France : LFI veut relancer la bataille des retraites à l'Assemblée

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Mathilde panot a l'assemblee nationale a paris[reuters.com]
(Crédits : Sarah Meyssonnier)

PARIS (Reuters) - Une proposition de loi va être déposée pour abroger la réforme des retraites, a annoncé mardi la présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, alors que les négociations au sein du Nouveau Front populaire (NFP) restent dans l'impasse sur la désignation d'un candidat pour Matignon.

"Aujourd'hui, nous déposons une proposition de loi pour abroger la réforme de la retraite à 64 ans", a déclaré la députée du Val-de-Marne sur France Inter.

"Lorsque nous la soumettrons à l'Assemblée nationale, chacun prendra ses responsabilités pour savoir s'il veut, oui ou non, faire tomber un gouvernement sur la question de l'abrogation de la retraite à 64 ans", a-t-elle ajouté, disant tendre la main à "l'ensemble des députés qui, lors de la précédente législature, avait déjà voté contre".

"Il y avait déjà une majorité dans la précédente législature pour battre la retraite à 64 ans", a poursuivi Mathilde Panot, rappelant que la réforme a été adoptée via l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution et sans vote à l'Assemblée nationale. "Je pense qu'il y a une majorité encore plus grande aujourd'hui."

"Le Rassemblement national a des députés, ils feront ce qu'ils veulent. Mais je le dis aujourd'hui, y compris avec des députés de droite, des députés [du groupe centriste] Liot, les 193 députés du Nouveau Front populaire, nous avons la majorité pour abroger cette réforme des retraites."

Interrogé par la suite sur BFMTV, le député Rassemblement national (RN) Laurent Jacobelli a affirmé que son groupe voterait la proposition de loi de LFI. "C'est fidèle à notre programme", a-t-il dit.

Le dépôt d'une proposition de loi n'intervient qu'à l'issue d'un examen de sa recevabilité financière par le Bureau, plus haute autorité collégiale du Palais-Bourbon et où le NFP a remporté la majorité des sièges.

"Voilà pourquoi il était si important d'obtenir la majorité au Bureau de l'Assemblée : permettre la recevabilité de cette proposition de loi", a commenté sur X le député LFI Antoine Léaument.

Contactée par Reuters, l'Assemblée nationale a indiqué qu'"à ce jour, la proposition de loi [de LFI sur les retraites] n'a pas été formellement déposée". Elle a ajouté ne pas avoir d'information quant à la date d'un examen de cette proposition par le Bureau.

"On attend encore quelques signatures mais ils la recevront au plus tard cet après-midi", a précisé une source à LFI.

L'article premier du texte de la proposition de loi consulté par Reuters "abroge le report de l'âge légal de départ à 64 ans ainsi que l'accélération de la hausse de la durée de cotisation à 172 trimestres".

Cette réforme, largement contestée dans la rue, a été promulguée en avril 2023.

L'actuelle session de droit de l'Assemblée nationale, qui s'est ouverte le 18 juillet, doit prendre fin le 1er août au soir et la reprise des travaux du Parlement en session ordinaire est prévu le 1er octobre.

IMPASSE

L'offensive de LFI sur la réforme des retraites intervient alors que les discussions ont repris au sein du NFP pour désigner un candidat au poste de Premier ministre. "Nous avançons pas à pas", a indiqué mercredi Mathilde Panot sans vouloir s'avancer sur une date.

Pour l'heure, aucune issue ne semble en vue après le désistement de Laurence Tubiana, proposée par les socialistes, les communistes et les écologistes mais refusée par LFI, et celui de la présidente de la région Réunion Huguette Bello, qui avait les faveurs des insoumis mais s'est heurtée au refus du Parti socialiste.

"C'est trop tard", a regretté mercredi le député du groupe Écologiste et Social et ex-LFI François Ruffin, dénonçant une "fenêtre d'opportunité" qui s'est refermée.

Interrogé sur la "trêve" évoquée la veille par Emmanuel Macron le temps des Jeux Olympiques, il a jugé qu'elle avait "lieu de fait car il n'y a pas de combattants".

Alors que les JO débutent vendredi, jusqu'au 11 août, le scénario d'un maintien du gouvernement démissionnaire sur cette période semble de plus en plus probable.

Emmanuel Macron doit s'exprimer dans la soirée lors d'une interview à France Télévisions et Radio France, la première organisée depuis le second tour des élections législatives.

(Rédigé par Blandine Hénault, avec la contribution d'Elizabeth Pineau, édité par Kate Entringer)