Stellantis compte sur sa nouvelle stratégie chinoise pour traverser l'orage des droits de douane

reuters.com  |   |  607  mots
Carlos tavares, directeur general de stellantis, lors d'une conference de presse a turin[reuters.com]
(Crédits : Massimo Pinca)

par Nora Eckert

AUBURN HILLS, Michigan, Etats-Unis (Reuters) - Le constructeur automobile Stellantis continuera de réduire agressivement ses coûts pour se mesurer à la concurrence chinoise, plutôt qu'adopter une stratégie "défensive" incarnée selon lui par les droits de douane européens sur les importations de véhicules électriques chinois, a dit jeudi son directeur général.

Au cours d'une journée investisseurs aux Etats-Unis, Carlos Tavares a promis que malgré l'intensification de la concurrence, Stellantis continuera "à être (le leader) de ce marché en terme de profitabilité."

Il a également confirmé sa nouvelle stratégie chinoise "asset light", axée sur une production locale allégée sous licence et privilégiant l'export vers la Chine.

La veille, l'Union européenne a annoncé de nouveaux droits de douane allant jusqu'à 38,1% sur les importations de véhicules chinois. Pékin s'est élevé contre cette décision, qualifiée de protectionniste, et a dit espérer que Bruxelles puisse régler ce différend commercial par le dialogue.

Carlos Tavares a critiqué par le passé la perspective d'une taxation supplémentaire des voitures chinoises importées, qui fait craindre des représailles de la part de la Chine.

"Ce qui est clair, c'est que nous ne voulons pas être sur la défensive", a-t-il dit jeudi, en référence aux nouveaux droits de douane. "Notre stratégie, qui reste une stratégie 'asset light', doit nous assurer que nous surfions sur la vague de l'offensive chinoise."

"Notre stratégie 'asset light' en Chine est bien plus robuste que celle de nombre de nos concurrents", a ajouté Carlos Tavares, pour qui les droits de douane essayaient de corriger un profond fossé en terme de compétitivité, une situation dont il n'est pas certain qu'elle soit pérenne.

Stellantis a fait l'acquisition d'une participation de 21% dans le constructeur automobile chinois Leapmotor et créé avec lui une co-entreprise, dont Stellantis détient 51%, permettant au groupe né de la fusion entre PSA et FCA de vendre et fabriquer des véhicules Leapmotor hors de Chine.

Le constructeur franco-italo-américain, propriétaire de 14 marques dont Peugeot, Fiat, Jeep ou Ram, a également maintenu ses objectifs financiers 2024 et confirmé que sa marge opérationnelle ajustée se situerait entre 10% et 11% au premier semestre de l'année.

Le groupe avait déçu en avril avec cet objectif de marge semestrielle, dans le bas de la fourchette de ses prévisions, mais Carlos Tavares a redit jeudi que l'ambition d'une marge à deux chiffres, une des marques de fabrique du dirigeant, restait "intacte" malgré les vents contraires.

Stellantis a aussi déclaré qu'il souhaitait verser au moins 7,7 milliards d'euros en dividendes et rachats d'actions en 2024 et dit viser le haut de sa fourchette de 25 à 30% pour le taux de distribution du dividende en 2025, contre 25% les années passées.

L'un des constructeurs automobiles les plus rentables du secteur, avec une marge opérationnelle de près de 13% en 2023, Stellantis a vu son chiffre d'affaires baisser de 12% au premier trimestre, un point bas dans son cycle produit en attendant qu'une salve de nouveaux modèles prenne la relève sur la deuxième partie de l'année.

La directrice financière Nathalie Knight a précisé qu'au second semestre, 15-20% du chiffre d'affaires proviendraient de nouveaux lancements programmés cette année, contre moins de 10% au premier semestre, et encore davantage en 2025.

Carlos Tavares a également indiqué que les synergies annuelles tirées de la fusion entre PSA et FCA se montaient désormais à 8,4 milliards d'euros, contre quatre milliards à la création de Stellantis.

(Nora Eckert à Auburn Hills, Giulio Piovaccari à Milan, Gilles Guillaume à Paris)