Victor Belmondo : « Il m’a fallu du temps pour réaliser ce que ça voulait dire de s’appeler Belmondo »

ENTRETIEN - Fils de et petit-fils de, le fougueux jeune homme a vite fait de se faire un prénom. Très convoité par les réalisateurs français, il sera à l’affiche dès mercredi.
À Paris,
le 11 juin 2024.
À Paris, le 11 juin 2024. (Crédits : © LTD / Sébastien Leban pour La Tribune Dimanche)

Toc toc badaboum, c'est lui : Victor Belmondo, copie conforme de « l'homme de Rio ». Moins guignolo, moins animal certes, mais aussi casse-cou et passionné de vitesse que son père Paul et que son grand-père Jean-Paul. Cadet d'une fratrie de trois garçons, il comprend très jeune que sa place est sur scène, loin des cours de récré, beaucoup trop propices à la bagarre. Si, pour certains « fils de », le patronyme est un carcan pour exister, pour Victor, Belmondo est un nom comme les autres. Et s'il avait pu choisir sa famille, ce serait elle. Un arrière-grand-père peintre, un grand- père acteur et un père pilote de course. Une mère cheffe, italienne, douce et aimante, et deux frères soudés. Sa volonté et sa force de travail acharnées ont porté leurs fruits.

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À 30 ans, Victor Belmondo fait partie des acteurs les plus convoités de sa génération. Christophe Barratier, Fabien Onteniente, Lisa Azuelos, Yvan Attal, Xavier Beauvois, Jean-Pierre Améris, Gaël Morel et prochainement Olivier Marchal, tous sont tombés sous le charme de ce grand gaillard affable, séduisant et reconnaissant pour chaque petit moment que la vie lui apporte. Il gare sa Yamaha XSR700 devant l'hôtel Les Jardins du Faubourg à Paris, ôte son casque, et le charme opère. Itinéraire d'un enfant gâté par un clan indéfectible.

LA TRIBUNE DIMANCHE - Comme votre personnage, êtes-vous prêt à tout pour obtenir ce que vous voulez ?

VICTOR BELMONDO - Quand je veux quelque chose, je ne lâche pas. Je suis dans la réflexion permanente. Mon cerveau ne s'arrête jamais. Et encore moins la nuit. Le cinéma est la meilleure thérapie que j'ai trouvée. Je suis quelqu'un d'assez angoissé, voire obsessionnel.

Le cinéma est votre seule échappatoire ?

Monter sur scène a rallumé quelque chose en moi qui était en train de s'éteindre. J'étais un enfant dissipé, bagarreur, turbulent. Ma scolarité a été plus que chaotique : j'ai été viré de deux collèges publics de Vaucresson avant de rejoindre un établissement privé catholique. J'aurais pu continuer les bêtises mais, grâce aux cours de théâtre, j'avais enfin trouvé un défouloir pour libérer mon trop-plein d'énergie que je ne parvenais pas à canaliser. C'était décidé, je deviendrais acteur. Mes parents, quant à eux, préféraient que je fasse des études pour avoir un bagage solide, ce que j'ai fait dans un premier temps avant d'entamer ma carrière d'acteur.

Et peut-être aussi en raison de votre patronyme ?

Avec le recul, je pense effectivement qu'ils voulaient me protéger. J'ai reçu une éducation très simple, sans jamais que le poids de ce nom ne pèse sur mes épaules. C'était comme si je m'appelais Durand. Il m'a fallu beaucoup de temps pour réaliser ce que ça voulait dire de s'appeler Belmondo. Cependant, je n'ai jamais pensé que mon patronyme serait un obstacle ou m'empêcherait de faire quoi que ce soit.

Avez-vous déjà ressenti de l'animosité dans le milieu très fermé du cinéma ?

Pas du tout. Bien au contraire. J'ai débuté à 11 ans dans un premier court-métrage, Acharnés, de Régis Mardon, puis, neuf ans plus tard, dans mon premier long-métrage,          La Vie très privée de monsieur Sim, de Michel Leclerc. Depuis, j'enchaîne les tournages et je me sens enfin à ma place.

Enfant, je m'amusais davantage avec mon grand-père qu'avec mes copains

Et si vous me parliez de vos autres grands-parents ?

Voilà une question qui me fait très plaisir. Quand on me parle exclusivement de papi, c'est comme si je n'avais eu qu'un grand-père. Mes quatre grands-parents ont tous eu la même importance dans ma construction. La mère de mon père [Élodie Constantin] est d'une élégance rare, d'une force incroyable. Et malgré les coups durs, notamment sa séparation d'avec mon grand-père, elle ne s'est jamais laissé abattre. Je vais très régulièrement chez elle en Camargue ou chez mon autre grand-mère à Rome. Passer du temps avec elles est essentiel pour mon équilibre de vie.

Que vous a apporté votre « papi » Belmondo ?

Beaucoup de choses. Nous étions très proches. Celui que vous voyiez dans les films était      le même à la maison. Enfant, je m'amusais davantage avec mon grand-père qu'avec mes copains. Il avait cette légèreté, cette insouciance, cette soif de vivre. Je n'ai jamais retrouvé cette joie chez quelqu'un d'autre.

Vous sortez du tournage du prochain film d'Olivier Marchal, avec beaucoup de combats et de cascades. J'imagine qu'il n'y a pas de hasard...

Évidemment que j'ai pensé à mon grand-père ! C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai immédiatement accepté la proposition d'Olivier. J'ai réalisé tous mes combats, certaines cascades. J'ignore s'il me voit de là où il est, mais je sais qu'il serait très fier de moi. Ce fut une chance de partager cette passion commune. Depuis son départ, je pense à lui tous les jours. Il fait partie de moi.

Le 9 septembre 2021, vous avez lu un discours bouleversant lors de l'hommage
national dans la cour des Invalides. Auriez-vous préféré une cérémonie
plus intimiste ?

Oui et non. C'est vrai que je suis une personne assez discrète et il ne me serait pas venu spontanément à l'idée de prendre la parole devant la France entière. Mais on nous a dit que ce serait bien que quelqu'un de la famille fasse un discours. Mon entourage ne le sentait pas du tout. Moi non plus, d'ailleurs, mais pour eux j'étais celui qui serait le moins mal à l'aise. J'ai prononcé ces mots par amour pour mon grand-père et pour ma famille.

En tant qu'acteur, avez-vous envie de prendre parti publiquement sur des sujets
d'actualité ?

Comme tout le monde, je suis catastrophé par tous les événements en France et dans le
monde. En revanche, je n'ai pas l'impression que ma parole aurait du poids. Sûrement par humilité. Mais si on me dit un jour que mon avis peut aider, j'accepterai volontiers. J'aime profondément l'humain. C'est dans ma nature et ça ne changera jamais. La preuve, je traîne toujours avec ma bande de copains d'enfance.

C'est comment, le dimanche de Victor Belmondo ?

Ça commence par un peu de sport, essentiellement de la course à pied et du foot, que je pratique depuis toujours. La semaine dernière, j'ai même joué avec Zinédine Zidane lors d'un match caritatif à Aix-en-Provence. Le dimanche est aussi un jour très important pour se retrouver en famille, partager un déjeuner, pour rire, se raconter, s'écouter. Nous sommes tous très unis. La famille, c'est ma bouée de sauvetage.

Elle & lui & le reste du monde, d'Emmanuelle Belohradsky. Sortie le 19 juin.

Ses coups de cœur

Chez les Belmondo, c'est toujours une histoire de famille. Il ne rate pas une occasion de savourer la cuisine de son frère aîné Alessandro, chef cuisinier du restaurant Caillebotte*.
Il reste encore sans voix face à la prestation de Zaho de Sagazan, chantant Modern love de David Bowie à la cérémonie d'ouverture du festival de Cannes.
Et quand il s'assoit sur son canapé, c'est pour regarder la série The Offer ou pour relire
L'Insoutenable Légèreté de l'être de Kundera.
* Caillebotte, 8, rue Hippolyte Lebas (Paris 9e).

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Commentaire 1
à écrit le 16/06/2024 à 9:04
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Et la boulangerie ou la permaculture pour changer par exemple, non ?

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