France/Elections : Bataille de programmes autour de l'économie, le RN accusé de "reniement"

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Le president du rassemblement national, jordan bardella[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - La campagne pour les élections législatives se concentrait mardi autour du programme économique dévoilé par le Rassemblement national (RN) qui a temporisé sur certaines mesures promises, provoquant des accusations de "reniement" dans le camp présidentiel.

Dans un entretien au Parisien, le président du RN, Jordan Bardella, a dévoilé plusieurs grandes mesures dont la réduction de la TVA sur les énergies et le carburant de 20% à 5,5% qu'il entend mettre en oeuvre dès son éventuelle prise de fonction comme Premier ministre.

En revanche, la baisse de TVA promise sur les produits de première nécessité se fera "dans un second temps" et l'abrogation de la réforme des retraites - mesure phare du programme du RN - est repoussée à l'automne.

"Toutes les mesures qui étaient présentées pendant la campagne européenne (du parti de Jordan Bardella) ont disparu", a taclé mardi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur TF1. "Ce n'est plus le Rassemblement national, c'est le reniement national".

"Il reste quoi pour le pouvoir d'achat dans le programme du Rassemblement National ? Rien !", a poursuivi le ministre, défendant pour sa part les promesses de prime défiscalisée jusqu'à 10.000 euros pour les personnes qui travaillent, le maintien de l'exonération des heures supplémentaires ou encore l'allègement de charges pour que le salaire net soit plus élevé.

"On voit depuis quelques jours, s'agissant de Jordan Bardella, qu'il y a de moins en moins de programme et de plus en plus de conditions", a relevé pour sa part sur franceinfo le Premier ministre, Gabriel Attal, qui mène la campagne des législatives pour le camp présidentiel.

"Chaque jour, on voit un reniement sur une proposition", a-t-il poursuivi, dénonçant un "grand flou" sur le financement du programme économique du RN.

"BREVET D'INCOMPÉTENCE"

"Quand aujourd'hui des gens qui accusent tous les déficits, déficit public, record de déficit commercial, 1.000 milliards de dette depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron de manière supplémentaire, et qui viennent aujourd'hui nous reprocher une mesure qui coûte 12 milliards d'euros - pardon, mais pas de brevet d'incompétence", a rétorqué mardi sur Europe 1/CNews Jordan Bardella, évoquant la mesure de réduction de TVA sur l'énergie.

Le président du RN assure étudier des "pistes d'économies extrêmement sérieuses", notamment en supprimant des niches fiscales accordées aux grandes entreprises, comme celles sur les armateurs, en limitant les soins de santé gratuits pour les étrangers en situation irrégulière et en abaissant la contribution de la France au budget de l'Union européenne.

Face au report de certaines promesses de campagne, Jordan Bardella assume de temporiser pour mener à bien un "audit" des comptes publics.

"Je veux rétablir de la raison budgétaire dans les comptes publics. Et avant de promettre tout et n'importe quoi, je dis aux Français nous allons faire le point sur les comptes de l'Etat (...) et nous arbitrons en fonction."

"Il y a un premier temps qui va être mon temps des urgences, le temps de l'audit, du pouvoir d'achat, de la sécurité et de l'immigration. Et à compter de l'automne, j'engagerai avec ma majorité le temps des réformes", a-t-il dit.

Jordan Bardella a aussi défendu son refus de devenir Premier ministre en cas de majorité relative à l'Assemblée nationale. "Pour agir, il me faudra être en situation de majorité absolue", a-t-il plaidé.

"Ça commence à ressembler à un refus d'obstacle", a rétorqué Gabriel Attal.

(Rédigé par Blandine Hénault)