Pétrole : le géant Marathon Oil écope d'une amende record pour ses émissions de gaz à effet de serre

Le groupe pétrolier américain Marathon Oil a été épinglé aux États-Unis pour ses émissions « néfastes » de gaz à effet de serre. Il a conclu un accord avec les autorités américaines de 241,5 millions de dollars, comprenant une amende civile record de 64,5 millions d'euros, le reste servant à financer des mesures pour se mettre en conformité avec la réglementation.
Les mesures que Marathon Oil s'est engagé à mettre en œuvre doivent permettre de réduire ses émissions de CO2 de plus de 2,25 millions de tonnes au cours des cinq prochaines années (photo d'illustration).
Les mesures que Marathon Oil s'est engagé à mettre en œuvre doivent permettre de réduire ses émissions de CO2 de plus de 2,25 millions de tonnes au cours des cinq prochaines années (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

64,5 millions de dollars : tel est le montant de l'amende que le groupe pétrolier américain Marathon Oil va devoir payer en raison de ses émissions de gaz à effet de serre jugées « néfastes ». Infligée dans le cadre de la loi américaine sur la qualité de l'air - le « Clean Air Act » adopté en 1963 - c'est la première fois qu'une amende concernant des infrastructures fixes s'avère aussi élevée, selon un communiqué du ministère de la Justice (DOJ) publié ce jeudi.

Cette amende s'inscrit dans un accord plus global que le groupe américain a conclu avec le ministère de la Justice (DOJ) et l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Via accord, Marathon Oil s'engage également à investir un total de 177 millions de dollars pour se mettre en conformité avec la réglementation, d'après le communiqué.

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Sont concernées par cet accord plus de 200 infrastructures de production de gaz et de pétrole de Marathon Oil situées dans cet État du nord des États-Unis, en particulier dans la réserve indienne de Fort Berthold. Une période de consultation publique de trente jours doit s'écouler avant que l'accord ne soit présenté à un juge pour validation, a indiqué l'entreprise pétrolière dans un document déposé jeudi après-midi auprès du gendarme américain de la Bourse (SEC).

Pour le ministre de la Justice Merrick Garland, cité dans le communiqué, cet accord est en tout cas « historique », car il « engage la responsabilité de Marathon pour sa pollution illégale » tout en assurant « un air plus pur » pour ces régions. De son côté, David Uhlmann, un dirigeant de l'EPA, estime que, grâce à cet accord, « Marathon Oil va réduire drastiquement ses émissions, y compris la diffusion de méthane, un super-polluant vingt-cinq fois plus puissant à court terme que le CO2 », a-t-il relevé.

2,25 millions de tonnes de CO2 en moins

Dans son texte, Marathon Oil précise que les faits qui lui sont reprochés remontent entre 2015 à 2019 et que des mesures pour y parer ont déjà été engagées dès 2022. Elles doivent être finalisées en 2025. Ainsi, plus de 70% de l'enveloppe de 177 millions de dollars ont d'ores et déjà été dépensés ou budgétés pour 2024, a-t-il ajouté.

L'essentiel des mesures porte sur l'obtention de permis fédéraux fixant des limites aux émissions, ainsi que des inspections régulières avec des caméras à infrarouge. Elles doivent permettre de réduire ses émissions de CO2 - principal responsable du changement climatique - de plus de 2,25 millions de tonnes au cours des cinq prochaines années. Soit l'équivalent des émissions annuelles de 487.000 voitures, relève le ministère. Elles doivent aussi éliminer près de 110.000 tonnes d'émissions de composants organiques volatils (VOC).

Selon le communiqué, en 2022, le groupe arrivait en 22e position des producteurs de pétrole aux États-Unis. Il était cependant le septième plus gros émetteur de gaz à effet de serre de l'industrie pétrolière et gazière du pays.

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Une fusion dans les cartons

Cette annonce intervient alors que Marathon Oil va bientôt changer de main. Le géant, lui aussi américain, ConocoPhillips est en passe de le racheter. Objectif, se renforcer dans des régions américaines riches en pétrole et en gaz de schiste comme les bassins Bakken, dans le nord du pays, et permien, au sud. Il a déposé une offre dans cette optique fin mai, avec objectif de la finaliser au quatrième trimestre. Dans le détail, l'accord prévoit 0,255 action de ConocoPhillips par action de Marathon, soit une prime de 14,7% par rapport au cours de clôture de mardi. Au total, cela représente 22,5 milliards de dollars y compris 5,4 milliards de dette nette.

L'acquisition permettra « d'ajouter des surfaces très complémentaires au portefeuille onshore de ConocoPhillips aux États-Unis, avec deux milliards de barils de ressources supplémentaires », ont précisé les deux entreprises texanes. Quelque 500 millions de dollars d'économies sont attendues la première année suivant la finalisation de l'opération.

Cette fusion s'inscrit dans la vague d'opérations dans lesquelles se sont lancés les grands groupes énergétiques américains depuis 2023. ExxonMobil a ainsi mis la main sur Pioneer Natural Resources pour 60 milliards de dollars, Occidental Petroleum a proposé 12 milliards pour absorber CrownRock et APA Corporation a annoncé le rachat de Callon Petroleum pour 4,5 milliards de dollars. Le groupe gazier EQT a versé 5,5 milliards de dollars pour reprendre son ancienne filiale Equitrans Midstream Corporation, opérateur d'un important gazoduc du nord-est des États-Unis. Ces opérations confirment la consolidation actuellement en cours de l'industrie pétrolière et gazière américaine, alors que les appels à l'abandon des énergies fossiles, pour le bien de la planète, ne cessent de se multiplier.

Le pétrole en légère hausse grâce à l'inflation américaine

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, a  gagné 0,37% à 85,40 dollars jeudi. Et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en août, est monté de 0,63% à 82,62 dollars. De légères hausses enregistrées après la publication des chiffres de l'inflation outre-Atlantique, qui a atteint +3% en juin, contre +3,3% le mois précédent et surtout +3,1% attendu par les analystes. « Je crois que les marchés sont globalement contents que les frayeurs inflationnistes soient derrière nous », a commenté John Kilduff, analyste d'Again Capital.

Ce ralentissement fait miroiter de futures baisses de taux de la banque centrale américaine (Fed), ce qui favoriserait l'activité. Car des taux d'intérêt plus bas sont favorables aux achats de pétrole, alors qu'un environnement de taux élevés a tendance à freiner la croissance économique, et donc la demande de brut.

Autre facteur de soutien des cours, les stocks de pétrole brut se sont de nouveau contractés la semaine dernière aux États-Unis, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) qui a publié ses chiffres ce mercredi. La baisse atteint 3,4 millions de barils en net lors de la semaine achevée le 5 juillet, alors que les analystes tablaient en moyenne sur une hausse. De quoi indiquer « une demande robuste », expliquent les analystes d'Energi Danmark. « Ces chiffres confirment le sentiment général que le marché a eu au début de l'été », à savoir une demande résiliente.

Cette réduction est d'autant plus remarquable que, lors de la même semaine, la production américaine de brut a augmenté, à 13,3 millions de barils par jour (contre 13,2 millions précédemment), touchant de nouveau un record historique déjà enregistré en début d'année.

(Avec AFP)

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