LA SEMAINE DE PHILIPPE VANDEL : pensée complexe

CHRONIQUE - Chaque semaine, notre chroniqueur explore le monde médiatique tel qu’il va… ou pas. Et cette semaine, il s'interroge sur le lien entre simplicité et vérité.
Philippe Vandel
Philippe Vandel (Crédits : DR)

Rien n'est simple. Une nouvelle avait d'abord fait ma joie la semaine dernière, et je l'avais écrit ici même.

 ✂ « Comment ne pas saluer le "bonus réparation" pour les vêtements et les chaussures lancé il y a deux semaines ? Des remises pour des travaux chez des artisans, qui poussent à raccommoder plutôt qu'à jeter. Exemple : un trou dans la chemise, c'est 12 euros chez la couturière, mais l'État vous en offre 7, donc ça ne coûtera que 5 euros. » Fin de citation.

 📺 Hélas, à peine La Tribune Dimanche investit-elle les kiosques que le journaliste économique François Lenglet assène une douche froide au 20 Heures de TF1. Il a relevé 14 niveaux de bonus en fonction des travaux effectués. Exemple : « Fermeture Éclair de plus de 20 centimètres : 15 euros ; fermeture Éclair de moins de 20 centimètres : 8 euros. Couture doublée : 8 euros ; non doublée : 6 euros de ristourne au consommateur, remboursés ensuite au couturier ou au cordonnier. »

C'est pas fini : « Pour chaque intervention, le commerçant doit prendre une photo du vêtement avant et après réparation, soumettre le dossier à l'Administration puis attendre deux mois. »

👖 Le financement provient d'une nouvelle taxe, qui frappe les vêtements neufs. Lenglet reprend son souffle : « Pas moins de 104 niveaux de taxe pour chaque type de vêtement, définis au centième de centime d'euro. Les chaussettes pour hommes par exemple sont taxées à 0,0231 euro. Cet argent sert aussi à subventionner les industriels qui pratiquent le recyclage. Mais pour en bénéficier, il faut que les fibres recyclées proviennent de moins de 1 000 kilomètres par rapport au centre géographique de la France, défini par décret par sa latitude et sa longitude. »

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On en est là.

🛩 Latitude, le mot prend tout son sens. Anne Hidalgo est donc rentrée après trois semaines de périple Tahiti - Nouvelle-Calédonie. Le 5 novembre. Alors que toutes les chaînes la réclamaient, elle a attendu près de trois semaines pour faire sa première télévision et tenter de contrer le #Tahitigate. C'était mercredi dans Quotidien sur TMC. Rappel des faits : un déplacement pro avec des collaborateurs pour 59 500 euros, suivi d'un séjour perso payé de sa poche. Avec un joli bilan carbone : environ 16 000 kilomètres et vingt et une heures de vol.

🏝  Elle a d'abord promis à Yann Barthès de bannir la langue de bois puis s'est justifiée : « J'ai été invitée sur les deux sites en tant que maire de Paris. Je suis maire de Paris, maire de la capitale de la France, et je suis allée non pas au bout du monde, mais au bout de la France. »

⛽ Ben oui ! Tahiti est au bout du monde, mais comme c'est en France, c'est le bout de la France. On est cons, on n'y avait pas pensé ! Le commandant de bord non plus d'ailleurs, ni le kérosène brûlé.

📅 Jean-Michel Aphatie : « Pourquoi vous l'inscrivez pas sur l'agenda officiel ? » Anne Hidalgo : « C'est inscrit sur mon agenda, mais moi je ne publie pas d'agenda officiel. - Du coup vous donnez l'impression de cacher quelque chose...

- Y a rien à cacher. »

🚲 Rien à cacher, vraiment ? Le 19 octobre, la maire de Paris s'est affichée sur Instagram, une vidéo où elle pédale sur les quais de Seine avec ce slogan : « Quand les rayons de soleil sont de retour, à Paris c'est à vélo qu'on les savoure. » Or, le 19, elle était encore à l'autre bout du monde. Pardon, de la France.

🥑 Pas simple de plaider sa cause. Mais avec un avocat, euh, pas simple non plus.

🥂 Prenez Rémi-Pierre Drai, il défend le sénateur Joël Guerriau, mis en examen pour « administration de substance afin de commettre un viol ou une agression sexuelle » sur plainte de la députée Sandrine Josso. Après une soirée chez lui, elle a fait des examens qui ont révélé des traces d'ecstasy dans son organisme. Comment ce produit s'est-il retrouvé dans le verre de la députée ?

💊 L'homme de loi s'est voulu rassurant : « Ce n'était pas destiné à elle, c'était pour une consommation personnelle, et par une erreur de manipulation, qui s'explique parfaitement... » OK. Allons-y. Il s'est longuement expliqué sur BFM, d'abord sur la présence d'ecsta au domicile du sénateur : « Il y a quelques mois, parce que la campagne était dure, quelqu'un du Sénat lui a donné un euphorisant. »

L'avocat a décrit la chose sur RMC : « Une petite poudre blanche, un petit sachet en plastique. »

Journaliste : « Mais il pensait que c'était quoi, si ce n'était pas de l'ecstasy ?

- Un euphorisant.

- Un euphorisant légal ?

- Oui, je pense que ça existe. »

L'avocat révèle ensuite que son client a dilué cette poudre dans une coupe de champagne. Finalement sans la boire. Faut pas gâcher : il range le verre au réfrigérateur. Le lendemain, il reçoit Sandrine Josso chez lui, et tout se mélange. Explication de Me Drai : son client a ressorti du frigo le champagne de la veille. « Il sert deux verres, et l'un de ces deux verres contient, au fond, cette poudre, et c'est le verre de son amie, sa collègue, qui est venue spécialement ce soir-là à son domicile pour fêter sa victoire, qui consomme ce produit. » À ce point de la plaidoirie, même pas envie de commenter.

🚗 Vous cherchez un bon avocat ?

Paris-Normandie en a trouvé un. Sébastien Dufour. Son client, un automobiliste pressé, avait été flashé à 275 km/h sur l'A29 en mai. Il a été relaxé par le tribunal judiciaire de Dieppe. L'avocat s'est appuyé sur la notice du radar, qui stipule que l'appareil est habilité à constater les vitesses jusqu'à 250 km/h. Donc 275, c'est trop rapide pour le radar. Imparable. De Paul Valéry : « Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable. »

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