Dans E.T. de Steven Spielberg, l'image du petit alien volant devant la pleine lune en vélo cross est devenue culte au point de lancer la mode du BMX dans les années 1980. Si E.T. revenait aujourd'hui, il volerait plutôt en gravel, la dernière tendance dans le cyclisme, une catégorie de bicyclette entre le VTT et le vélo de course, sorte de SUV à pédales. « Le gravel, c'est le vélo parfait autant pour les virées sportives à campagne que pour se rendre au boulot en ville lorsqu'il est doté de garde-boue et de sacoches, nous explique Clément Bonneau, le porte-parole de Moustache Bikes, le fabricant français de vélos à assistance électrique (VAE) qui vient de présenter son dernier gravel, baptisé Dimanche 29. La catégorie gravel connaît la plus forte progression, avec plus 50 % d'exemplaires vendus en 2023 par rapport à 2022, sur un marché toujours très fort. »

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 Avec 671 585 VAE vendus en 2023 contre 56 000 en 2013 (chiffres de l'Observatoire du cycle), la France a bel et bien pris le virage de la mobilité douce. Il faut dire que le VAE offre les avantages du vélo dit « musculaire » sans ses inconvénients : facile à garer et non polluant, il permet au cycliste d'avaler de grandes distances en évitant d'attraper une suée, bref il est le meilleur substitut à l'automobile pour les trajets du quotidien. « C'est ce qu'on appelle le report modal, explique Olivier Schneider, le président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), c'est-à-dire le changement de mode de déplacement pour les distances de 5 à 10 kilo- mètres, et c'est bon pour la planète. » Justement, pour lutter contre le changement climatique, la logique veut que l'on choisisse un vélo assemblé en France plutôt qu'un import asiatique. À ce jeu-là, Moustache Bikes remporte la palme. Lancée en 2011, cette marque vosgienne est aujourd'hui leader en France avec 50 000 VAE vendus en 2020 . Mieux : Moustache vient de se payer le luxe de relocaliser en France la fabrication du cadre en aluminium de son modèle J, commercialisé depuis septembre 2023. Certes ce vélo haut de gamme coûte cher, à partir de 5 200 euros, mais parmi les 17 modèles il existe une version plus abordable comme le Samedi 28, à 2 300 euros neuf et 1 500 euros en reconditionné. Et c'est justement dans cette fourchette de prix que se concentrent les nouveaux petits constructeurs français, qui suivent l'exemple de Moustache en misant sur les excellentes projections du marché national qui devrait atteindre 1 million de VAE vendus par an d'ici à 2030, selon l'USC, l'Union sport & cycle.

Le gravel, c'est le vélo parfait autant pour les virées sportives à la campagne que pour aller au boulot en ville

Clément Bonneau, porte-parole de Moustache Bikes

Pourquoi ? Parce que la pratique du vélo explose depuis le Covid - aidée par la hausse du prix de l'essence -, avec une croissance de 32 % de la pratique sur l'ensemble du territoire et jusqu'à 70 % dans certaines villes. Cette perspective attire donc de nouveaux entrants, qui voient dans la conception et la fabrication de VAE la possibilité de réaliser leur rêve entrepreneurial, de proposer des solutions de mobilité douce et d'inciter à changer nos habitudes de déplacement.

À l'image des deux sœurs Laura et Hanna Israel, qui viennent de monter la société BCKL et commercialisent depuis le début de l'année un vélo électrique accessible à 1 799 euros. Ces deux ex-championnes de VTT ont conçu un vélo idéal pour les débutants avec un solide porte-bagages, un cadre ouvert facile à enfourcher et des pneus anticrevaisons. Avec en plus des solutions de financement avantageuses, BCKL souhaite convertir un maximum d'utilisateurs et leur faire abandonner la voiture. Autre idée pour faire changer les mentalités, remplacer les véhicules de fonction par des vélos électriques. « Non seulement le taux de retard des salariés à cause des bouchons diminue, mais l'employeur gagne des déductions fiscales et une meilleure responsabilité sociale et environnementale [RSE] », constate Simon Montel, chef de projet marketing du Vélo Mad, la marque rouennaise fondée en 2018.

Évidemment, tout dépend aussi du chargement que l'on souhaite déplacer ; mais pour des petits outils, des livraisons du dernier kilomètre ou des enfants à accompagner à l'école, le vélo cargo électrique offre une alternative parfaite, à l'image des modèles ÉVO ou Origine du constructeur savoyard Oklö, inspirés par les vélos japonais « mamachari ». « Le bac devant le guidon est solidaire du cadre, pour que la direction reste légère, mais supporte jusqu'à 30 kilos, en plus des 70 kilos autorisés sur porte-bagages arrière », revendiquent les gérants de cette société d'Annecy organisée en coopérative ouvrière (Scop). Même s'il s'agit d'un sacré investissement, entre 2 850 et 4 670 euros, le cargo électrique facilite la vie des artisans : moins de problèmes de stationnement, moins de stress, plus de flexibilité, donc meilleure productivité. Enfin, pour séduire les derniers récalcitrants, la jeune société Ellipse Bikes a trouvé la solution : « Il faut que les nouveaux cyclistes retrouvent les équipements auxquels ils sont habitués en voiture : un GPS, un éclairage e cace, et sur- tout des clignotants, que nous avons intégrés sur nos vélos E1 et E2. » Prendre le virage du VAE n'a jamais été aussi sûr.