Lithium, Cobalt... Dans la course aux minerais et métaux critiques, l'Italie va rouvrir ses mines

Par latribune.fr  |   |  873  mots
L'UE veut répondre au besoin croissant de matériaux pour la transition vers la technologie des énergies renouvelables, comme le lithium, dont elle importe actuellement l'essentiel de la Chine. (Crédits : © LTD / Imerys)
L'Italie a adopté jeudi des mesures visant à intensifier l'approvisionnement national et la transformation des matières premières critiques, dans le cadre d'une stratégie de l'UE pour concurrencer la Chine sur les technologies vertes.

L'Italie se lance dans la ruée vers les nouveaux ors noirs. Le gouvernement de la Première ministre Giorgia Meloni a adopté un décret simplifiant les procédures pour l'obtention des permis miniers, car il cherche à exploiter les minéraux essentiels, du lithium au cobalt.

L'extraction, le traitement et le recyclage de ces matériaux sont « urgents », et le décret met l'Italie en conformité avec la nouvelle loi sur les matières premières critiques de l'Union européenne, a déclaré le ministre de l'Industrie Adolfo Urso lors d'une conférence de presse.

« Nous manquons actuellement totalement d'extraction, alors que nous sommes en pole position en Europe en ce qui concerne le recyclage (des minéraux) » a déclaré le ministre de l'Energie Gilberto Pichetto Fratin.

Les permis d'extraction, de transformation ou de recyclage des matériaux, s'ils sont approuvés, doivent maintenant être délivrés dans les 18 mois suivant la présentation d'une demande. Les entreprises ayant des concessions minières devront verser jusqu'à 7% de redevances au gouvernement ou aux autorités régionales. L'Italie estime posséder des réserves d'au moins 15 des 34 matières premières considérées comme critiques par l'UE, mais beaucoup se trouvent dans des mines qui ont fermé il y a des décennies, car elles n'étaient pas rentables à l'époque, a déclaré Adolfo Urso.

Du lithium, du plomb, du zinc, du cobalt et du titane

Selon l'ISPRA, l'agence italienne pour l'Environnement, les minéraux potentiels pour l'extraction comprennent le lithium près de Rome, le plomb et le zinc en Lombardie, le cobalt dans le Piémont, le titane en Ligurie et les minerais en Sicile et en Sardaigne.  L'agence a jusqu'en mai 2025 pour fournir une carte à jour des minéraux. Les satellites et les drones seraient utilisés dans certains cas pour détecter les minéraux souterrains, a déclaré Adolfo Urso.

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L'exploitation minière suscite d'importantes préoccupations environnementales, en particulier en ce qui concerne les émissions de carbone provenant des sites de production et de raffinage. Mais l'UE veut répondre au besoin croissant de matériaux pour la transition vers la technologie des énergies renouvelables, dont elle importe actuellement l'essentiel de la Chine. Le géant asiatique domine actuellement dans de nombreux secteurs, notamment les semi-conducteurs, les minéraux critiques, les batteries et les panneaux solaires.

L'Italie et les autres pays de l'UE doivent agir maintenant « pour ne pas passer de la subordination aux combustibles fossiles russes à une subordination plus sérieuse aux matières premières et aux technologies chinoises », a estimé le ministre italien.

La Serbie pense ouvrir sa mine de lithium en 2028

Ailleurs en Europe, les pays commencent également à vouloir mettre à profit leur sol. De son côté, la Serbie indiquait mi-juin pouvoir exploiter son important gisement de lithium dans les années à venir.

« Si nous tenons toutes nos promesses, la mine pourrait ouvrir en 2028 », a dit Aleksandar Vucic, le président serbe dans le Financial Times, ajoutant que le gisement de Jadar, exploité par Rio Tinto, pourrait produire jusqu'à 58.000 tonnes de lithium par an, « assez pour 17 % de la production de véhicules électriques en Europe, soit environ 1,1 million de voitures ».

Les réserves de lithium de Jadar, dans l'ouest de la Serbie, ont été découvertes en 2004, et seraient parmi les plus importantes du continent. Mais le gouvernement serbe avait mis un terme au projet d'exploitation à l'hiver 2022 après des semaines de manifestations.

En France, le gouvernement avait annoncé en avril des mesures de « simplification » prévoyant notamment de diviser par deux les délais d'instruction de permis de recherches pour des projets en géothermie et d'exploration de ressources minières « critiques ». « Aujourd'hui, la phase d'exploration, c'est-à-dire l'obtention d'un permis exclusif de recherches (...) prend 16 à 18 mois », justifiait le gouvernement qui se propose de gagner plus de 6 mois sur ces délais.

Le Canada bloque une vente de terres rares à la Chine

Ottawa a pour la première fois bloqué une vente de terres rares provenant du Grand Nord canadien à une entreprise basée en Chine, leader du secteur. Le gouvernement fédéral n'exclut pas d'intervenir à nouveau afin de « restreindre les investissements chinois dans le secteur minier canadien », a dit un responsable à l'AFP sous couvert d'anonymat, n'étant pas autorisé à s'exprimer publiquement sur le sujet.

A la suite de la faillite de sa branche canadienne, la société australienne Vital Metals prévoyait de vendre ses réserves de minéraux à l'entreprise chinoise Shenghe Resources, faute de pouvoir les traiter. Mais Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles, « est intervenu pour faciliter la conclusion d'un accord afin que les matériaux puissent rester au Canada », a précisé la même source. Les matériaux extraits de la mine de Nechalacho, dans les Territoires du Nord-Ouest, ont en conséquence été vendus pour trois millions de dollars canadiens (2 millions d'euros) au Saskatchewan Research Council, qui construit des usines de transformation. Ottawa considère que les métaux rares relèvent de la sécurité nationale et ils constituent un élément déterminant de sa stratégie de décarbonation.

(Avec AFP)