Valérie Rabault veut "parler aux marchés" sur le programme économique du "Nouveau Front populaire"

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La deputee francaise valerie rabault[reuters.com]
(Crédits : Sarah Meyssonnier)

PARIS (Reuters) - La députée sortante socialiste Valérie Rabault a appelé vendredi à "parler" aux marchés financiers et aux acteurs économiques pour les rassurer sur le programme économique du "Nouveau Front populaire", dont les mesures jugées dispendieuses inquiètent sur la trajectoire du déficit public de la France.

L'alliance de gauche pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet doit dévoiler à la mi-journée le chiffrage de son programme économique, qui comprend notamment l'instauration d'un Smic à 1.600 euros nets par mois.

La députée Valérie Rabault, ancienne rapporteure du Budget à l'Assemblée nationale, a chiffré de façon personnelle le programme à 106 milliards d'euros sur 2024-2027. De son côté, le chef de file de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a évoqué dans un entretien au Figaro un montant de 200 milliards d'euros de dépenses et de 230 milliards de recettes pour l'Etat sur cinq ans.

"Il n'est pas tout à fait sur la même période que moi, il a un horizon un peu plus large", a expliqué vendredi Valérie Rabault sur France 2, reconnaissant toutefois que "la différence est assez significative".

Interrogée sur les inquiétudes du monde économique quant aux mesures promises par le "Nouveau Front populaire", elle a réfuté un programme "mal reçu".

"Il y a des questions et c'est légitime", a-t-elle dit alors que les députés sortants Boris Vallaud (PS) et Eric Coquerel (LFI) se sont exprimés jeudi devant des organisations patronales, sans vraiment convaincre.

"Il faut parler aux marchés financiers, il faut parler aux acteurs économiques en leur disant 'voilà ce que c'est notre trajectoire économique, elle est crédible, elle ne va pas résoudre les comptes publics tout de suite, c'est vrai, mais elle va créer de l'activité et ça c'est très important'", a plaidé Valérie Rabault.

L'incertitude politique créée par les élections législatives anticipées a provoqué d'importants remous sur les marchés financiers, avec un accroissement de l'écart entre les coûts d'emprunt de la France et de l'Allemagne. L'indice boursier CAC 40 a perdu plus de 4% depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale.

"Le risque majeur est celui du décrochage durable de l'économie française et européenne", a estimé en début de semaine l'Association française des entreprises privées (Afep), réunissant les 117 plus importantes sociétés françaises, sans nommer les partis.

"Nous sommes en capacité tout de suite de déployer un programme crédible et réalisable", a assuré vendredi Valérie Rabault.

"Sur les 1.600 euros [de Smic], je voudrais rassurer les artisans, les TPE, il y a aura des compensations par rapport à ces évolutions salariales", a-t-elle ajouté.

"Mais vous savez, les grands groupes ont des marges qui ont été renforcées. Donc là, il y a la possibilité d'avoir cette augmentation salariale".

Sur BFMTV/RMC, la députée sortante LFI, Mathilde Panot, est revenue vendredi sur le chiffrage évoqué par Jean-Luc Mélenchon.

Concernant les recettes, "on a renforcement de l'impôt sur le fortune (ISF) qui rapporterait 10 milliards, on a l'impôt sur les gros héritages qui rapporterait 17 milliards, la taxe sur les superprofits, plus de 10 milliards, etc", a-t-elle indiqué.

"Contrairement à ce qui est dit partout, ce programme est finançable, il est possible, et je signale juste que nous sommes les seuls aujourd'hui à avoir un programme et à le chiffrer".

(Rédigé par Blandine Hénault, édité par Claude Chendjou et tangi Salaün)