Prix Pampelonne-Ramatuelle : art, vin et littérature

Les 7 et 8 juin s’est tenu le Prix Pampelonne-Ramatuelle qui récompense l’auteur d’une biographie, autobiographie ou le récit d’un grand destin. Un événement sous le sceau de la convivialité et du partage. On y était, on vous raconte.
Valérie Abrial
La lauréate du Prix Pampelonne-Ramatuelle, Tatiana de Rosnay, entourée du jury (de gauche à droite) : Roland Bruno, Danielle Mitelman, François Rey, Stéphane de Groodt, David Foenkinos, Emilie Frèche, Nicolas Briançon, Rachel Khan et  Lou Leclair
La lauréate du Prix Pampelonne-Ramatuelle, Tatiana de Rosnay, entourée du jury (de gauche à droite) : Roland Bruno, Danielle Mitelman, François Rey, Stéphane de Groodt, David Foenkinos, Emilie Frèche, Nicolas Briançon, Rachel Khan et Lou Leclair (Crédits : Yannick Debain)

Depuis trois ans que le Prix Littéraire Pampelonne-Ramatuelle existe, son succès ne se dément pas. Il faut dire que l'énergie et la passion de ses organisateurs y est pour beaucoup. Un duo très complémentaire, composé de Virginie Martin ramatuelloise de cœur depuis 25 ans et Alexis Trégarot, journaliste et producteur de théâtre. L'idée du prix, c'est Virginie qui la lance au détour d'un dîner entre amis il y a quatre ans. Bingo ! Le maire, Roland Bruno, fait partie de la tablée et trouve le concept audacieux. Les projets culturels, il connait ça et il sait à quel point c'est une manne d'attractivité pour sa localité et le territoire. Les dés sont jetés ! Ce prix, la mairie le soutiendra. L'office du tourisme également. Et ils ne seront pas les seuls puisque les amis autour de la table souhaitent eux aussi faire partie de l'aventure. Tous partagent l'amour des livres et de leur région ; la famille Rey propriétaire du domaine viticole Fondugues-Pradugues devient le partenaire référent, suivront la maison Goyard dont les propriétaires Jean-Michel et Laurence Signoles sont très attachés à la presqu'île tropézienne, plus tard viendront Indie Group (qui possède, entre autre, le Café de l'Ormeau sur la place du village), l'hôtel La Réserve et enfin le libraire de Cogolin, l'emblématique Blaise Renaud grand habitué des événements littéraires pour lesquels il n'hésite pas à créer des points de vente éphémères. Par la suite, Philippe et Carole Gimond proposeront eux aussi leur soutien en recevant le jury à déjeuner dans leur villa. Chacun y va de sa contribution. « C'est tout de même formidable que tous ces auteurs et personnalités offrent de leur temps pour contribuer à dynamiser notre village. C'est la moindre des choses pour les grands lecteurs que nous sommes de donner un coup de pouce à notre façon » racontent-t-ils.

Une tribu au service du livre

Question jury, c'est vrai qu'il est de haut vol ! Embarqué par l'enthousiasme d'Alexis Trégarot qui n'hésite pas à faire appel aux amis, car oui, ce prix finalement, c'est une historie d'amitiés comme on aime en lire. De celles qui veulent bâtir le meilleur pour les autres. En tous les cas participer à l'effort de culture dans la ruralité. Car il n'est pas inutile de rappeler que, si Ramatuelle compte près de 40 000 âmes pendant l'été, il n'en demeure que 1900 à l'année. Vu sous cet angle, la dimension audacieuse prend tout son sens : amener les livres et leurs auteurs dans la pinède, aussi sympathique que celui puisse être, c'est tout de même aventureux. Mais séduisant. Et ce n'est pas le jury qui vous dira le contraire. Le même depuis le début, et qui vraisemblablement ne se lasse pas de revenir : David Foenkinos à la présidence, accompagné d'Émilie Frèche, Rachel Khan, Nicolas Briançon, Stéphane de Groodt, Sarah Poniatowski, et bien sûr des personnalités de Ramatuelle, la graphiste Lou Leclair, l'adjointe à la culture à la mairie Danielle Mitelman et François Rey qui outre le fait de représenter le domaine Fondugues-Padrugues se révèle être un lecteur exalté.

« Je crois que ce qui unit le jury, c'est bien sûr la joie de lire que nous avons tous envie de partager mais c'est aussi la sincérité de ce partage, explique Virginie Martin. Et puis, il y a par-dessus tout cette envie d'inscrire le prix Pampelonne dans le paysage local. Jusqu'à l'identité graphique du prix que nous avons pensé comme un réflexe visuel, pour que le prix devienne un rendez-vous dédié au public de la presqu'île ».

Rencontres et gratuité

De fait, pendant ces deux jours, les promesses ont été tenues ; littérature et convivialité ont bel et bien rayonné, le tout sous le sceau de la gratuité. D'abord une soirée d'ouverture autour d'une masterclass avec le prix Goncourt Yann Queffélec, invité à évoquer son livre consacré à Florence Artaud, La mer et au-delà, base du scénario du biopic Flo réalisé par Géraldine Danon et présenté en plein air face à la méditerranée. Une plage comble, avec, pas très loin, la petite librairie itinérante de Blaise Renaud, le bar de la playa Amagigos (du groupe Indie) et le vin made in Fondugues-Pradugues. Le ton est donné : lire c'est déguster la vie ! Jurés et public s'en donnent à cœur joie et se retrouvent le lendemain avec le même enthousiasme au cœur du vignoble partenaire, puisque c'est là que se poursuivent les festivités littéraires. Un vignoble géré par Laurent Nouvion et Stephen Roberts qui ont su convertir la propriété familiale en biodynamie. Ici, il y a les fidèles, ils se retrouvent, se claquent la bise entre deux achats de livres, à Blaise bien sûr qu'ils connaissent tous. Il y a les plus discrets aussi, les timides qui viennent pour la première fois, trop heureux de pouvoir rencontrer les auteurs finalistes : Olivia Elkaïm pour Fille de Tunis (Stock Editions), Dimitri Kantcheloff pour Vie et mort de Vernon Sullivan (Éditions Finitude), Jennifer Lesieur pour Rose Valland, l'espionne à l'œuvre (Edition Robert Laffont), et la lauréate Tatiana de Rosnay pour Poussière blonde (Éditions Albin Michel). Cette dernière ne cache pas sa joie de recevoir le Prix Pampelonne-Ramatuelle, bien des années après celui des lecteurs du Livre de Poche pour Elle s'appelait Sarah en 2008, roman vendu à plus de trois millions d'exemplaires dans le monde.

« Vous savez, souvent on pense que la notoriété suffit à célébrer les auteurs. C'est faux, recevoir un prix c'est une si belle reconnaissance », se réjouit-elle.

Pampelonne

Protéger la culture patrimoniale et naturelle

Les prix littéraires, justement, il y en a pléthore en France. « Tant mieux, s'enthousiasme Rachel Khan. Et qu'il s'en crée encore et encore ! C'est primordial au maillage territorial ». Pour la romancière et essayiste, « la culture est essentielle pour réparer une société fracturée. Elle dialogue avec ce qui nous sépare. Le socle culturel exprime notre désir de beau, et cela est inhérent à toutes les régions de France. Tous les publics que je croise éprouve cette envie de beauté, et celle de remettre du vibratoire dans le quotidien. L'Homme, est un animal qui aime les histoires, les récits. Ce qui nous unit, autant les jurés que les lecteurs, c'est la curiosité et le goût de la liberté ». La passion aussi ? Pour Virginie Martin cela ne fait aucun doute. Elle qui consacre tout son temps, en plus de sa vie d'entrepreneure, au Prix Pampelonne. Et la recherche de financement, ce n'est pas simple : « demander une subvention, c'est un vrai parcours du combattant », regrette-telle. « Forcément, on a tendance à se tourner vers du mécénat privé sans qui rien ne serait possible, et nous en cherchons à chaque nouvelle édition ». D'autant plus que les idées fusent tous les ans. Dès la deuxième édition, le prix jeunesse qui récompense deux élèves du Lycée du Golfe pour leur écrit, a vu le jour. « Le goût de la lecture, du récit, cela se transmet dès les plus jeunes années, poursuit-elle. Cela fait partie de notre rôle d'embarquer la jeunesse avec nous, la jeunesse c'est notre avenir ». Et le maire d'ajouter « depuis près de 50 ans, notre politique est de préserver notre région, avec 65% de résidences secondaires, nous sommes un peu le « mondial du tourisme ».  Protéger notre environnement c'est évidemment notre grande cause mais sans protéger notre culture cela n'aurait pas de sens. Le fait d'organiser le Prix dans un domaine viticole, avec des auteurs de renom, d'encourager nos jeunes avec le prix jeunesse c'est bien plus que la convivialité qui est de mise. C'est tout simplement la vie ».  Dont acte.

Valérie Abrial

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