ne serait valable que pour 2023, a défendu lundi le député Renaissance Mathieu Lefèvre sur RMC/BFMTV. Et « il y a peu de chance qu'en 2023, on passe sous les 6% de chômage ». Rien n'est moins sûr. En effet, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A (sans activité) a diminué de 2,1% en novembre par rapport à octobre, avec 65.800 chômeurs en moins à 3,026 millions, selon les chiffres du ministère du Travail publiés mardi. En incluant l'activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi en France (hors Mayotte) ne diminue que de 0,4% (-19.400) et s'établit à 5,394 millions, selon le service statistiques du ministère du Travail (Dares). Sur un an, la baisse en catégorie A est de 9,8%. Pour les catégories A, B et C, elle est de 5,3%. Les derniers résultats trimestriels publiés fin octobre avaient fait état d'une stabilité au troisième trimestre par rapport au deuxième, à 3,164 millions d'inscrits (-1.700).

Quoiqu'il en soit, sur le fond, Mathieu Lefèvre « assume pleinement » la réduction de la durée d'indemnisation car « parfois, il y a des gens qui refusent des offres d'emploi, qui se soustraient, qui ne se présentent pas ». Lorsqu'on a du mal à recruter, « ce n'est pas possible ». Le gouvernement espère 100 à 150.000 retours à l'emploi supplémentaires en 2023 grâce à la réforme.