France : La campagne des législatives démarre avec des investitures confuses

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Le palais bourbon ou siege l'assemblee nationale a paris[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - La campagne pour les élections législatives a démarré ce lundi en France au lendemain du dépôt officiel des candidatures qui traduit une certaine confusion dans les investitures, à l'image de la brusque recomposition du paysage politique français de ces derniers jours.

Le choc de la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron dans la foulée de la victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, a vu l'émergence d'un "Nouveau Front populaire" à gauche et l'implosion des Républicains (LR) à droite après l'alliance de son président Eric Ciotti avec le RN de Jordan Bardella.

Quatre blocs s'affronteront donc les 30 juin et 7 juillet pour 577 circonscriptions : le "Nouveau Front populaire", le RN allié avec des candidats LR, les LR en indépendants et le bloc Renaissance du camp présidentiel.

Si les programmes des différents mouvements sont prêts, le dépôt des investitures a parfois viré au casse-tête, notamment au sein du "Nouveau Front populaire" où les dissidences se multiplient malgré l'unité affichée.

Le choix de la France insoumise (LFI) de ne pas réinvestir des figures du parti jugées trop critiques envers son chef de file, Jean-Luc Mélenchon, a suscité colère et confusion.

Ainsi, les ex-députés de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière et Raquel Garrido, l'ancien élu de Marseille Hendrik Davi et Danielle Simonnet à Paris vont faire campagne au nom du "Nouveau Front populaire", mais en face de candidats investis par LFI.

Dans l'Essonne, le candidat socialiste Jérôme Guedj a refusé l'étiquette du "Nouveau Front populaire" mais le patron du PS, Olivier Faure, a dit lundi considérer qu'il était bien "le candidat du Front populaire dans cette circonscription".

"C'est le seul qui puisse avoir notre soutien", a déclaré le Premier secrétaire sur franceinfo.

LA MAJORITÉ S'ABSTIENT DANS CERTAINES CIRCONSCRIPTIONS

A droite, LR a annoncé l'investiture de "près de 400 candidats" sous sa bannière tandis qu'Eric Ciotti, dont l'éviction à la tête du parti a été révoquée par la justice, a revendiqué "au moins 62 candidats" LR soutenus par le RN.

Le camp présidentiel réuni sous la formule "Ensemble pour la République" va présenter 489 candidats mais éviter "une soixantaine" de circonscriptions où une victoire semble peu probable, a expliqué lundi Gabriel Attal sur RTL.

"On sait que ce ne seraient pas nos candidats qui seraient les mieux placés pour éviter la victoire des extrêmes. Et dans ces cas-là, on soutient un autre candidat", a dit le Premier ministre qui mène la campagne du camp présidentiel.

Un choix assumé aussi par le patron du parti Horizons et maire du Havre, Edouard Philippe.

"Ce n'est pas du tout renoncer à gagner. C'est au contraire se donner les chances dans une circonscription de ne pas laisser aux Françaises et aux Français le choix entre le Rassemblement national et LFI", a défendu l'ex-locataire de Matignon sur BFMTV/RMC. "L'objectif c'est de créer une nouvelle majorité parlementaire".

Dimanche soir à l'Elysée, une réunion autour d'Emmanuel Macron a rassemblé des responsables de majorité et des ministres comme Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ainsi que la présidente de l'Assemblée nationale dissoute, Yaël Braun-Pivet.

Selon un participant, "la dissolution est plébiscitée par les Français" et le camp présidentiel "se met dans une logique où on veut pouvoir offrir une troisième voie radicale, mais pas extrémiste."

"Ensemble pour la République" et le Rassemblement national mettent la dernière main à leur programme économique.

Les derniers sondages donnent le RN en tête avec plus de 30% des intentions de vote, un score proche de celui du scrutin européen, devant le "Nouveau Front populaire" (25%) et la majorité sortante (20%).

"On va vers l'inconnu", s'inquiète Maxime Chetrit, un fonctionnaire de 60 ans, présent lundi devant la gare Saint-Lazare à Paris. "A mon avis, on va aller vers une Assemblée ingouvernable".

(Rédigé par Blandine Hénault, avec Lucien Libert et Yiming Woo, édité par Elizabeth Pineau)