Nos critiques cinéma de la semaine

« Horizon – Une saga américaine, chapitre 1 », de Kevin Costner, « Les Fantômes », de Jonathan Millet, « Pourquoi tu souris ? », de Christine Paillard et Chad Chenouga : découvrez nos critiques cinéma de la semaine.
Kevin Costner, dans son western moderne, erre dans les plaines.
Kevin Costner, dans son western moderne, erre dans les plaines. (Crédits : © LTD / Metropolitan films export)

Duo de galère - 2,5⭐️/4

Wisi dort dehors, cherche en vain du travail mais sourit toujours. Pour obtenir l'aide de Marina, une humanitaire très dévouée, il prétend être sans-papiers et squatte chez elle. Jérôme, lui, est plutôt allergique au travail et raciste. Il se retrouve lui aussi à la rue après la mort de sa mère. Quand il rencontre Wisi et découvre sa combine, il décide de profiter aussi de la situation, sans comprendre pourquoi Wisi s'obstine à sourire alors qu'ils n'ont rien.

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Cette comédie populaire et sociale est une lointaine cousine de Marche à l'ombre ou des Apprentis, tant le duo incarné par Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard fonctionne et rappelle ces tandems de potes mi-losers, mi-imposteurs. On suit avec plaisir cet attelage atypique et cash, escorté d'une Emmanuelle Devos impeccable en humanitaire aliénée par son altruisme, dans une comédie qui fuit les bons sentiments grâce à son humour. C.L

Pourquoi tu souris ?, de Christine Paillard et Chad Chenouga, avec Raphaël Quenard, Jean-Pascal Zadi, Emmanuelle Devos, Judith Magre. 1h35. Sortie mercredi.

Kevin Costner à la reconquête de l'Ouest - 2,5⭐️/4

Vingt et un ans après Open Range, l'acteur-réalisateur de Danse avec les loups revient derrière la caméra avec une fresque de dix heures en trois épisodes : Horizon - Une saga américaine, avec dans les rôles principaux Sienna Miller, Sam Worthington, Jena Malone et, bien évidemment, Kevin Costner lui-même. Bien avant d'être un film, Horizon - Une saga américaine est l'histoire d'un entêtement et d'une renaissance. Celle de Costner en personne. L'acteur devenu réalisateur planche sur ce western depuis pas moins de trente-cinq ans. Un projet titanesque dont, à vrai dire, personne ne voulait aux États-Unis. Un western à 100 millions de dollars à une époque où ce genre si prisé par Hollywood au siècle dernier fait beaucoup moins rêver qu'avant. Car il est bien fini le temps où western et cinéma marchaient main dans la main avec les meilleurs réalisateurs dirigeant les plus grands acteurs. Le western spaghetti et d'autres variations plus ou moins iconoclastes ont contribué à affaiblir ce pan entier de l'histoire hollywoodienne.

Les westerns sont devenus des denrées rares. Tant et si bien que, pour financer son film-fleuve, Costner a dû tout bonnement mettre la main au portefeuille de façon très significative : la moitié du financement proviendrait des fonds propres de l'acteur. « J'ai hypothéqué 10 hectares au bord de la mer à Santa Barbara pour financer mon film, a-t-il déclaré. C'est là où j'allais construire ma dernière maison. Je l'ai fait sans réfléchir. Ça a plongé mon comptable dans une putain de crise de colère. Mais c'est ma vie et je crois en l'idée et en cette histoire. » L'autofinancement des grandes gloires du cinéma américain deviendrait-il la règle ? On se souvient que Francis Ford Coppola lui-même, présent comme Costner au dernier Festival de Cannes, où il concourait pour la Palme d'or avec son Megalopolis, a cassé une partie de sa grosse tirelire pour pouvoir produire son nouvel opus. Les mauvaises langues ont alors prétendu que ni Costner ni Coppola ne se retrouveraient pour autant sur la paille...

J'ai hypothéqué 10 hectares au bord de la mer pour financer mon film. Ça a plongé mon comptable dans une putain de crise de colère

Kevin Costner

« Sur une période de quinze ans avant et après la guerre de Sécession. L'expansion vers l'Ouest est semée d'embûches, qu'il s'agisse des éléments naturels ou des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres, marquées par la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser. » En lisant le synopsis officiel du film, on voit bien ce qui a motivé Kevin Costner : renouer avec le traditionnel jeu des cowboys et des Indiens. Mais renouer également avec le cinéma et, plus encore, la réalisation délaissée depuis plus de vingt ans, au profit notamment d'une étonnante carrière musicale. Lancée depuis 2004 et concrétisée à ce jour par cinq albums, celle-ci a d'ailleurs rencontré un succès certain. Durant cette période, l'acteur Costner passe un peu plus inaperçu.

Kevin Costner et Sienna Miller

Kevin Costner et Sienna Miller (©LTD / METROPOLITAN FILMS)

Ce western signe donc son retour sur grand écran. L'acteur-réalisateur a savouré à sa juste mesure l'accueil très enthousiaste que lui a réservé le public cannois en mai. Présenté hors compétition, le premier volet de la saga a bénéficié d'une projection de prestige dans la grande salle du Palais des festivals, avec standing ovation de dix minutes au moins et larmes à l'appui du principal intéressé. « Je suis désolé que vous ayez dû applaudir si longtemps pour que je comprenne que je devais parler, a-t-il lancé ce soir-là. C'est un drôle de métier et je suis très heureux de l'avoir trouvé. Ce n'est plus mon film, c'est le vôtre. »

Que penser alors de ce film hors norme et dans lequel son auteur s'est tant investi ? Il faut assurément en dépasser les premières scènes d'exposition incroyablement mal écrites et pauvrement réalisées. Heureusement, tout s'arrange progressivement avec quelques morceaux de bravoure. Une belle place est notamment réservée aux personnages féminins et, cerise sur le gâteau, aux Indiens qui parlent leur propre langue, ce qui est assez rare dans les westerns traditionnels. Ce premier volet inégal tient malgré tout ses promesses. On se surprend à attendre la suite avec impatience. A.C

Horizon - Une saga américainechapitre 1, de Kevin Costner, avec lui-même, Sienna Miller, Sam Worthington, Jena Malone. 3h01. Sortie mercredi.

La traque du bourreau - 3⭐️/4

À Strasbourg, Hamid, un réfugié syrien, fait partie d'un groupe clandestin qui traque les criminels de guerre de son pays d'origine et dont il a subi les sévices. Pour Les Fantômes, son premier long-métrage de fiction, le documentariste Jonathan Millet n'a donc pas totalement délaissé les terres du cinéma du réel. Avec beaucoup d'intelligence, il a centré son propos sur le moment où son héros pense avoir reconnu son bourreau, sans que l'on sache au départ s'il a raison ou non. En conservant tout au long du récit cette incertitude, en décrivant avec soin et subtilité les ressorts psychologiques de Hamid, le cinéaste signe un véritable film de suspense sans jamais amoindrir la terrifiante portée politique et humaine de son propos. Le jeu du chat et de la souris auquel nous assistons n'a ainsi rien d'artificiel. Nous sommes au contraire au plus près des interrogations, des doutes, des contradictions que génèrent forcément une telle quête et une telle soif de vérité. Magistral. A.C.

Les Fantômes, de Jonathan Millet, avec Adam Bessa et Tawfeek Barhom. 1h46. Sortie mercredi.

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