Livre : la sélection de la semaine

Découvrez le dernier opus de Ken Follet et laissez-vous surprendre par l'écrivain Alberto Manguel qui imaginé des recettes à partir de ses lectures !
(Crédits : © Picture Alliance/opale.photo ; Isabella De Maddalena/opale.photo)

MAÎTRE FOLLETT

Avec son dernier opus, le pape gallois du roman historique démontre une fois encore qu'il est le maître du genre.

C'est l'histoire d'une fileuse de laine bannie de son village qui s'installe dans une ville manufacturière du sud de l'Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. A priori, rien qui aurait dû nous captiver, et pourtant... Une fois plongé dans cet ultime volet de la saga commencée par Les Piliers de la Terre, difficile de s'interrompre. Ken Follett n'a pas volé son titre de « maître incontestable du roman historique ».

D'historique, il y a tous les détails, vérifiés par des chercheurs : les faits, les objets du quotidien, les interactions sociales. À Kingsbridge, les ouvriers textiles voient se transformer les modes de production avec l'introduction des machines et ébauchent des syndicats, vite étouffés par des lois arbitraires. Arrivent les guerres napoléoniennes, qui font la fortune des fabricants d'uniformes et affament la population. Ken Follett, qui n'est pas un habitué des scènes de bataille, s'attaque ici à Waterloo, dans un morceau de bravoure d'une cinquantaine de pages. Ça sent la boue, la poudre et le sang. Les dispositifs tactiques sont savamment décrits, dessinant le ballet des divisions de cavalerie, d'artillerie et d'infanterie.

De romanesque, il y a le souffle. Des destins qui s'entremêlent, des intrigues économiques et politiques, des rebondissements en cascade. Ken Follett donne corps à l'Histoire, avec des personnages certes peu nuancés mais très attachants : Amos le drapier visionnaire, Spade le tisserand au grand cœur, Jane la piquante arriviste, Hornbeam le cruel échevin... On s'émeut des injustices, on se réjouit des victoires, tout en attendant de savoir qui va coucher avec qui ! Comme souvent chez l'écrivain gallois, l'intrigue fait place belle aux femmes fortes - Sal, la mère courage, ou Elsie, qui instruit les enfants pauvres. Elles ont un rôle phare dans cet opus qui aborde la revolt of the housewives durant les émeutes de la faim de 1795. Véracité des faits, description agile des arides techniques industrielles et juste tempo narratif, Ken Follet sait attraper son lecteur et on se laisse hameçonner par ce cocktail de guerre, d'amour et de lutte des classes.

LA PLUME DANS LE PLAT

L'écrivain Alberto Manguel a imaginé les recettes de plats tirés de ses lectures. Un régal!

D'Alberto Manguel, on connaissait la boulimie de livres.

Une bibliothèque de 40 000 volumes offerte l'an passé à la ville de Lisbonne, ou son fameux essai Une histoire de la lecture. Aujourd'hui, l'écrivain argentino-canadien, en dévoilant son faible pour la bonne chère, marie ses deux passions... « J'ai toujours eu un penchant pour les histoires dans lesquelles les personnages font une pause repas, s'activent au fourneau ou se rassemblent autour d'une table », raconte-t-il dans la préface de son premier livre de recettes, La Cuisine des contrées imaginaires. Pour ce théoricien de la lecture, une scène de repas a une fonction cruciale dans un roman : conférer à ce dernier un effet de réel. « La simple mention de la nourriture humanise une histoire », assure l'écrivain, dont le panthéon des romanciers-cuisiniers va de Colette à Günter Grass en passant par Georges Simenon ou Balzac.

Dans ce joli volume agrémenté de crayonnés qu'il a lui-même réalisés, Manguel imagine 73 recettes de mets consommés dans des endroits qui n'existent que dans l'imagination d'un auteur et de ses lecteurs. Il traduit en grammes de farine, en cuillères à café de cannelle et en centilitres de miel les gâteaux dont se nourrissent les Béorniens du Seigneur des anneaux. Il imagine les fruits et les liqueurs qui composent la Boisson des vierges, spécialité de l'archipel de Waq-Waq dans Les Mille et Une Nuits. Il nous met en appétit avec des recettes simples et nous emmène dans un tour des mondes imaginaires, ceux d'Homère, de Lewis Carroll, de Rabelais, de Jules Verne, de J.K. Rowling ou de l'immense Borges, bien sûr, dont Manguel fut le lecteur quand il devint aveugle. S'agissant des ingrédients difficilement trouvables au marché, rien de plus simple. Le canard remplacera aisément la tortue du pot-au-feu dont se régalent les habitants du petit village colombien de La Mer du temps perdu de García Márquez tandis que cinq œufs de poule feront l'affaire pour l'omelette d'œuf de dragon des magiciens de Terremer d'Ursula K. Le Guin. À vos fourneaux !

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