France/Législatives-Tensions entre Attal et Bardella lors d'un ultime débat à trois voix

reuters.com  |   |  747  mots
Gabriel attal lors d'une conference de presse organisee avant les elections legislatives anticipees[reuters.com]
(Crédits : Reuters)

PARIS, 27 juin (Reuters) - Le Premier ministre Gabriel Attal et le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella ont eu jeudi soir des échanges tendus lors d'un ultime débat auquel participait également le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, à trois jours du premier tour des élections législatives anticipées en France.

Déjà opposés mardi lors d'un débat à trois avec Manuel Bompard, le coordinateur national de La France insoumise (LFI), l'actuel chef du gouvernement et celui qui ambitionne de le remplacer à Matignon si le RN obtient la majorité absolue lors du scrutin (30 juin et 7 juillet) n'ont pas masqué leur agacement mutuel.

Interrogé sur France 2 sur des commentaires de Marine Le Pen, qui a décrit comme "honorifique" le statut de chef des armées du président Emmanuel Macron, Jordan Bardella a déclaré que la Constitution stipulait que "le gouvernement dispose de la force armée" et qu'il définit le budget de la défense.

Harangué à plusieurs reprises par Gabriel Attal sur la définition du RN de ce statut "honorifique", le président du parti d'extrême droite a esquivé et évoqué plutôt une vision différente du fonctionnement de l'exécutif, présentant l'actuel Premier ministre comme un simple "collaborateur" du chef de l'Etat. "Et vous, l'assistant de Marine Le Pen", a rétorqué Gabriel Attal.

Cherchant à afficher une posture calme, Olivier Faure, qui a promis que la gauche installerait à Matignon une "force tranquille" à même de rassembler, est apparu en retrait, notamment lorsque les tensions ont grimpé entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, avant de reprocher plus tard au gouvernement actuel d'avoir "vidé les caisses de l'Etat".

Le président du RN s'est offusqué - "c'est faux, archi-faux" - quand le "Premier ministre sortant" a reproché au parti d'extrême droite de diviser les Français en excluant les binationaux et en présentant aux législatives plus d'une centaine de candidats ayant tenu des propos racistes ou homophobes.

"GOUVERNER DIFFÉREMMENT"

Gabriel Attal, Jordan Bardella et Olivier Faure ont tous les trois promis que leurs forces politiques respectives oeuvreraient au "rassemblement" du pays.

"Pour retrouver de la cohésion, il faut de la justice", a déclaré le premier secrétaire du PS, reprochant à ses rivaux de "diviser les Français entre eux, le monde rural, le monde urbain...".

Indiquant avoir entendu le message passé par les Français lors des élections européennes - "gouverner différemment" -, Gabriel Attal a émis la possibilité d'organiser chaque année un référendum sur des "questions importantes" pour les Français.

Jordan Bardella a dit vouloir mettre fin au "sectarisme" du débat public et rappelé qu'il souhaitait former un gouvernement d'union nationale, faisant savoir qu'Eric Ciotti, le président contesté du parti Les Républicains (LR), y aurait le cas échéant des "responsabilités importantes".

Comme attendu, le thème de l'immigration, qui figure avec le pouvoir d'achat parmi les principales préoccupations des électeurs, a mis en évidence les divergences entre les trois politiciens.

Gabriel Attal a cherché à présenter le parti présidentiel comme celui de la mesure, reprochant à l'extrême droite de vouloir "tout fermer" et à la gauche de vouloir "tout ouvrir". Il a noté que l'immigration était nécessaire, notamment en matière de main-d'oeuvre dans certains secteurs, et devait être régulée.

Plus offensif au fil du débat, Olivier Faure a dénoncé les mesures prônées par Jordan Bardella, accusant celui-ci de vouloir "revenir des siècles en arrière" sur le droit du sol et de vouloir "fabriquer des Français de seconde zone".

Par ailleurs, au jour où l'Union européenne a signé lors d'un sommet à Bruxelles un pacte de sécurité avec l'Ukraine, dont la guerre avec la Russie est entrée en février dernier dans sa troisième année, les trois figures politiques ont exprimé leur soutien à Kyiv.

Alors qu'il a été reproché au RN des liens étroits avec la Russie, Jordan Bardella a promis de ne "pas laisser l'impérialisme russe absorber un Etat allié comme l'Ukraine", tout en disant vouloir éviter une "escalade" avec Moscou.

Le président du RN et Olivier Faure ont tous les deux critiqué l'hypothèse formulée plus tôt cette année par Emmanuel Macron d'envoyer des troupes au sol en Ukraine, le premier secrétaire du PS évoquant une "ligne rouge".

(Rédigé par Jean Terzian)