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A l'origine, la réforme de l'assurance-chômage devait être présentée la semaine dernière, mais l'attaque du fourgon pénitentiaire ainsi que la crise en Nouvelle Calédonie a repoussé l'agenda prévu. Et parfois les changements de calendrier ont du bon. C'est ce que se sont dit les partenaires sociaux en étant invités à venir échanger rue de Grenelle, cette semaine ,avec Catherine Vautrin, des derniers arbitrages de la réforme. La ministre du Travail reçoit, en bilatérale, les syndicats, à partir de ce mardi. Le rendez vous avec le Medef est prévu le 28 mai.
Reste que les syndicats comme le patronat ne se font guère d'illusion sur l'issue de ces échanges. Car à l'origine, la réforme devait être présentée avant ces rendez vous. « C'est beaucoup plus pour la forme qu'autre chose », assure François Hommeril, de la CFE-CGC, très remonté par cette réforme qui va encore durcir les droits des chômeurs. Et il n'est pas le seul. De la CGT à la CFDT, en passant par FO, tous font bloc pour dénoncer la politique d'Emmanuel Macron sur ce dossier.
Front commun avec le groupe Liot
Preuve en est, ce mardi, les dirigeants des quatre principaux syndicats ont tenu une conférence de presse, à l'Assemblée nationale, aux côtés des députés du groupe Liot - Libertés, indépendants, outre-mer et territoires-. Objectif : présenter une proposition de loi qui vise à protéger le modèle d'indemnisation des demandeurs d'emploi. Ce texte a pour objectif de contrecarrer le projet de l'exécutif qui veut changer les modalités et durcir les droits des demandeurs d'emploi dès le 1er juillet prochain.
Et une fois n'est pas coutume, la démocratie sociale et la démocratie politique ont accepter de se réunir, pour tenter, de faire entendre leurs voix. « Même si tout semble plié, il faut dénoncer ce que fait le gouvernement », assure ainsi François Hommeril. Même son de cloche pour Marylise Léon de la CFDT qui estime « faire oeuvre utile à la tenue d'un débat au Parlement ». Sophie Binet de la CGT, souligne « une excellente initiative pour donner de la résonance ».
La promesse de contracyclicité non tenue
Au coeur de leur revendication, la remise en cause du système de « contracyclicité », mise en place par la macronie lors de la dernière réforme dans le but, de moduler les protections des demandeurs d'emploi en fonction du marché du travail. Quand la conjoncture s'assombrit, les demandeurs d'emploi sont mieux protégés, les modalités d'attribution d'indemnités sont plus souples, en revanche, quand l'économie est meilleure, elles se resserrent.
Les députés - et syndicats- estiment que la promesse n'est plus tenue, puisque par décret, le gouvernement s'apprête à durcir les règles, alors même que le taux de chômage remonte légèrement. Pour répondre à ces critiques, le gouvernement envisage de rajouter des éléments de « contracyclicité » dans son texte. Mais, là encore, les syndicats comme les députés se montrent circonspects. A charge pour Catherine Vautrin de tenter de calmer les oppositions des syndicats, avant la présentation du texte, avec Gabriel Attal.
Présentation semaine prochaine de la réforme
Car quoi qu'il en soit, le gouvernement prévoit dévoiler sa copie la semaine prochaine. En effet, pour l'adoption d'un décret et appliquer la réforme dès le 1er juillet, il faut laisser un mois au Conseil d'Etat pour qu'il examine le texte.
Par ailleurs, alors que l'agence Standard & Poor's soit se prononcer le 31 mai sur la note financière de la France, l'exécutif entend bien montrer, avec ses annonces sur l'assurance-chômage, sa capacité à réformer le pays et faire entrer de l'argent dans les caisses. La réforme pourrait rapporter des milliards d'économies, en fonction des réglages qui seront adoptés.
Dans les sondages, les Français se montrent plutôt favorables à une réforme qui vise, selon le discours gouvernemental, à remettre les Français au travail. A quelques jours des élections européennes, le gouvernement ne saurait se priver de quelques voix supplémentaires.
Reste que le texte porté par le groupe Liot doit être examiné en séance publique le 13 juin. La gauche devrait s'y associer. Une partie de la macronie peu à l'aise avec la réforme portée par le gouvernement pourrait y être sensible... De quoi, encore, animer les débats dans l'hémicycle après les européennes.