Japon : plus de 400 multinationales exhortent le gouvernement à tripler ses énergies renouvelables d'ici 2035

Un collectif réunissant plus de 430 multinationales, dont 87 groupes nippons comme Sony, Panasonic et Rakuten, ont appelé ce mardi le Japon à tripler ses capacités d'énergies renouvelables installées d'ici à 2035. Une façon de mettre la pression sur le gouvernement, d'autant plus que ce dernier doit bientôt réviser ses objectifs énergétiques.
Le Japon est, avec les États-Unis, le pays du G7 ayant la plus faible part d'énergies renouvelables dans sa production d'électricité (quelque 22% en 2022) selon l'Agence internationale de l'énergie (photo d'illustration).
Le Japon est, avec les États-Unis, le pays du G7 ayant la plus faible part d'énergies renouvelables dans sa production d'électricité (quelque 22% en 2022) selon l'Agence internationale de l'énergie (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Montrer l'exemple : c'est en substance ce que réclame un collectif réunissant plus de 430 multinationales au gouvernement japonais. Dans un communiqué publié ce mardi, il l'exhorte à tripler ses capacités d'énergies renouvelables installées d'ici à 2035.

« En augmentant ses capacités dans les renouvelables, le Japon peut significativement améliorer sa sécurité énergétique, préserver sa compétitivité internationale » et stimuler l'investissement privé dans davantage de projets d'énergies alternatives sur son territoire, plaident-ils.

Parmi les signataires, 87 groupes nippons dont Sony, Panasonic ou encore Rakuten. Tous sont membres de l'initiative RE100, lancée il y a dix ans par l'ONG The Climate Group, et via laquelle ils s'engagent eux-mêmes à consommer une énergie issue des renouvelables. D'où l'importance de mobiliser les États.

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Cette requête envers le gouvernement japonais intervient d'ailleurs quelques mois avant que celui-ci ne publie son septième plan stratégique concernant l'énergie, révisé tous les trois ans. Une façon de lui mettre la pression. Pour rappel, dans son précédent plan publié en 2021, l'exécutif visait la neutralité carbone à l'horizon 2050 et prévoyait une part de 36-38% d'énergies renouvelables dans sa production d'électricité à l'horizon 2030-2031.

Le collectif émet plusieurs recommandations à destination du gouvernement nippon pour parvenir au triplement de ses énergies renouvelables. Comme instaurer des politiques améliorant la rentabilité et la tarification de l'électricité provenant de sources renouvelables. RE100 appelle aussi à augmenter massivement les investissements publics dans le secteur ou encore à rendre le mécanisme national de certificats d'électricité verte plus transparent et davantage compatible avec des normes internationales.

Des progrès à faire au Japon...

Il faut dire que le Japon est loin d'être précurseur en matière d'énergies renouvelables. Avec les États-Unis, il apparaît comme le pays du G7 ayant la plus faible part d'énergies renouvelables dans sa production d'électricité (quelque 22% en 2022), selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Il s'affiche pourtant volontaire. Lors de la COP28 à Dubaï fin 2023, il a signé, avec une centaine de pays, un engagement non-contraignant visant à tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables d'ici à 2030 par rapport à 2022. Ce qui signifie toutefois que la contribution de chaque pays peut être inférieure ou supérieure à cet objectif global.

Aujourd'hui, le Japon s'appuie massivement sur les énergies fossiles qu'il importe. C'est notamment l'un des plus gros consommateurs de pétrole et de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le monde.

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La péninsule nippone compte aussi de nombreuses centrales à charbon, que le gouvernement ne compte pas fermer. Pour autant, il souhaite adapter les plus récentes pour qu'elles puissent utiliser comme combustible de l'ammoniac, un gaz n'émettant pas de CO2. Il espère appliquer ultérieurement le même principe pour ses centrales à gaz, avec de l'hydrogène cette fois-ci. Mais ces technologies sont encore en phase de test et leur viabilité, environnementale comme économique, est loin d'être certaine. Si bien que beaucoup d'experts pensent que cette stratégie risque de prolonger la dépendance du Japon aux énergies fossiles et de détourner des investissements considérables au détriment des énergies renouvelables.

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... et partout dans le monde

Or, comme l'a rappelé l'AIE début juin, « l'objectif de triplement [des énergies renouvelables] est ambitieux, mais réalisable - à la condition que les gouvernements transforment les promesses en plans d'action », selon son directeur, Fatih Birol. En 2023, quelque 507 gigawatts (GW) ont été mis en service, soit 50% de plus que l'année précédente, selon le rapport Renouvelables 2023 publié en janvier par l'organisme international. Un rythme pas suffisant néanmoins pour atteindre l'objectif fixé. Même constat dressé par l'AIE après analyse des politiques environnementales de 150 pays, qui devraient conduire à avoir près de 8.000 GW de capacités dans le monde à l'échéance 2030 (éolien, solaire, hydroélectricité...), contre 11.000 GW nécessaires pour atteindre le triplement.

Fatih Birol s'affiche toutefois optimiste pour l'avenir. « Les gouvernements ont les moyens d'accélérer dans les mois qui viennent », a-t-il assuré au début du mois. Certains l'ont d'ailleurs déjà fait, à l'image de l'Australie qui a annoncé en avril le lancement de son « plan climat », qui doit être adopté cette année. Baptisé « Future Made in Australia Act », il a notamment pour ambition de stimuler les investissements dans les ressources énergétiques renouvelables du pays. Avant elle, les États-Unis ont aussi lancé leur propre plan - le fameux « Inflation Reduction Act » - tout comme l'Union européenne, le Canada ou encore la Chine.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 25/06/2024 à 10:43
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"Montrer l'exemple" Pitoyables multinationales qui demandent encore et toujours à l’argent public de faire le taf à leurs places. qu'ils se taisent ça fera ça de GES en moins au moins. Qu'ils prennent le fric dans leurs paradis fiscaux qui en dégueul...

le 25/06/2024 à 12:58
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Elle sont bien obligées, il n'existe aucun pays où l'éolien se développe sans de généreuses subventions.

le 26/06/2024 à 8:39
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Normal il n'existe aucun pays occidental qui ne osit pas pris en otage par des lobbys énergétiques. Votre tas de ruines les gars, votre tas de ruines.

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