Le gouvernement va enfin expérimenter le retour de la consigne du verre en grandes surfaces. Cette phase de test concernera quatre régions de l'ouest et du nord de la France, à savoir les Pays de la Loire, la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France.
« Dès mai 2025, 16 millions de Français pourront acheter des produits de grande consommation dans des emballages réemployables », souligne dans un communiqué ce jeudi Citeo, éco-organisme financé par les producteurs d'emballages et chargé de soutenir financièrement les collectivités territoriales à organiser la collecte dans le bac jaune sur l'ensemble de la France.
Ces régions ont été choisies en raison de leurs « performances de tri largement supérieures à la moyenne », explique Citeo. Ainsi, « les citoyens des quatre régions concernées sont parmi les plus à même de développer de nouveaux écogestes (achat en magasin, stockage à part des emballages destinés au bac de tri, geste de retour en magasin) », estime-t-il.
D'après ces chiffres de 2022, la moyenne nationale est de 72 kg d'emballages et de papiers triés par an et par habitant. Un niveau légèrement supérieur en Normandie et dans les Hauts-de-France (78 kg/an/hab) quand il grimpe à 98 kg dans les Pays de la Loire et même 106 kg en Bretagne. Les mauvaises élèves en la matière (hors outre-mer) sont Provence-Alpes-Côte d'Azur (57 kg) et l'Île-de-France (45,5 kg).
Production, collecte, lavage
La mise en production des versions réemployables des contenants est prévue à partir d'octobre 2024, selon Citeo. L'éco-organisme a créé différents modèles d'emballages standardisés comme par exemple deux bouteilles en verre d'un litre, l'une avec un goulot large et l'autre étroit, des bouteilles de couleur ambrée en petit et grand format (33cl et 75cl) ou encore des pots de 450ml et 720ml.
En parallèle, des dispositifs de collecte seront déployés dans les magasins à partir de mars 2025 afin que le processus soit opérationnel pour le mois de mai. Reste néanmoins à définir le montant de la consigne qui sera reversé pour inciter les consommateurs à rapporter leurs contenants. Il doit encore être fixé par un arrêté de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), selon le gouvernement.
Citeo et le gouvernement visent d'atteindre 30 millions d'emballages réemployables en circulation. Ceux ramenés vides par les consommateurs seront nettoyés dans la laverie Bout' à Bout', située à Carquefou près de Nantes (Loire-Atlantique). Dans cette usine, inaugurée à l'automne 2023, se trouve une gigantesque lessiveuse de dix mètres sur trois qui pourra à terme nettoyer 60 millions de contenants par an. Les bouteilles et pots seront lavés puis séchés avant de passer sous l'œil de petites caméras capables de détecter traces d'étiquettes récalcitrantes et fines éraflures.
Des gains environnementaux avérés
Plus que la consigne, c'est le réemploi du verre qui est déjà en place un peu partout en France mais de façon marginale. Ici, pas de surcoût à l'achat du contenant. L'offre de réemploi est « aujourd'hui majoritairement portée par des acteurs locaux et/ou vendue dans des enseignes de distribution sélective et ne concerne que quelques catégories de produits. Le manque d'offre est d'ailleurs un frein à la consommation responsable d'après 61% des Français », souligne Citeo. D'où l'importance de cette expérimentation XXL avec une démarche simplifiée par le grand nombre de points de collecte.
Actuellement, là où le réemploi est déjà en action, les contenants sont réutilisés une vingtaine de fois et jusqu'à 50 au maximum. Et génèrent 85% d'émissions de gaz à effet de serre en moins que leur équivalent à usage unique, selon l'ONG Zero Waste. D'après l'association Écoscience Provence, la consigne pour le réemploi du verre permet en outre une économie d'eau de 51% par rapport au recyclage et une économie d'énergie de 76%.
Une démarche accélérée par le contexte économique
Des gains environnementaux connus de longue date, mais c'est surtout le contexte économique actuel qui a donné un coup d'accélérateur à la mise en place de l'expérimentation. Cette initiative « part d'un constat : la hausse des prix du verre l'année dernière lors de la crise énergétique », a indiqué le gouvernement lors d'un point presse mercredi soir. Laver et réutiliser étant beaucoup moins énergivore que la production de nouvelles bouteilles, les acteurs de l'agroalimentaire espèrent donc également reconstituer en partie leurs marges avec le déploiement de la consigne.
Le gouvernement et Citeo espèrent à terme une « généralisation » de ce dispositif à l'échelle nationale, sans préciser de date. Il y a en tout cas du pain sur la planche. En France, le réemploi des emballages ménagers reste « très inférieur à 1% », selon des chiffres donnés par le ministère de la Transition écologique en juin l'année dernière. Et son objectif est de parvenir à 10% d'emballages réemployés en 2027.
(Avec AFP)
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