Le tireur qui revenait aux JO quarante ans plus tard

Le Vénézuélien Leonel Martinez a connu Los Angeles 1984. Depuis, plus rien. Il sera à Paris dans huit mois.
Solen Cherrier
Leonel Martinez, 60 ans, lors des Jeux panaméricains, fin octobre.
Leonel Martinez, 60 ans, lors des Jeux panaméricains, fin octobre. (Crédits : Lucas Aguayo Araos/EFE/Maxppp)

Les archéologues de l'olympisme ont ressorti les grimoires quand, à l'issue des derniers Jeux panaméricains, le tireur vénézuélien Leonel Martínez a décroché sa qualification à Paris 2024 grâce à sa médaille d'argent en ball-trap. Qu'un athlète de 60 ans se qualifie pour les JO, ça n'est pas si exceptionnel que ça, surtout en tir - le Suédois Oscar Swahn détient le record (72 ans en 1920). Qu'il y parvienne quarante ans après sa première participation, ça l'est. Les historiens sont formels : seul le cavalier japonais Hiroshi Hoketsu a attendu plus longtemps, quarante-quatre ans, entre ses débuts à Tokyo en 1964 et son retour à Pékin en 2008.

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Il y a trente-neuf ans, Leonel Martínez faisait partie des 26 athlètes du Venezuela à défiler en costume-cravate « vinotinto » au Memorial Coliseum. Quelques jours plus tard, il terminait l'épreuve de fosse olympique (le nom officiel de la discipline) à la 41e place. Comment expliquer ensuite la faille spatio-temporelle de quatre décennies ? Par une histoire très terre à terre. Leonel Martínez avait prévu de retenter sa chance à Séoul quatre ans plus tard mais, en rentrant au pays, il a été happé par le quotidien. Il a monté une entreprise, rencontré sa femme, eu deux enfants et remisé sa carabine.

« Une fois que j'ai compris que ma famille allait bien et que tout le monde était à l'abri, je me suis dit ''maintenant, je peux penser un peu à moi'' », a-t-il rembobiné dans le New York Times. Un quart de siècle s'était écoulé. En 2011, il a repris la compétition dans un sport où l'aspect mental compte pour « 90 % ». Dans la mégapole californienne en 1984, tout lui semblait immense et hors du temps. Le stress l'avait rongé. La maturité est désormais son alliée. Il se trouve meilleur qu'à 20 ans. Et, au regard de là où il vient, il ne s'interdit pas de rêver de médaille.

Juste après sa qualification, ticket Paris 2024 et peluche phrygienne en main, il a raconté avec émotion le sens de cette histoire « pas commune » : « C'est une manière de dire au monde que vous pouvez rêver, qu'il ne faut pas prêter attention à ce que les autres peuvent dire parce que leurs limites ne sont pas nécessairement les vôtres. » Les siennes ne se bornent pas à Paris. Dans son viseur : Los Angeles 2028. Histoire de boucler la boucle après avoir repris le fil de sa carrière.

Solen Cherrier

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