par Chiara Holzhaeuser et Andrew Cawthorne

BERLIN (Reuters) - L'UEFA, l'instance dirigeante du football européen, a ouvert une enquête mercredi sur la célébration d'un but par le défenseur central turc Merih Demiral, un "salut du loup" que l'Allemagne a jugé raciste en raison de ses associations avec l'extrême droite.

Le défenseur de 26 ans a levé ses deux mains, joint ses pouces à ses majeurs et annulaires, tout en gardant l'auriculaire et l'index levés après son deuxième but lors de la surprenante victoire mardi de la Turquie sur l'Autriche (2-1) en huitièmes de finale de l'Euro 2024.

Ce geste, qui imite la forme d'une tête de loup, est lié aux "Loups gris", une branche ultra-nationaliste du Parti d'action nationaliste (MHP) de Turquie, qui s'est allié à l'AKP, parti du président Recep Tayyip Erdogan.

"Les symboles de l'extrême droite turque n'ont pas leur place dans nos stades", a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, dans un message publié sur X. "Il est tout à fait inacceptable d'utiliser le Championnat d'Europe de football comme plateforme pour le racisme."

Nancy Faeser a indiqué que le groupe était sous surveillance des services de renseignements intérieurs allemands, où se déroule la compétition depuis le 14 juin. Les "Loups gris" ont été impliqués dans des violences politiques qui ont fait quelque 5.000 morts lors du coup d'État de 1980 en Turquie.

L'UEFA a déclaré qu'elle avait ouvert une enquête sur "le comportement inapproprié potentiel" de Merih Demiral.

Durant l'Euro, l'UEFA a suspendu l'Albanais Mirlind Daku pour deux matches après avoir entonné des chants offensants, et ouvert une enquête sur l'Anglais Jude Bellingham en raison d'un geste possiblement obscène.

FIER D'ÊTRE TURC

L'homme du match Merih Demiral a déclaré aux journalistes qu'il avait planifié son geste et qu'il en était fier.

"J'avais en tête une célébration spécifique. C'est ce que j'ai fait. C'est lié à l'identité turque car je suis très fier d'être turc", a-t-il déclaré selon la traduction par l'UEFA de ses commentaires dans sa langue natale.

"Je suis très heureux de l'avoir fait et tous nos supporters sont fiers de nous. J'ai vu des gens dans le stade qui faisaient ce signe."

Le gouvernement turc et la Fédération turque de football n'ont pas réagi dans l'immédiat.

(Reportage de Chiara Holzhaeuser, Rachel More et Andrew Cawthorne, version française Vincent Daheron, édité par Kate Entringer)