Véhicules électriques : le groupe CBM veut accélérer sur le rétrofit d'autocars

D’abord le nantais Stimio puis le lyonnais Besset et, dernièrement, la startup savoyarde Retrofleet... En moins d’un an, le groupe CBM dans la Sarthe (160 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, 1.500 clients en France) a réalisé deux acquisitions et opéré une prise de participation majoritaire. L’occasion pour le spécialiste de la fourniture de pièces détachées pour bus, cars et tramways de se positionner sur un secteur en pleine mutation : le rétrofit. Et d'afficher ses ambitions.
Le 10 juillet dernier, le groupe CBM a présenté au Mans ses perspectives de développement dans l'industrialisation du rétrofit électrique d'autocars.
Le 10 juillet dernier, le groupe CBM a présenté au Mans ses perspectives de développement dans l'industrialisation du rétrofit électrique d'autocars. (Crédits : CMB)

Depuis l'arrêté du 13 mars 2020, l'électrification de véhicules thermiques, dit rétrofit, est autorisée en France. Parmi les véhicules concernés figurent ceux de catégorie N c'est-à-dire des camions, bus et cars de plus de cinq ans. Un acteur tricolore a décidé de s'engouffrer dans cette filière en devenir : le groupe CBM, basé à Rouillon (Sarthe) et spécialisé dans les pièces détachées pour bus, cars et tramways. « Nous sommes les premiers à avoir obtenu en 2023 l'homologation pour le modèle Iveco Crossway et bientôt le Mercedes Intouro, l'homologation étant attendue pour fin 2024. Nous pourrons ainsi couvrir 80% du marché européen, soit environ 70.000 véhicules », déclare Vincent Couvreur, directeur de la division services rail, bus et car.

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« Lancer cette filière en France »

Accélérer dans le car électrique... C'est clairement l'objectif affiché par CBM. Une ambition qui s'est traduite depuis un an par l'acquisition de Stimio à Nantes (Loire-Atlantique), qui propose une solution de maintenance prédictive. Puis, cinq mois plus tard, par la reprise du groupe de carrosserie Besset, basé à Villeurbanne. Avant de devenir, en avril dernier, l'actionnaire majoritaire (hauteur de 70%) de Retrofleet, une entreprise pionnière de la transformation industrielle de véhicules thermiques en véhicules électriques, notamment d'autocars. Vincent Couvreur note « une vraie appétence commerciale sur le rétrofit » qui est selon lui « la seule solution permettant de décarbonner rapidement les flottes ». Un marché qui offre donc au groupe manceau de belles perspectives de développement. « Notre vraie volonté : lancer cette filière en France, ce qui passera par son industrialisation dans les territoires. » De quoi réduire de 87% les émissions de CO2.

Pour CBM, le rétrofit électrique représente un véritable relais de croissance. « Notre activité car et bus pèse 145 millions d'euros de chiffre d'affaires, 30% à 40 % étant liés à la vente de pièces nécessaires au moteur thermique. Avec le rétrofit qui gagne du terrain, nous allons en vendre de moins en moins. A horizon dix ans le risque est donc de perdre ce volume d'affaires. »

Une commande d'une centaine de modèles rétrofités

A ce jour, 20 autocars (qui avaient entre 250.000 kilomètres et 350.000 kilomètres au compteur et étaient âgés d'environ huit ans) ont été rétrofités pour circuler en Rhône-Alpes, région PACA, en Ile-de-France et dans la région Centre-Val de Loire, mais aussi dans le Sud-Ouest. Une flotte qui va grossir avec la commande d'une centaine de modèles Iveco Crossway Euro 6 dont la livraison est attendue cette année, sachant qu'il faut compter quatre semaines pour convertir un véhicule.

« Nous garantissons 200 kilomètres d'autonomie moyennant un temps de recharge compris entre 1h30 (avec une prise de 120 kW) et 12 heures (avec une prise de 22 kW). Le rétrofit permet de prolonger la durée de vie du moteur à 40 ans contre 10 et 15 ans pour un modèle thermique », précise Vincent Couvreur.

Augmenter ses capacités en propre

Le groupe produit actuellement un kit rétrofit par semaine mais prévoit d'acccélérer la cadence pour sortir un kit par jour à fin 2024. D'ici là, il va aussi augmenter ses capacités en propre. CBM est doté de deux centres de transformation à Goussainville et Villeurbanne et un troisième atelier (géré en location) va ouvrir en octobre prochain à Saint-Luce-sur-Loire dans les Pays de la Loire (investissement de 250.000 euros) avec une capacité de 20 à 30 véhicules convertis par an et une équipe de 6 personnes à la transformation.

« D'ici à fin 2024, notre objectif est de réaliser 200 transformations par an. »

En parallèle, CBM qui mène déjà un partenariat avec la société toulousaine Bacqueyrisses (concessionnaire d'Iveco et spécialiste de la réparation et de l'équipement des cars et bus) prévoit de signer un autre accord avec une société dans les Hauts-de-France d'ici à la fin de l'année.

Mais le groupe manceau ne compte pas se limiter à la France. En effet, ses ambitions sont aussi à l'international où il réalise 60% de son chiffre d'affaires. Un atelier de 6.000 mètres carrés qui pourra convertir 250 véhicules par an est actuellement en construction à Turin (Italie) pour une mise en service prévue en janvier 2025. Soit un investissement de 2,5 millions d'euros (hors bâtiment). « Nous serons les précurseurs dans ce pays où la filière est encore inexistante », souligne Vincent Couvreur.

Le groupe CBM ne compte pas non plus se contenter de convertir des bus et des cars. Prochaine étape : les bennes à ordures ménagères. Un prototype serait d'ailleurs en cours de développement. Autre objectif : décarbonner les zones aéroportuaires. « Nous sommes également en discussions très avancées avec le constructeur COBUS Industries pour convertir des navettes utilisées dans les aéroports. » Un projet qui pourrait voir le jour avant la fin de l'année.

La Région Pays de la Loire s'est donnée pour objectif d'équiper 100 % des cars du réseau Aléop (lignes régulières) en motorisations alternatives à horizon 2030. Aujourd'hui, la flotte de cars régionaux compte un car électrique et 170 cars GNV dont la moitié de cars scolaires. Dans le cadre des dernières délégations de service public renouvelées en mai 2024, 18 autocars rétrofités électriques seront introduits dans la flotte de cars de lignes régulières de la Mayenne et du Nord Maine-et-Loire, opérés par Keolis, dans les prochaines années, contribuant à réduire l'empreinte carbone du transport régional.

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Commentaire 1
à écrit le 11/07/2024 à 17:32
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A voir si la solution ne sera pas plus "rétrofit" à batteries plutôt qu'à hydrogène ? Les batteries font des progrès, l'hydrogène on n'en trouve pas souvent, voire rarement si ce n'est de façon exceptionnelle, le temps d'immobilisation pour 'recharge...

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