La conversion à la biomasse traîne, la centrale de Saint-Avold fonctionnera au charbon cet hiver

La centrale thermique de Saint-Avold, en Moselle, l'une des deux dernières encore en fonctionnement en France métropolitaine, tournera de nouveau au charbon l'hiver prochain. Sa conversion à la biomasse patine.
La centrale à charbon de Saint-Avold devait fermer en 2022. (Photo d'illutration / Cordemais )
La centrale à charbon de Saint-Avold devait fermer en 2022. (Photo d'illutration / Cordemais ) (Crédits : S. Salom Gomis/SIPA)

La centrale de Saint-Avold (Moselle) fonctionnera de nouveau au charbon l'hiver prochain, ont indiqué ce jeudi les dirigeants de GazelEnergie, son propriétaire, filiale du groupe EPH de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. Véritable serpent de mer, la sortie du charbon en France était initialement prévue pour 2022 avant d'être repoussée à 2027 par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, en septembre dernier.

Ce dernier avait annoncé la conversion à la biomasse des deux dernières centrales à charbon de France : Saint-Avold et Cordemais (Loire-Atlantique). Ce jeudi 18 juillet, les dirigeants de GazelEnergie ont précisé que l'usage du charbon dans les unités de la centrale mosellane était dû à l'attente du positionnement de l'Etat sur une solution de conversion à la biomasse ou au gaz.

Inquiétude des salariés

Preuve de la complexité d'un dossier maintes fois repoussé, l'usine de Saint-Avold grosse émettrice de CO2, devait fermer en mars 2022. Mais la hausse du prix de l'énergie en raison de la guerre en Ukraine et des déboires du parc nucléaire ont eu raison de sa fermeture. Depuis, la centrale ne tourne qu'une vingtaine de jours par an, assurant un rôle de sécurisation de l'approvisionnement en hiver, notamment lors des pics de consommation. « La règlementation actuelle nous empêche de tourner plus de 700 heures par an, mais l'année dernière on a tourné un peu moins de 200 heures », a précisé à l'AFP lors d'une conférence de presse Camille Jaffrelo, directrice de la communication de GazelEnergie.

« On va faire la saison prochaine, d'ailleurs on a prolongé les contrats de travail de nos collaborateurs qui sont pour la moitié d'entre eux en CDD, jusqu'à fin avril 2025 ».

Si Emmanuel Macron avait annoncé une conversion à la biomasse en septembre dernier, la direction explique avoir « souffert ces dernières années d'un manque de continuité politique d'un ministre à l'autre et on a aujourd'hui besoin d'une vision extrêmement claire sur l'avenir du site ».

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Ce n'est pas la situation politique actuelle et l'incertitude autour d'un futur gouvernement qui rassurent les 120 salariés et 150 sous-traitants sur place, « en attente d'un certain nombre de positionnements » précise Mme Jaffrelo. Ces salariés s'étaient mis en grève début juin, après la dissolution de l'Assemblée nationale, demandant un cap clair à Bercy.

3 projets pour la suite

Pour la suite, trois projets sont encore sur la table, mais un seul de conversion à la biomasse. Ce dernier prévoit une capacité de 550 MegaWatts et un investissement d'environ 100 millions d'euros. Le deuxième projet consisterait en la construction d'une nouvelle centrale au gaz, un investissement beaucoup plus lourd estimé entre 0,5 et 1,2 milliard d'euros, pour une capacité de 900 MW. Enfin, le dernier prévoit une conversion au gaz des installations existantes, un investissement de 110 millions d'euros pour une capacité de 540 MW.

Mais le projet qui suscite le plus d'enthousiasme chez le propriétaire de GazelEnergie, c'est celui que le groupe porte lui-même : un projet de production d'hydrogène sur le site, qui devrait être mis en service en 2027. Pour voir le jour, il nécessitera un investissement de 780 millions d'euros et générera 200 emplois directs et une production de 56.000 tonnes d'hydrogène par an à l'horizon 2030. L'hydrogène produit devrait facilement trouver des débouchés avec l'aciériste allemand Saarstahl Hoolding Saar (SHS), situé à quelques dizaines de kilomètres, de l'autre côté de la frontière. Cette conversion permettrait d'économiser jusqu'à 448.000 tonnes d'émissions de CO2 par an, selon GazelEnergie.

Sortie du charbon délicate aussi à Cordemais

La centrale de Cordemais (Loire-Atlantique) connait les mêmes difficultés à définir un cap pour sa conversion. Après l'échec du projet Ecocombust 1 en 2019, le projet Ecocombust 2, porté par les syndicats comporte la création d'une usine de pellets de bois, par l'entreprise Paprec, et qui permettra de fournir la centrale en biomasse. S'il a obtenu l'aval de la Région et de l'Etat, c'est EDF, l'opérateur de la centrale qui semble réticent. Une décision était attendue avant l'été, mais le contexte politique a retardé le projet. En avril dernier, les salariés, élus et syndicats s'étaient réunis devant la centrale. « Ils doivent arrêter de jouer avec nos nerfs. Il faut une décision rapide », s'était exclamée Sophie Binet, la leader de la CGT.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 19/07/2024 à 7:49
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En fait Kretinski, qui a fait sa fortune dans le rachat recyclage des centrales au charbon partout en Europe, attend de savoir quel sera le montant de la subvention étatique la plus favorable. Le milliard d'euros est l'unité de mesure. Ça tombe bien,...

à écrit le 18/07/2024 à 20:22
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Bof ca fait qu une centrale " Allemande " au charbon en plus

à écrit le 18/07/2024 à 18:49
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"un projet de production d'hydrogène sur le site" avec le courant produit par la centrale à charbon ? :-) "conversion à la biomasse" c'est quoi, la biomasse ? Des arbres [de déforestation amazonienne ?] venus du Brésil par bateau ? A force de vouloi...

à écrit le 18/07/2024 à 18:21
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Où sont les écolos? pas de manifestation devant cette idiotie de fermer Fessenheim et de relancer le charbon. Cela serait un vrai objectif de fermer Saint Avold. La biomasse mettra toujours du carbone dans l'atmosphère. Allez écolos non gauchiste (il...

à écrit le 18/07/2024 à 17:20
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"La conversion à la biomasse traîne, la centrale de Saint-Avold fonctionnera au charbon cet hiver" De préférence chinois ou indien au regard du patriotisme euromondialiste du cartel de Bruxelles et de ses acolytes de l'est dont la Pologne (cf. ...

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