Suez veut faire de son usine de Landemont une vitrine du recyclage des plastiques

Après 17 mois de chantier, le groupe Suez a finalisé l’agrandissement (5.000 mètres carrés) de son usine de recyclage de films plastiques de Landemont (Pays de la Loire). L’augmentation des capacités de ce site vient notamment répondre à la réglementation européenne (PPWR) imposant en 2030 des emballages plastiques intégralement recyclables et présentant un pourcentage minimal de plastique recyclé dans leur composition.
Localisée à Landemont (Maine-et-Loire), l'usine de Suez va augmenter sa capacité de traitement d’environ 30.000 tonnes par an.
Localisée à Landemont (Maine-et-Loire), l'usine de Suez va augmenter sa capacité de traitement d’environ 30.000 tonnes par an. (Crédits : Florence Falvy)

Seuls 24% des déchets plastiques sont recyclés en France alors que la Directive européenne PPWR (une loi qui vise à réguler l'emballage au niveau européen et à tendre vers une meilleure gestion des déchets d'emballage dans toute la zone) préconise de recycler 55% des emballages plastiques d'ici à 2030 et ouvre la voie à une obligation d'incorporation minimale de matière recyclée pour certains produits et matériaux. Par exemple, elle impose 35% minimum de plastique recyclé dans les emballages palettes. « Il y a donc forte à faire pour rattraper notre recul ! », s'exprime Sébastien Motte, directeur général de la branche recyclage plastique chez Suez. Cette réglementation va donc « mettre une pression positive sur la demande » alors que « le gisement est monumental ».

« C'est maintenant qu'il faut investir pour être prêt en 2030. »

Raison pour laquelle le groupe Suez a décidé d'investir dans l'extension de son usine de Landemont (Maine-et-Loire), l'un de ses quatre sites dédié au recyclage des films en PEBD (polyéthylène basse densité) post-commerciaux (films de palettisation) et agricoles usagés afin de fournir des granulés plastiques. L'investissement se chiffre à 30 millions d'euros, dont 2 millions d'euros financés par l'Ademe. « Suez souhaite faire de ce site une vitrine du recyclage et de valorisation des plastiques », note Philippe Chéron, le directeur de l'usine.

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5.000 mètres carrés supplémentaires

Les premiers coups de pelle ont été donnés en février 2023. 17 mois plus tard, l'heure est aux derniers réglages.

« Nous sommes dans la dernière ligne droite du projet conformément au calendrier prévisionnel », poursuit Philippe Chéron.

En service depuis 1997, cette usine passe ainsi de 3 hectares à 7 hectares. Dans le détail, ce nouvel ensemble comprend un site de 3.200 mètres carrés, 100% automatisé, dédié à la production (en sus des 3.000 mètres carrés déjà existant) avec deux nouvelles lignes de valorisation de films. Celle dédiée au recyclage des films post-commercial s'apprête à démarrer alors que la seconde dédiée aux films agricoles sera mise en route en septembre prochain. À cette surface s'ajoutent 1.700 mètres carrés supplémentaires pour le stockage des big-bag, quatre silos pour le stockage en vrac et une vingtaine de casiers pour le stockage des films plastiques en extérieur.

La nouvelle usine abritera également une salle pédagogique (accessible sur réservation) en hauteur avec vue sur le process. Opérationnelle pour cet été, elle proposera des ateliers pédagogiques autour du recyclage. Le lieu accueillera notamment des visiteurs à l'occasion des journées régionales de la visite d'entreprise le 24 octobre prochain. L'occasion de dévoiler ce projet d'extension à la population qui, selon Philippe Chéron, est bien accepté.

Une capacité de traitement d'environ 30.000 tonnes en plus par an

Suite à cette extension, l'usine qui tourne en 5x8, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, peut désormais disposer d'une capacité de traitement d'environ 60.000 tonnes par an, contre environ 30.000 tonnes valorisées jusqu'alors par trois lignes. Ainsi, la capacité de production va passer de 13.000 tonnes à 34.000 tonnes de granulés plastiques. « Suez disposera alors du plus gros site de production de recyclage de films PEBD en France. Il sera dans le top 5 en Europe », précise Sébastien Motte.

20 embauches supplémentaires

Afin d'accompagner cette montée en puissance, Suez, qui employait jusqu'alors 55 salariés sur ce site, a déjà recruté dix personnes depuis le début de l'année, principalement des conducteurs de ligne. Et dix autres collaborateurs (conducteurs d'engins, techniciens chargés de la maintenance) viendront renforcer les équipes d'ici à la fin de l'année. « Sur un bassin de plein emploi, le recrutement n'a pas été simple », reconnait Philippe Chéron.

Une guerre des prix

La matière première est collectée dans le grand Ouest. « C'est Adivalor qui gère la collecte des films plastiques agricoles. Les films de palettisation sont quant à eux collectés directement par Suez auprès d'acteurs de la grande distribution, logisticiens et autres entreprises avant d'être massifiés et triés puis transformés en balles de plastiques. Ce qui représente 75% des approvisionnements. Le reste des volumes est acheté auprès de collecteurs locaux, comme Brangeon et Cap Eco Recycling », explique Sébastien Motte, directeur général de la branche recyclage plastique chez Suez. Une fois transformée à Landemont en granulés plastiques, cette matière est ensuite revendue au Comité des Plastiques en Agriculture (syndicat qui rassemble les producteurs de films agricoles) et à des producteurs de films, concentrés principalement aux alentours de Saint-Etienne, avant d'être valorisée principalement en France en bâches agricoles et de maraîchage, films d'emballage, gaines d'irrigation ou d'isolation de câbles et pièces diverses (pour l'automobile, notamment).

Interrogé sur le prix de revente, Sébastien Motte explique que c'est « un business model compliqué » étant donné qu'il n'y a pas, à ce jour, d'obligations d'incorporation. « Le plastique recyclé subit les aléas du cours du pétrole avec un prix plus ou moins avantageux par rapport à la matière vierge. Du coup, il nous arrive de vendre à un prix inférieur à nos coûts de production. » La réglementation européenne PPWR va avoir l'avantage de dissocier ces deux marchés.

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