Chronique de François Simon : LVMH se paie l'ami Louis

Cette semaine, François Simon a testé la brasserie traditionnelle haut de gamme Chez l’Ami Louis, dans le 3ᵉ arrondissement de Paris.
Chronique de François Simon, Chaud devant
Chronique de François Simon, Chaud devant (Crédits : DR)

C'est la halte-garderie des palaces, les plats font hennir de rage les chroniqueurs britanniques (« c'est de la meuwde », cinglent-ils régulièrement), le décor semble avoir échappé à La Traversée de Paris et l'on s'attend à tout moment à voir émerger des toilettes Noël-Noël, Bourvil, Louis de Funès ou, à l'extrême rigueur, si cela fait encore rire, un Oberleutnant. Plats de résistance, donc, avec un poulet rôti génial servi avec son tumulus de pommes allumettes, un foie gras très discutable (abondant, mais lourdingue), des coquilles Saint-Jacques au cholestérol et des desserts dans leur plus simple appareil (fraises à la double crème).

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L'adresse fait courir la terre entière car elle sait donner dans le cliché, aidée en cela par les garçons du service roués, scélérats, farceurs, pittoresques (le jeté des manteaux sur les galeries en cuivre est un joli moment), au cynisme rayonnant, bref, ce sont de vrais garçons. Au-dessus d'eux, brillant de félicité contenue, le directeur de salle, M. Louis, alias Louis Gadby. Or donc, L'Ami Louis d'Olivier Morey et de la veuve de Thierry de la Brosse, propriétaires depuis 1985, vient d'être cédé au groupe LVMH. Pas de quoi s'affoler ; on devrait conserver le saint sacrement dans son tabernacle, le teint rubicond de M. Louis, les additions effrayantes, les 20 000 bouteilles en cave, et le cortège des détracteurs.

À l'image des mannequins ou des stars de l'écran, qui aiment tant se faire photographier au-dessus d'une entrecôte sauce aussi, l'univers du luxe pense également que l'univers de la restauration n'est pas celui où l'on fait des marges décoiffantes, mais celui qui apporte ce supplément d'humanité tant recherché. Le rachat de la Samaritaine (LVMH), devenue Cheval Blanc Paris - ainsi que celui de Belmond -, faisait déjà suite à cet esprit de diversification instigué dès les années 1990 par Giorgio Armani, Versace, Gucci ; Bulgari et ses hôtels, Chanel... Manger ainsi les pommes allumettes de Chez l'Ami Louis (avec les doigts, please) sera plus que jamais un marqueur social. Et l'Ami Louis sera toujours aussi agaçant, surtout lorsqu'on n'y décroche pas une table.

Chez l'Ami Louis, 32, rue du Vertbois (Paris 3e). Tél. : 01 48 87 77 48. 130 euros.

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