Qu'est-ce qu'on écoute ? La sélection musicale d'Éric Mandel

Cette semaine, le journaliste musical Éric Mendel a sélectionné deux albums.
(Crédits : © Delpixel/Shutterstock)

ADJANI, QUARANTE ANS APRÈS « PULL MARINE »

Il aura fallu s'armer de patience pour découvrir le second album d'Isabelle Adjani. Entamée en 2006 avec Pascal Obispo et le parolier Lionel Florence, cette Bande originale semblait condamnée à rester à l'état d'œuvre inachevée. Elle voit enfin le jour grâce à l'apport décisif de la musicienne électro Cécile Léogé, dite DeLaurentis. Et c'est une belle réussite. En quatorze chansons, Isabelle Adjani décline le thème amoureux (rencontre, passion, rupture, liberté retrouvée) avec son filet de voix magnétique entourée d'un casting masculin de première classe : Étienne Daho, Benjamin Biolay, Daniel Darc, Christophe, Simon Le Bon, Akhenaton, Youssou N'Dour... Séduisant par ses audaces stylistiques, ce « film sans images » oscille entre pop millésimée années 1980, électro pointue et chanson classique avec ses rivières de cordes, synthétiseurs et instruments traditionnels japonais (shamisen). Un écrin sur mesure pour Isabelle Adjani, tour à tour malicieuse et mordante, fragile et vibrante, mystérieuse et évanescente. Une Bande originale singulière et inclassable, à l'image de son interprète.

Bande originale (Warner Music France/Parlophone)

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LAVILLIERS EN VERSION SYMPHONIQUE

Deux ans après Sous un soleil énorme, enregistré entre Paris et Buenos Aires, le baroudeur stéphanois s'offre les services d'un orchestre symphonique pour revisiter son répertoire nourri d'engagements et de saines colères. Pour l'occasion, le chanteur à la voix de velours retrouve Cyrille Aufort, chef d'orchestre et compositeur de musiques de film avec lequel il avait déjà collaboré pour son concert hommage à Léo Ferré en 2006. D'entrée de jeu, on est frappé par la modernité et l'inventivité des orchestrations, jamais sirupeuses ni grandiloquentes. On the Road Again séduit par sa dimension cinématographique, l'énergie new-yorkaise de Traffic mue du rock vers le jazz-funk, Les Mains d'or est revisité avec un accordéon et des airs de ranchera mexicaine. Le chanteur s'épanouit aussi dans une certaine épure orchestrale avec Betty (dédié à une femme en prison) et Petit (sur les enfants-soldats). L'album se termine en beauté avec une reprise de L'Espoir, d'une actualité brûlante en ces temps troublés.

Métamorphose (Universal/Polydor) En concert le 28 mars 2024 à la Seine musicale.

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