L'Iran ne tolérera pas d'agression contre ses intérêts, dit Pezeshkian à Macron

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Le president iranien massoud pezeshkian[reuters.com]
(Crédits : Majid Asgaripour)

DUBAI/PARIS (Reuters) - L'Iran ne restera pas silencieux face à une agression, a déclaré mercredi lors d'un entretien téléphonique le président iranien Massoud Pezeshkian à son homologue français Emmanuel Macron, lequel a appelé Téhéran à "sortir de la logique de représailles" dans un contexte d'escalade des tensions régionales.

L'assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, mercredi dernier alors qu'il se trouvait à Téhéran pour assister à la cérémonie d'investiture de Massoud Pezeshkian, a exacerbé les tensions entre l'Iran et Israël en marge de la guerre dans la bande de Gaza depuis dix mois.

Téhéran et le Hamas palestinien imputent cet assassinat à l'Etat hébreu, qui ne l'a pas revendiqué mais a dit avoir infligé récemment de "lourds revers" à l'Iran et ses milices alliées, citant le Hamas et le Hezbollah libanais, dont un haut commandant a été abattu la semaine dernière dans une frappe israélienne en périphérie de Beyrouth.

"L'Iran ne restera jamais silencieux face à une agression contre ses intérêts et sa sécurité", a dit Massoud Pezeshkian à Emmanuel Macron, selon des propos rapportés par la presse officielle iranienne. Le président iranien a également critiqué Israël pour son offensive dans la bande de Gaza.

"Si les États-Unis et les pays occidentaux cherchent vraiment à empêcher une guerre dans la région, ils doivent forcer ce régime à arrêter le génocide et les attaques contre Gaza et à accepter un cessez-le-feu", a-t-il dit en référence à Israël.

Emmanuel Macron a pour sa part exhorté son homologue iranien à "tout faire pour éviter une nouvelle escalade militaire, qui n'aurait d'intérêt pour personne, y compris l'Iran, et qui nuirait durablement à la stabilité régionale", a fait savoir l'Elysée.

Il a exprimé le souhait de "sortir de la logique de représailles et préserver les populations civiles", demandant à l'Iran d'appeler "les acteurs déstabilisateurs qu'il soutient à la plus grande retenue pour éviter un embrasement".

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répété mardi lors d'une allocution que le mouvement chiite armé apporterait une "réponse forte" à l'assassinat de son haut commandant Fouad Chokr, évoquant l'hypothèse d'une opération conjointe avec des groupes régionaux alliés comme les Houthis yéménites.

Une réunion d'urgence de l'Organisation de la coopération islamique s'est tenue mercredi en Arabie saoudite à la demande de l'Iran afin de discuter de la mort d'Ismaïl Haniyeh, qui menait notamment les négociations indirectes avec Israël sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération des otages détenus dans l'enclave.

Le Hamas a annoncé mardi avoir nommé Yahya Sinwar, jusque-là son numéro un pour la bande de Gaza, comme nouveau chef politique. Sinwar est considéré comme le cerveau de l'attaque du 7 octobre dernier menée par le groupe palestinien dans des localités israéliennes.

Peu après le compte-rendu de l'entretien entre Massoud Pezeshkian et Emmanuel Macron, le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri Kani, a déclaré dans un communiqué que la réponse de Téhéran à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh aurait lieu "au moment opportun" et serait "appropriée".

(Parisa Hafezi et Elwely Elwelly à Dubaï, Elizabeth Pineau à Paris, rédigé par Kate Entringer et Jean Terzian, édité par Tangi Salaün)