Royaume-Uni : Les Britanniques aux urnes pour des législatives anticipées, le Labour favori

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Panneau de direction d'un bureau de vote[reuters.com]
(Crédits : Maja Smiejkowska)

par Kate Holton

LONDRES (Reuters) - Les Britanniques ont commencé à voter jeudi pour des élections législatives lors desquelles le parti travailliste semble en passe de détrôner le gouvernement conservateur, au pouvoir depuis 14 ans.

D'après les sondages, le Labour devrait remporter une large victoire face aux Tories, ce qui permettrait à Keir Starmer, 61 ans, d'accéder dès vendredi au poste de Premier ministre en remplacement de Rishi Sunak, qui occupe le 10 Downing Street depuis 2022.

"La Grande-Bretagne peut écrire aujourd'hui un nouveau chapitre", a déclaré Keir Starmer dans un communiqué publié jeudi à l'intention des électeurs. "Nous ne pouvons pas nous permettre cinq années supplémentaires avec les conservateurs, mais un changement n'interviendra que si vous votez pour le Labour."

Les 40.000 bureaux de vote du pays ont ouvert à 08h00 (06h00 GMT).

Face aux sondages défavorables, le chef de file des conservateurs, Rishi Sunak, qui a convoqué au mois de mai ces élections législatives anticipées, cherche désormais à minimiser l'ampleur de sa défaite.

Il a tenté de rallier les électeurs en avertissant qu'un gouvernement travailliste procéderait à des hausses d'impôts, entraverait la reprise économique et affaiblirait la Grande-Bretagne dans un contexte de tensions géopolitiques accrues.

"Ils porteront un coup terrible à notre pays et à notre économie, comme ils l'ont fait la dernière fois qu'ils étaient au pouvoir", a prévenu Rishi Sunak. "Ne laissez pas cela se produire."

Les bureaux de vote fermeront à 22h00 (21h00 GMT). Les résultats détaillés sont attendus tôt vendredi.

PUNIR LE GOUVERNEMENT

La crise du coût de la vie après la pandémie de COVID-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie n'a pas épargné la Grande-Bretagne qui, si les sondages d'opinion ont vu juste, s'apprête comme d'autre pays européens avant lui, à punir ses dirigeants via les urnes.

Contrairement à la France, où se déroulent dimanche le second tour des élections législatives, le pays se dirigerait donc vers le centre gauche plutôt que l'extrême droite.

Les sondages prédisent au parti travailliste l'une des plus grandes victoires électorales de l'histoire britannique, avec une majorité probable au Parlement qui dépasserait celle obtenue par Tony Blair ou Margaret Thatcher, même si un grand nombre d'électeurs restent indécis et que le taux de participation pourrait s'avérer faible.

Keir Starmer, ancien directeur du Parquet général pour l'Angleterre et le Pays de Galles, a succédé à la tête du Labour au vétéran socialiste Jeremy Corbyn après la pire défaite électorale du parti en 2019.

Parallèlement, les Tories ont implosé, déchirés par les multiples scandales autour de l'ancien Premier ministre Boris Johnson et les divisions qui ont suivi le vote en faveur de la sortie de l'Union européenne.

STABILISER LE NAVIRE

Après Boris Johnson, qui a malmené la réputation du parti, et Liz Truss, qui a érodé sa crédibilité économique, Rishi Sunak s'est vu confier la tâche de stabiliser le navire.

Durant son mandat, l'inflation est revenue à l'objectif de 2% de la Banque d'Angleterre après avoir culminé à 11,1%, un plus haut de 41 ans. Rishi Sunak a aussi résolu certaines tensions liées au Brexit, sans parvenir toutefois à remonter dans les sondages d'opinion alors que sa campagne électorale a été entachée de multiples gaffes.

L'arrivée inattendue de Nigel Farage à la tête du parti de d'extrême droite "Reform UK" a également affaibli le vote conservateur, tandis que le parti des Libéraux-démocrates pourrait siphonner des voix aux Tories dans les régions du sud de l'Angleterre plus aisées.

Parallèlement, Keir Starmer pourrait tirer partie de la remontée du Parti travailliste en Écosse après que le Parti national écossais a été éclaboussé par un scandale financier.

Si le dirigeant travailliste a construit sa campagne en promettant le "changement" face à la colère contre l'état des services publics et la baisse du niveau de vie, sa marge de manœuvre au 10 Downing Street pourrait s'avérer très mince en raison des finances publiques dégradées.

La dette du secteur public britannique a dépassé en mai 100% du produit intérieur brut (PIB), un plus haut depuis 1961.

(avec la contribution de William Schomberg; version française Camille Raynaud et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)