Plan de résilience de l’eau : le sujet d’une tarification éco-solidaire sur la table en Bretagne

Très peu homogènes avec de fortes disparités selon les communes, les tarifs de l’eau en Bretagne sont aussi parmi les plus élevés de France. Par souci d’équité et de justice sociale, l’Assemblée bretonne de l’eau planche, dans le cadre du Plan de résilience sur l’eau, sur une tarification éco-solidaire, différenciée selon les territoires mais visant à homogénéiser les règles.
Au-delà d’initiatives localisées, la Région Bretagne réfléchit à une modulation de la tarification. Avec en ligne de mire, une tarification plus juste, voire progressive de l'eau comme à Bordeaux, Montpellier ou Dunkerque.
Au-delà d’initiatives localisées, la Région Bretagne réfléchit à une modulation de la tarification. Avec en ligne de mire, une tarification plus juste, voire progressive de l'eau comme à Bordeaux, Montpellier ou Dunkerque. (Crédits : Pixabay / CC)

Au moment où la tarification dite saisonnière de l'eau est entrée en vigueur le 1er juin, non sans susciter de polémiques, dans trente-sept communes de Toulouse Métropole (+42% pendant cinq mois), la question de la raréfaction de l'eau de la ressource en eau, assortie de la problématique de la modernisation des réseaux d'eau potable et d'assainissement, fait évidemment débat dans d'autres villes et régions de France.

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En Bretagne, territoire attractif qui accueille de nouveaux habitants chaque année ainsi qu'une vague de touristes à chaque période de vacances, la question de la modulation des prix de l'eau est également sur la table.

Certaines communes, comme celles du pays de Fouesnant ont déjà adopté une tarification hiver/été tandis qu'à Combourg (Bretagne romantique), le prix de l'eau est depuis cette année le même pour tous (1,66 euro le mètre cube jusqu'à 40 mètres cubes, 2,08 euros au-delà : les gros consommateurs, notamment industriels, ne bénéficient plus des tarifs dégressifs. Au-delà de ces initiatives localisées, la Région réfléchit pour sa part à une modulation de la tarification. Avec en ligne de mire, une tarification plus juste, voire progressive de l'eau comme à Bordeaux, Montpellier ou Dunkerque.

Sobriété et justice sociale

« Le prix de l'eau et le mode de tarification a été le sujet central d'une séance plénière en mai de l'Assemblée bretonne de l'eau, chargée de mettre en œuvre le Plan breton de résilience pour l'eau, initié par le Conseil régional, l'Etat et l'Agence de l'eau, avec des exemples concrets à l'appui », reconnaît Delphine Alexandre, vice-présidente de la Région en charge de l'eau, de la santé, de la biodiversité, interrogée par La Tribune.

« La sécheresse de l'été 2022 est venue contredire l'idée que la Bretagne était à l'abri des problèmes quantitatifs. Par ses conditions naturelles et son attractivité, elle est particulièrement vulnérable à ces phénomènes. Notre feuille de route est donc de faire coïncider le plan breton avec les objectifs environnementaux de baisse de 10% des prélèvements et de renouvellement des réseaux. Le souci de justice sociale pousse donc le débat de la tarification éco-solidaire », ajoute l'élue.

Derrière le principe, se dessine au niveau régional une homogénéisation des règles et une généralisation des tarifs progressifs. En Bretagne, où l'eau, à l'inverse de ce qui existe au niveau national, provient à 75% des eaux supérieures, à 25% des eaux profondes, les prix au mètre cube sont non seulement très hétérogènes mais aussi plutôt plus chers que dans les autres territoires.

L' exemple de Dunkerque

« Le tarif moyen, qui additionne le coût de production au coût d'assainissement, se situe autour de 5 euros du mètre cube contre 4,34 euros en moyenne en France. Pour faire avancer le débat sur le sujet d'un tarif progressif à corréler au nombre d'habitants il y a des freins à lever et des solutions de financement à trouver, par exemple, pour la télérelève des habitations » évoque Delphine Alexandre.

Lors de la séance plénière du 16 mai, l'ABE a ouvert le sujet sensible qu'est la tarification de l'eau en se fondant sur l'exemple du territoire de Dunkerque, qui a mis en place une tarification éco-solidaire pour faire baisser la consommation d'eau. 
Fabrice Mazouni, directeur du syndicat de l'eau du Dunkerquois, a indiqué que cette tarification distinguant l'eau initiale (40m3), l'eau utile et l'eau de confort (la plus chère) se voulait incitative afin de sensibiliser les habitants aux usages de l'eau. 

« Il ressort de cette expérience que la réussite d'une tarification de l'eau repose sur plusieurs leviers dont la recherche de l'équité, une communication forte vers les usagers, ou encore l'individualisation des compteurs d'eau et la connaissance de la constitution des foyers » analyse Delphine Alexandre.

Tandis que pour inciter à la sobriété, la Région s'apprête à relancer sa campagne estivale, assortie cette année d'une étude d'impact sur le comportement des usagers, l'élue régionale se dit globalement satisfaite de la mobilisation des 120 membres qui composent l'Assemblée bretonne de l'eau.

Issus du secteur public, des entreprises et de la société civile, ils ont constitué trente-trois groupes de travail afin de plancher sur les sept axes du Plan de résilience de l'eau : de la sobriété (également via le programme Ecod'O destiné aux entreprises et la question de la réutilisation des eaux usées) aux nouvelles ressources en passant par la restauration des sols (volet pollution de l'eau en lien avec les activités agricoles) et la question du financement.

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