GB-Le Labour vers un raz-de-marée aux législatives pour prendre le pouvoir

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Elections legislatives en grande-bretagne[reuters.com]
(Crédits : Lesley Martin)

par Andrew MacAskill, Elizabeth Piper et Alistair Smout

LONDRES (Reuters) - Le Parti travailliste a obtenu un succès massif lors des élections législatives de jeudi en Grande-Bretagne, montre un sondage de sortie des urnes, portant au pouvoir son chef de file Keir Starmer en remplacement du conservateur Rishi Sunak, dont le parti devrait subir un revers d'une ampleur historique.

D'après le sondage de sortie des urnes, généralement fiable lors des dernières élections britanniques, le Labour a remporté 410 des 650 sièges du Parlement, mettant fin à quatorze années de majorité conservatrice.

Les Tories sont crédités seulement de 131 sièges, contre 346 avant la dissolution du Parlement annoncée en mai, illustrant le mécontentement des électeurs à l'égard du coût de la vie, des scandales à répétition et des luttes internes chez les conservateurs, avec cinq Premiers ministres successifs depuis 2016.

Les libéraux-démocrates devraient remporter 61 sièges tandis que le parti populiste "Reform UK" de Nigel Farage, l'une des figures pro-Brexit qui s'était lancée de manière inattendue dans la campagne électorale, s'adjugerait 13 sièges.

Sur les six dernières élections nationales, les résultats définitifs ont contredit seulement une fois le sondage de sortie des urnes - en 2015, lorsqu'un Parlement fragmenté était annoncé mais que les conservateurs ont remporté la majorité.

Des résultats officiels doivent être communiqués dans les prochaines heures.

Si des élections législatives étaient attendues cette année, Rishi Sunak a surpris les députés et un grand nombre de membres de son parti en convoquant le 22 mai des élections anticipées, alors même que le Labour était crédité d'une vingtaine de points d'avance sur les Tories dans les enquêtes d'opinion.

Rishi Sunak, arrivé au pouvoir en octobre 2022, espérait que l'écart se réduirait à l'approche du scrutin, comme c'est traditionnellement le cas lors des élections britanniques, mais la campagne des conservateurs s'est avérée ratée.

ORAGES INTERNES

Comme un symbole, devant sa résidence du 10 Downing Street, le dirigeant conservateur avait effectué trempé, sous un déluge, l'annonce de la tenue du scrutin anticipé. Par la suite, un scandale a éclaté avec la découverte que des candidats conservateurs avaient parié sur la date des élections.

Rishi Sunak a aussi provoqué la colère de vétérans de l'armée britannique en écourtant le mois dernier sa participation aux commémorations du Débarquement en Normandie pour prendre part à une interview télévisée, des membres de son Parti conservateur s'interrogeant alors sur son flair politique.

Pour les Tories, si les résultats officiels confirment le sondage de sortie des urnes, il s'agira du pire résultat électoral depuis la création du parti en 1834.

A l'inverse, Keir Starmer peut savourer un incroyable revirement alors que, il y a trois ans à peine, partisans et détracteurs du Labour jugeaient le parti empêtré dans une crise existentielle après la nouvelle perte remarquée d'un siège parlementaire au profit du parti conservateur au pouvoir.

Mais, depuis lors, une série de scandales ont secoué les Tories, au premier rang desquels le "Partygate" - les révélations sur les fêtes organisées à Downing Street en violation des mesures de confinement imposées par le gouvernement alors dirigé par Boris Johnson, arrivé au pouvoir en 2019 auréolé d'une victoire historique lors des législatives.

Dès novembre 2021, le Parti conservateur a perdu l'ascendant dans les enquêtes d'opinion, après un pic jamais aperçu dans l'ère Margaret Thatcher. Boris Johnson a été poussé à la démission à l'issue d'une rébellion d'élus conservateurs dont Rishi Sunak, alors ministre des Finances, fut l'un des artisans.

Liz Truss a alors remplacé Boris Johnson à la tête des Tories et du gouvernement pendant seulement six semaines, désastreuses, avant que Rishi Sunak ne lui succède.

Bien que les enquêtes d'opinion suggèrent que Keir Starmer suscite peu d'enthousiasme, le message très simple qu'il a porté - l'heure du changement est venue - semble avoir résonné auprès des électeurs britanniques.

(Michael Holden et Kate Holton; version française Jean Terzian)