Israël veut punir le Hezbollah mais éviter une "guerre généralisée"

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Une vue des banlieues sud de beyrouth[reuters.com]
(Crédits : Mohamed Azakir)

par Maayan Lubell et Maya Gebeily

BEYROUTH/JÉRUSALEM (Reuters) - Israël entend frapper le Hezbollah après l'attaque meurtrière sur le plateau du Golan, qu'il impute au mouvement chiite libanais, tout en évitant un embrasement régional, ont assuré lundi quatre responsables israéliens à Reuters.

Deux d'entre eux ont précisé que Tsahal se préparait à la possibilité de "quelques jours de combats", en représailles au tir de roquette qui a tué samedi 12 enfants et adolescents sur un terrain de football de Majdal Shams, un village druze du Golan, territoire syrien occupé par Israël.

Les autorités israéliennes, ainsi que les Etats-Unis, ont dénoncé une attaque du Hezbollah, ce que le mouvement soutenu par l'Iran dément. Ce dernier affirme avoir tiré un missile sur une position militaire du Golan.

Israël a déclaré que la roquette tombée sur le stade de football était un projectile iranien sol-sol de type Falaq-1. La Maison blanche a dit pour sa part dimanche soir que le tir meurtrier venait d'une zone contrôlée par le Hezbollah libanais.

L'attaque, survenue en parallèle de la guerre dans la bande de Gaza, laisse craindre une escalade d'ampleur dans la région. Les diplomaties occidentales s'activent pour éviter l'ouverture d'un nouveau front.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a appelé lundi le président israélien, Isaac Herzog, pour rappeler la nécessité d'éviter une escalade funeste dans la région, a fait savoir le département d'Etat.

Le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a déclaré lundi sur X avoir discuté avec ses homologues israélien et libanais des efforts possibles en vue d'une désescalade. "Rompre la spirale de la violence est possible", écrit-il.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a annoncé, également sur X, s'être entretenu avec le Premier ministre libanais, Najib Mikati, dont il a salué l'appel à la retenue.

Le président Emmanuel Macron a déclaré dimanche lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, que la France était "pleinement engagée à tout faire pour éviter une nouvelle escalade dans la région", a rapporté l'Elysée.

"RIPOSTE SIGNIFICATIVE"

"L'analyse est que la réponse (israélienne) ne va pas conduire à une guerre généralisée", a dit à Reuters l'une des quatre sources israéliennes - une source diplomatique - sous le sceau de l'anonymat, comme les trois autres.

Le cabinet de sécurité israélien a donné dimanche son feu vert à Benjamin Netanyahu et à son ministre de la Défense Yoav Gallant pour le choix des modalités et du calendrier d'une riposte.

Le journal israélien Yedioth Ahronoth, qui cite des sources non identifiées, évoque une riposte "limitée mais significative".

Il pourrait s'agir d'une attaque contre des infrastructures sur le sol libanais, comme des ponts, des centrales électriques ou des ports, de frappes sur les dépôts d'armement et de munitions du Hezbollah ou d'actions ciblées sur des responsables militaires du mouvement, précise l'article.

Un conflit meurtrier a opposé le Hezbollah à Israël en juillet et août 2006, durant 33 jours.

Les accrochages ont gagné en nombre et en intensité à la frontière israélo-libanaise depuis l'attaque du Hamas contre le nord d'Israël le 7 octobre dernier et le conflit qui a suivi dans la bande de Gaza. Le Hezbollah a déclaré que ses attaques - drones et roquettes - cesseraient au retrait de l'armée israélienne de l'enclave israélienne.

Deux combattants du Hezbollah ont été tués par un drone israélien lundi dans le Sud-Liban, a-t-on appris de sources sécuritaires. Trois personnes, dont un enfant, ont également été blessées, a dit un représentant de la sécurité civile libanaise. Il s'agit de la première attaque meurtrière sur le territoire libanais signalée depuis le tir contre Majdal Shams.

L'état-major israélien a annoncé par ailleurs que la défense anti-aérienne avait abattu en Galilée occidentale (Nord) un drone en provenance du Liban.

Face à ces menaces, plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, ont annulé leurs vols à destination de Beyrouth, jusqu'à nouvel ordre.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé "urgemment" lundi à ses ressortissants de quitter le Liban - leur nombre est évalué à environ 1.300.

(Reportage James Mackenzie à Jérusalem et Maya Gebeily à Beyrouth; rédigé par Tom Perry; version française Pauline Foret et Sophie Louet)