France : Les trois "blocs" en lice pour les législatives s'affrontent sur les programmes

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Olivier faure, premier secretaire du parti socialiste francais, lors d'une conference de presse de l'alliance des partis de gauche, baptisee nouveau front populaire, a paris[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - La bataille des programmes a débuté vendredi, trois jours avant le lancement officiel de la campagne pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet en France, la gauche nouvellement unie prônant l'abrogation de la retraite à 64 ans et le Rassemblement national la suppression du droit du sol.

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui ne se présente pas aux élections, a mis en garde contre un risque de faillite pour la France au regard des premières mesures dévoilées par les deux blocs qui menacent de délitement le bloc central voulu par Emmanuel Macron, si l'on en croit les instituts de sondage.

La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste (PCF) ont dévoilé vendredi un "contrat de législature", décliné autour de "20 actes de rupture", notamment l'abrogation de la réforme contestée des retraites, qui repousse l'âge de départ à 64 ans, "dans les 15 jours" après le scrutin législatif s'ils l'emportent.

Dans le viseur également du "nouveau Front populaire", la dernière réforme en date de l'assurance-chômage et la loi immigration adoptée en décembre dernier, qui seront abrogées.

L'alliance prône l'augmentation du smic à 1.600 euros net, la hausse du minimum vieillesse et la rétablissement de l'impôt de solidarité (ISF) sur la fortune, via un projet de loi de finances rectificative (PLFR) dès le 4 août.

"Nous faisons le serment de rester unis pour changer la vie", a déclaré le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, lors d'une conférence de presse conjointe avec ses alliés de gauche.

Au lendemain de l'accord scellé par la gauche, l'ex-tête de liste Place publique-Parti socialiste Raphaël Glusckmann, élu dimanche eurodéputé, s'est finalement rangé sous la bannière du "nouveau Front populaire" après plusieurs jours de silence, une union saluée également par l'ancien président socialiste François Hollande.

"UNE FIGURE APAISANTE"

Les partis assurent avoir aplani leurs divergences, notamment sur la qualification du mouvement palestinien Hamas et sur les accusations d'antisémitisme portées à l'encontre de LFI.

"Nous avons obtenu un soutien fort à l'Ukraine, à la construction européenne, que les attaques du 7 octobre en Israël soient qualifiées de terroristes, contre l'antisémitisme", a dit Raphaël Glusckmann sur France Inter.

L'eurodéputé a nié la résurgence d'une "Nupes bis", l'accord scellé pour les élections législatives de 2022, qui avait accordé la part du lion au parti de Jean-Luc Mélenchon.

"Le projet a évolué et est aujourd'hui très éloigné de ce que LFI défendait", a assuré Raphaël Glusckmann, écartant de facto les offres de service de Jean-Luc Mélenchon pour Matignon en cas de victoire. "Il faut une figure apaisante", a-t-il dit, citant à nouveau le nom de Laurent Berger, ancien secrétaire général de la CFDT, dont l'évocation n'a guère suscité l'enthousiasme dans les rangs de la gauche.

Aux termes de l'accord entre les quatre composantes du "Front populaire", LFI s'octroie quelque 230 circonscriptions, le PS 170, soit une centaine de plus qu'en 2022, les écologistes autour de 90 et les communistes une cinquantaine.

L'extrême droite compte également ses troupes, avec l'annonce par Jordan Bardella de 70 candidatures communes entre le Rassemblement national et Les Républicains, dont le président Eric Ciotti, exclu par le bureau politique du mouvement, conteste en justice sa mise à l'écart consécutive à son rapprochement avec le parti de Marine Le Pen.

Cette dernière, qui était vendredi matin dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), a appelé de ses voeux "un gouvernement d'union nationale" pour "sortir la France de l'ornière" face à une extrême gauche qui pose "un très grand danger".

Le président du RN, pressenti pour le poste de Premier ministre dans l'hypothèse d'une victoire aux législatives, a dévoilé vendredi quelques-unes de ses mesures, avant un premier déplacement de campagne dans le Loiret.

"Si je suis Premier ministre, je ferai voter dès les premières semaines une loi immigration qui facilitera les expulsions de délinquants et d'islamistes et je supprimerai le droit du sol", a affirmé Jordan Bardella sur BFM TV et RMC.

"DÉLIRE ÉCONOMIQUE"

"Sur les questions économiques, j'ai une priorité, c'est le pouvoir d'achat. Je ferai voter la baisse de la TVA sur l'énergie (...) et je négocierai une dérogation au marché européen de l'électricité", a-t-il ajouté.

La question des retraites sera abordée "une fois réglé le temps des urgences", a-t-il réaffirmé.

"Je suis certain qu'en arrivant à la tête de l'État, on va découvrir beaucoup de dossiers dans les placards", a-t-il poursuivi, rappelant la volonté du RN de réaliser un audit des comptes de l'Etat s'il l'emporte le 7 juillet. Marine Le Pen a parlé d'"une grande commission d'audit des comptes de la nation".

Bruno Le Maire s'est alarmé de programmes selon lui inopérants et mortifères pour la France.

Sur franceinfo, le ministre a fustigé les "mensonges en matière économique et financière" du RN et le "délire économique" de l'union de la gauche.

"L'ensemble de ces baisses de TVA (voulues par le RN-NDLR) représente 24 milliards d'euros de dépenses supplémentaires, c'est exactement ce qu'il faut économiser en 2024 et ce que j'ai prévu d'économiser pour équilibrer nos budgets", a-t-il notamment déclaré.

Un sondage OpinionWay pour CNews, Europe 1 et Le Journal du Dimanche diffusé vendredi crédite le Rassemblement national de 32% d'intentions de vote pour le premier tour des législatives, devant l'alliance de gauche (25%) et la majorité présidentielle sortante ("Ensemble pour la République", 19%).

(Rédaction de Reuters)