Le nouvel organigramme de l'UE approuvé en sommet, signature d'un pacte avec l'Ukraine

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Vue de differents drapeaux des membres de l'union europeenne[reuters.com]
(Crédits : Pool)

par Jan Strupczewski et Andrew Gray

BRUXELLES (Reuters) -Les chefs d'Etat et de gouvernement européens se sont accordés jeudi sur l'organigramme de l'Union européenne pour les cinq prochaines années, au cours d'un sommet à Bruxelles lors duquel ils doivent aussi valider les orientations stratégiques du bloc, après avoir signé un pacte de sécurité avec l'Ukraine.

Réunis pour un sommet de deux jours, le premier depuis les élections européennes, les Vingt-Sept sont convenus de nommer l'Allemande Ursula von der Leyen pour un deuxième mandat consécutif à la présidence de la Commission européenne.

Par ailleurs, comme cela était également anticipé, l'ancien Premier ministre portugais Antonio Costa a été choisi pour prendre la tête du Conseil européen, tandis que la Première ministre estonienne Kaja Kallas, parmi les bêtes noires de la Russie, a été désignée cheffe de la diplomatie du bloc.

Il appartient au Parlement européen d'entériner ces nominations.

En entame de ce sommet, les dirigeants européens ont chaleureusement accueilli à Bruxelles le président ukrainien Volodimir Zelensky pour signer un pacte sécuritaire.

Ce pacte exprime l'engagement de l'UE à aider Kyiv dans neuf domaines de la politique de sécurité et de défense, dont les livraisons d'armes, la formation militaire et la coopération dans l'industrie de la défense.

Les Vingt-Sept ont ainsi tenu à réaffirmer leur soutien à l'Ukraine face à l'invasion russe, en dépit de la progression des partis d'extrême droite largement pro-russes lors des élections européennes et de l'incertitude qui plane sur l'issue des élections dans les prochains jours en France et en novembre aux Etats-Unis.

D'après un projet de communiqué final du sommet, les dirigeants européens vont réaffirmer leur volonté de soutenir l'Ukraine aussi longtemps que cela sera nécessaire, soulignant une nouvelle fois que "la Russie ne doit pas l'emporter" et que Kyiv doit récupérer les territoires occupés par Moscou.

Ils doivent aussi demander à l'exécutif européen de travailler sur un projet de prêt de 50 milliards d'euros à l'Ukraine, financé par les bénéfices générés par les actifs de la banque centrale russe gelés par les Occidentaux dans le cadre des sanctions imposées contre la Russie.

LIGNE DÉFENSIVE FACE À LA RUSSIE

Cette guerre a mis en exergue le manque de préparation de l'UE pour faire face à un conflit, alors que Bruxelles peine à livrer rapidement et suffisamment d'armes à Kyiv. Des voix se sont élevées pour demander une plus grande coordination européenne en matière de défense, notamment pour en assurer le financement.

"Nous avons sous-investi dans notre défense et nous devons maintenant rattraper le temps perdu", a déclaré Josep Borrell, le chef sortant de la diplomatie de l'UE, à son arrivée au sommet. "Et nous devons faire un gros effort financier pour augmenter nos capacités de défense. Cela ne sera pas facile."

La Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont appelé mercredi l'UE à financer la fortification d'une ligne défensive le long de la frontière avec la Russie et la Biélorussie, alliée de Moscou, afin de protéger l'UE de quelconques menaces militaires et activités malveillantes russes.

"Nous parlons des frontières extérieures de l'Europe", a déclaré le Premier ministre polonais Donald Tusk à la presse.

"Nous parlons d'une menace pour l'ensemble de l'UE et de l'Occident. Je suis certain qu'aujourd'hui, nos partenaires au sein de l'UE comprennent mieux que jamais qu'une responsabilité européenne commune est indispensable pour notre sécurité", a-t-il ajouté.

Les investissements dans le secteur de la défense sont un des aspects du programme stratégique de l'UE sur lequel les dirigeants européens doivent s'accorder lors du sommet. Le document fixe les priorités des institutions européennes pour une période de cinq ans.

Outre la défense, le projet de programme stratégique, que Reuters a pu consulter, appelle à renforcer la compétitivité de l'UE pour mieux faire face aux pressions économiques de la Chine et des Etats-Unis, mais aussi à préparer le bloc à un élargissement avec les entrées attendues de l'Ukraine, de la Moldavie et des pays des Balkans.

Le document sert traditionnellement de feuille de route à la Commission européenne.

(Reportage de Jan Strupczewski et Andrew Gray, avec la contribution de Kate Abnett, Julia Payne et Phil Blenkinsop à Bruxelles, John Irish et Michel Rose à Paris, Thomas Escritt à Berlin; version française Jean Terzian et Tangi Salaün)